Le débrief: Saison des malheurs, saison des récriminations

Le débrief: Saison des malheurs, saison des récriminations

Le débrief: Saison des malheurs, saison des récriminations

Jeudi matin, il faisait encore nuit pour plusieurs personnes à Abidjan. Un noir total dont leurs familles respectives vivent encore le deuil. En effet, au moins 12 personnes sont mortes du fait de la très grosse pluie qui s’est abattue sur la ville, toute la nuit de mercredi à jeudi.

La pluie a provoqué des glissements de terrain qui ont raccourci la vie de ces personnes. De façon atroce. La plupart des victimes viennent d’Attécoubé, précisément de Mossikro. Un quartier qui mérite plus que son qualificatif de précaire.

Les maisons se sont écroulées comme des châteaux de cartes. Déjà le 5 juin, dès la première grosse pluie sur la capitale économique ivoirienne, le bilan était très lourd dans ce quartier: pas moins de cinq personnes avaient péri dans les mêmes conditions.

Outre les dégâts humains, les destructions matérielles sont très importantes, selon les rapports des secours. D’ailleurs, les images parlent d’elles-mêmes. On peut notamment y voir des véhicules totalement immergés, des maisons noyées…

Des familles qui trouvent refuge sur le toit. Par endroit, l’épreuve est infernale. Comme ce fut le cas pour cette famille du Plateau-Dokui dont les pompiers nous ont conté l’histoire, début juin. Elle est restée des heures et des heures perchée sur le toit de la maison, attendant que l’eau redescende pour remettre pied à terre. Malheureusement, l’eau prenait tout son temps. La faim et la fatigue commençaient à gagner parents et enfants. Les sapeurs-pompiers militaires ont donc été sollicités pour délivrer les « otages ».

Face à tant de malheurs, les récriminations n’en finissent pas. Les uns accusent le gouvernement et les autorités décentralisées pour au moins deux choses: le manque d’infrastructures d’évacuation de l’eau de pluie et le manque d’actions face aux zones à risques. Des images de petits débrouillards qui rançonnent des habitants des zones inondées cherchant des lopins de route sèche pour faire leurs courses amènent certains à dire que « les ponts à péages naissent dans les quartiers ».

Pour les autres, le gouvernement aura tout fait pour éviter ces catastrophes qui ne sont pas les toutes premières dans le pays. Non seulement, des plans ont été mis en place, mais il a été clairement identifié des zones à évacuer avant la saison des pluies. On se souvient que le célèbre bidonville Washington a été rasé, il y a quelques mois. Et quelques semaines avant les premières grosses averses, ce qu’il en restait a été aussi déguerpi. Cette seconde opération a notamment touché des artisans et autres vendeurs de meubles dont on sait que certains dormaient sur place.

Selon des observateurs, le problème se situe à deux niveaux. Premièrement, l’État ou l’autorité locale qui se retrouve constamment contrarié par les occupants des zones à risques. Chaque fois qu’ils sont déguerpis, ils reviennent s’installer. Ils ont certainement leurs raisons…Deuxièmement, la ville d’Abidjan est confrontée à un phénomène naturel qui touche aussi bien les pays développés, notamment ceux qu’on appelle les grandes puissances (France, Etats-Unis, Japon…) que des pays émergents (Indes, Thaïlande…) Quelle que soit leur volonté, les pays les moins développés n’auront donc jamais suffisamment de moyens ni d’actions pour anéantir un tel phénomène.

La solution, pense-t-on, serait que chaque habitant soit convaincu d’une chose: en même temps qu’on appelle le gouvernement à agir, agissons nous-mêmes de façon à éviter le pire…quand le mal est trop fort.

Bonne semaine à toutes et à tous !


Barthélemy KOUAME
barthelemy.kouame@fratmat.info