Gestion des ordures ménagères: Des bouteilles et emballages divers usagés se retrouvent sur les marchés

 Des bouteilles et emballages divers  usagés se retrouvent sur les marchés
Des bouteilles et emballages divers usagés se retrouvent sur les marchés
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Gestion des ordures ménagères: Des bouteilles et emballages divers usagés se retrouvent sur les marchés

Gestion des ordures ménagères : Des bouteilles et emballages divers  usagésse retrouvent sur les marchés 

 Kolga Moussa est un jeune revendeur de bouteilles et d’emballages divers. Muni d’un gros sac en bandoulière, il dit parcourir chaque matin certains quartiers de la commune d’Abobo pour se procurer sa marchandise. Il récupère ces objets rejetés  dans de petits bacs à ordures qui servent de pré collectes disposés le long des principales artères de la cité.

« Je fouille  les poubelles pour voir si je peux avoir des bouteilles, des canettes en aluminium, des flacons de médicaments, des emballages en caoutchouc. Lorsque le sac est rempli, je vais revendre ces objets de récupération au grand marché d’Abobo», explique le jeune homme.

Tout comme lui, plusieurs personnes s’adonnent à cette activité dans le District autonome d’Abidjan. Au point que les bouteilles et autres emballages perdus  censés être recyclés ou jetés dans les décharges d’Akouédo se retrouvent sur les marchés pour être réutilisés.

Cette situation pose la problématique de  la gestion des emballages et l’environnement. Des spécialistes, estiment que l’usage de ces emballages  pour conserver surtout les aliments pourrait poser des problèmes de santé. Surtout quand on  ne connaît pas exactement la nature des produits qu’ils contenaient initialement.

Certains marchés de la place du District autonome d’Abidjan et même de l’intérieur du pays sont rendus célèbres dans la vente de ces bouteilles. Dans la commune d’Abobo, Awa Camara s’est spécialisée dans la commercialisation des emballages perdus depuis une décennie.

Chaque matin sur son étal,sont disposés en vrac, des centaines d’emballages de plusieurs couleurs et de différentes capacités. Quelques étiquettes encore lisibles sur certaines bouteilles montrent que ces emballages sont d’origines diverses (européenne, africaine, asiatique et ivoirienne).

«  J’achète ces bouteilles avec des gens qui vont les ramassés à la décharge d’Akouédo pour les revendre. Cela constitue la grande partie de mes marchandises. Le reste, une petite quantité,  est livré par d’autres personnes lorsqu’elles ressentent le besoin de vouloir se débarrasser des bouteilles qu’elles trouvent  encombrantes dans leurs maisons », a dit la commerçante. 

Elle a également ajouté que lorsque ces bouteilles sont achetées elle prend soins de les laver « proprement l’intérieur » avant de les mettre sur le marché. Vu l’importante   quantité de la marchandise cette tâche parait impossible. En réalité,  les  revendeurs aspergent leurs articles sur les étals pour  nettoyer la poussière ou  la boue.

« Les emballages en aluminium sont revendus dans les forges où ils sont fondus. Ces matériaux recyclés constituent  la matière première pour fabriquer les ustensiles de cuisine : marmites, fourneaux, cuillères,  assiettes, écumoires… ». Révèle un autre revendeur.

Parfois, les camions de ramassage et les collecteurs d’objets rejetés  « luttent  » ces ordures dans les grands centres de pré collecte  disposées dans les bacs. En effet, pendant que les engins chargent les camions, c’est le moment idéal pour les revendeurs de découvrir ce qu’ils cherchent  et tentent de le récupérer. 

Les produits initiaux sont tout aussi variés : produits alimentaires (eau minérale, lait, boisson alcoolisée ou non alcoolisée, huile de cuisine...)  produits phytosanitaires (herbicides, insecticides, engrais...)  produits pétroliers (gasoil, essence, ...), huile de moteurs pour les engins et machines, produits cosmétiques, aliments pour bétail, des produits pharmaceutiques (flacons de médicaments surtout, alcool....)

En réalité la vente même de ces récipients ne constitue pas un réel danger en tant que tel. Mais,  c’est l’usage dont sont  faits ces bouteilles et autres emballages achetés sur les marchés qui inquiète.  A titre d’exemple, celui qui achète une bouteille contenant initialement de l’eau minérale court moins le risque majeur lorsque ce bidon est réutilisé pour conserver de l’eau à la maison.

Par contre,  des risques  d’intoxication alimentaires pourraient subvenir quand on  utilise des  emballages de produits chimiques dont la nature est souvent méconnue pour conserver des aliments. Malheureusement, cette pratique est fréquente dans les ménages, surtout que certains  commerçants et acheteurs ne savent pas lire.

Au moment où nous échangions avec cette vendeuse une de ses clientes arrivent pour acheter des emballages. Après avoir trié le grand tas de marchandise,  elle finit par choisir une vingtaine d’emballages dont les volumes varient entre 0,5 et 2 litres. « Je vends du jus d’orange, du gnamankou, du bissap, du déguê. Mes clients les préfèrent quand je les mets en bouteilles. C’est pourquoi je suis venue acheter ces emballages, » se justifie cette commerçante.

Dans leur politique de rapprocher les consommateurs des produits, certains commerçants détaillants innovent dans les techniques de vente. Des jeunes utilisent des pousse-pousse ou brouettes chargées de bidons d’huile pour aborder la clientèle à la criée. Ces emballages usagés ont un volume qui varie entre 1 et  4 litres pour la plupart. On a pu vérifier que ces récipients avaient au départ été utilisés pour des produits pétroliers et phytosanitaires.

Par ailleurs,  non loin du grand rond-point face à la mairie d’Abobo, au bord de l’autoroute des commerçants vendent des grands fûts : ce sont des barils en métal ou en plastique d’importante capacité, réutilisés à divers usages,  notamment pour la conservation et le réservoir d’eau dans les ménages pour faire face aux coupures.

Aujourd’hui, avec l’apparition des supermarchés, la question de l’emballage sur notre environnement se pose avec acuité. En effet, pour Dr  Serge Kouao, spécialiste en hygiène et santé publique,  l’élimination des emballages perdus pose des problèmes pour l’environnement.

C’est pourquoi, il conseille le recyclage de tous ces emballages avant une éventuelle réutilisation.  « Une fois son rôle rempli, l'emballage est jeté avec les ordures ménagères. Dans les pays occidentaux, celles-ci représentent de 4 à 5%  de l'ensemble des déchets. L'élimination des emballages pose des problèmes pour l'environnement. L'Union européenne a ainsi établi une législation qui tente de réduire la place des emballages usagés et de promouvoir le recyclage des matériaux. Les emballages usagés peuvent être collectés et recyclés sous forme de bouteilles, de papiers ou de boîtes de conserve. Dans un système en cycle fermé, ils peuvent être lavés et réutilisés »,  propose- t-il.

Même si la Côte d’Ivoire n’a pas encore atteint le niveau de cette technique de recyclage, les autorités compétentes peuvent prendre des dispositions pour interdire réapparition des déchets

D’Akouédo sur nos marchés.

En définitive, la gestion des ordures ménagères n’a pas encore trouvé une solution efficace et durable. Cette situation pose d’énormes problèmes et enlaidit le paysage urbain surtout dans le District autonome d’Abidjan. Etant donné que ce rejeté revient à la maison, parfois sous une autre forme.

ALFRED KOUAME

CORRESPONDANT