Sipilou: Yorodougou coupé de l’arrière-pays

Sipilou: Yorodougou coupé de l’arrière-pays

Les fortes pluies qui, en ce mois de septembre, s’abattent sur la région du Tonkpi, ont causé de sérieux dégâts sur le pont construit sur la rivière «Kouèh» qui sépare la sous-préfecture de Yorodougou du chef-lieu du département de Sipilou.

En effet, dans la nuit du 6 au 7 septembre, ce pont a cédé sous la pression de l’eau. Rendant très difficile le trafic sur le tronçon Biankouma-Sipilou, distant de 70 km.

Depuis plus d’une semaine, plusieurs véhicules de transport en commun, de remorques chargées de marchandises en provenance de la République de Guinée ou du port de San Pedro (Côte d’Ivoire) attendent sur les bords des deux rives. Cette situation a créé un intense trafic.

Le malheur des uns fait le bonheur des autres

On y trouve des commerçantes de fruits (oranges, bananes…), de jus, d’eau glacée, de pain…pour toutes les bourses. De jeunes gens,  désireux d’offrir leurs services, ont dressé des ponts pour piétons, en vue de favoriser la traversée de la rivière. Moyennant finances.

Des porteurs circonstanciels y ont vu le jour. D’autres jeunes sont  chargés de faire traverser les motos ou simplement d’aider les usagers à franchir la rive opposée.Les chauffeurs de motos taxis, eux, se frottent les mains. Pour se rendre à Sipilou distant de 30 km de Yorodougou, l’usager doit débourser 2000 ou 2500 F Cfa.

Les motos sont devenues les moyens privilégiés de déplacement. Du paysan aux fonctionnaires en passant par les chefs de service. Tout le monde se déplace à moto. «Je ne peux pas utiliser mon véhicule de service. Depuis trois jours, il est stationné sur la rive gauche. Je dois traverser la rivière à pied. Puis chercher un autre moyen de locomotion. A Sipilou, les conditions de vie deviennent difficiles, surtout pendant  la saison des pluies. C’est dur ! Mais,  il  faut faire avec», fait observer Hua Zouzou Konan Jules, directeur départemental de l’Agriculture à Sipilou.

Le piéton désireux de traverser la rivière doit   débourser   100 F Cfa.  Les frais de la moto   s’élèvent à 1500 F Cfa. Pour les  cartons ou  bidons d’huile transportés sur la tête, les frais varient de 200 à 300 F Cfa. Parmi  ces jeunes opérateurs économiques d’un jour, de nombreux élèves. «Après trois jours d’activité, j’ai pu  avoir un peu  d’argent. Cela me permettra d’acheter mes fournitures scolaires et une paire de  chaussures pour la pratique du sport à l’école», révèle Tiémoko Séba Serges, élève de 3e rencontré à Yorodougou, au bord de la rivière «Kouèh».

Il aide les piétons à traverser la rivière. Doumbia, 25 ans, est chauffeur de taxi-moto. Chaque jour, il effectue en moyenne dix voyages entre Yorodougou et Sipilou. Ce qui lui rapporte beaucoup, même s’il ne précise pas sa recette journalière.

Honoré Droh
Correspondant régional


Les travaux de réfection en cours

Depuis le 11 septembre, l’Ageroute est à l’œuvre sur le terrain, en vue de réhabiliter le pont endommagé.  Les travaux vont bon train. Un camion «Benne» chargé de la terre latéritique va et vient sans cesse sur le bord de la rivière « Kouèh ». Une pelleteuse creuse le lit de la rivière. Dans le creux y sont posées trois géantes buses métalliques.

Cela dit, la population de Yorodougou est très anxieuse et redoute une autre catastrophe durant  les prochains jours, eu égard à la rapidité de l’exécution des  travaux et la qualité du matériel utilisé.

H.Droh