Lutte contre la mineuse de la tomate: Un système est en expérimentation à la station du Cnra de Bouaké

Lutte contre la mineuse de la tomate: Un système est en expérimentation à la station du Cnra de Bouaké

En effet, la mineuse de la tomate a détruit, en 2016, 80 à 100% des champs de la tomate des producteurs de Djébonoua. Les chercheurs du Centre national de recherche agronomique (Cnra) qui avaient formellement identifié ce ravageur en 2013 dès son apparition en Côte d’ivoire, ont alerté les plus hautes autorités qui n’ont pas hésité à faire une communication en Conseil des ministres.

Selon les chercheurs du Cnra, ce ravageur est en pleine expansion dans le département de Bouaké. « C’est un insecte qui attaque la tomate depuis la pépinière. Si votre pépinière est attaquée cela signifie que vous ne pouvez pas repiquer. Même si vous franchissez cette étape, la mineuse de la tomate est capable d’attaquer les plants et même les fruits. Avec une telle destruction, elle réduit pratiquement à néant votre production », a prévenu, Dr Lassina Fondio, coordonnateur  du projet HortiNet-Ci (Production des cultures légumineuses par la toile), par ailleurs, directeur régional du Cnra de Korhogo.

Comment donc lutter durablement contre ce redoutable ravageur de la tomate ? Dr Lassina Fondio, a affirmé que le projet HortiNet-Ci a été mis en place en 2016 à l’issue d’un appel à projets soutenu par l’Ird (Institut de recherche et de développement) et l’Afd (Agence française de développement) dans le cadre du C2D (Contrat de désendettement et de développement). « Il s’agit de mener une lutte durable contre le Tuta absoluta en utilisant les toiles et moins de pesticides ce qui permet au producteur de mettre à la disposition du client un produit sain », a-t-il expliqué.

A cet effet, une exploitation expérimentale est faite sur la station du Cnra de Bouaké. Il a été donné de voir sur place l’utilisation de différents types de toiles, un peu comme la moustiquaire imprégnée qui permet à l’homme de se protéger contre les piqûres des moustiques, pour ainsi empêcher physiquement l’insecte d’atteindre les plantes. « Ajouté à ce dispositif, il y a l’utilisation des produits bio autres que les pesticides pour protéger aussi bien les plantes que le sol », a-t-il dit. En tout cas, lors de la visite guidée sur la station du Cnra, les résultats sont éloquents.

Pour Martin Thibaud, entomologiste au Centre international de recherche et de documentation (Cird) c’est un système complexe qui appelle une équipe pluridisciplinaire d’entomologistes, phytopathologistes, agronomes, sélectionneurs, socio-économistes et même l’agriculteur où chacun apporte ses connaissances. « Nous sommes à la première année d’expérimentation. Les autres années vont nous permettre d’améliorer le système et le partager aux producteurs afin qu’ils puissent protéger leurs productions de ces insectes ravageurs », a-t-il rassuré.

Tout en prévenant que compte tenu du coût élevé d’un tel système, les agriculteurs qui ont généralement des revenus modestes ne pourront l’appliquer que sur de petites surfaces cultivables. « C’est un projet qui durera trois ans avant sa vulgarisation auprès des paysans », a-t-il prévenu.

CHARLES KAZONY
CORRESPONDANT REGIONAL