Danané : Des femmes ex réfugiées découvrent l'autonomie grâce au HCR et à la culture du manioc

Danané : Des femmes ex réfugiées découvrent l'autonomie grâce au HCR et à la culture du manioc

Danané : Des femmes ex réfugiées découvrent l'autonomie grâce au HCR et à la culture du manioc

Quatre ans après leur retour au bercail, une trentaine de femmes, anciennes réfugiées ivoiriennes au Libéria et en Guinée commencent à se reconstruire grâce au soutien du HCR qui leur a permis de se procurer de la nourriture et de gagner leur vie en reprenant leurs activités agricoles.

Dans le village de Kpakiepleu, à 5 Km de Danané, 25 femmes s’activent dans la bonne humeur. Au milieu de tiges de manioc et feuillages jaunis par la longue période de saison sèche, sous une chaleur torride, ces femmes de tous les âges, arrachent, machettes à la main, les mauvaises herbes avec frénésie et chants. L’une d’elle, d'une envergure imposante, dirige le groupe. C'est dame Anicette Gokpo la présidente des femmes de fonction libérales, victimes de guerre du département de Danané. Dans ce champ de manioc étendu sur 2 hectares, elle cache difficilement sa satisfaction. « Nous avons cultivé tout ce champ grâce au soutien que le HCR nous a apporté en 2014 avec un financement de plus de 4 millions. Nous avons commencé au départ par de petits lopins de terre pour atteindre aujourd’hui les deux hectares que vous voyez grâce au chef du village», se réjouit-elle. Avant d'ajouter ceci : « Nous cultivons le manioc, le transformons et le commercialisons. Cela commence par l’enracinement de la bouture, suivi de la récolte, du processus de transformation, et enfin la commercialisation sur le marché local et au Libéria voisin notre ancien pays d'accueil. »

Selon elle, le bénéfice de leur activité est partagé équitablement pour permettre aux membres de se prendre en charge. « Chaque membre reçoit 200 mille par an. Ce n’est pas énorme mais cela nous permet quand même de faire de petites économies. Des membres ont même pu entamer la construction de petits logements », ajoute Anicette Gokpo.

A l'atelier de transformation du manioc à Danané en Atieke qui est vendu au marché local et même au Libéria voisin.

Dame Sinzé, membre de la coopérative nous explique la procédure de fabrication de ce mets prisé en Côte d'Ivoire : « Après avoir été épluchés, lavés et coupés en quartiers, les tubercules de manioc sont broyés dans un moulin pour en extraire une pulpe. Cette pulpe est ensuite pressée pour en retirer l’eau, (...) puis asséchée dans de grandes poêles sur le feu pour en sortir l'Attiéké." Elle indique que la culture du manioc est une activité véritablement intéressante pour les femmes les plus démunies. ''La culture du manioc a donné un sens à la vie de beaucoup de femmes retournées après la crise. Ainsi, les veuves du village, qui n’avaient rien à faire, trouvent désormais une activité pour s’épanouir et qui leur permet de subvenir à leurs besoins'', fait savoir pour sa part Kamamblet Sylvie, une des 25 femmes de l'association.

Pour Annicette Gokpo derrière cette embellie, les femmes sont confrontées en général à deux problèmes majeurs pour accroître leur production : l'accès à la propriété foncière et les difficultés liées au transport des produits vers la ville. ''On nous dit que la femme n’est pas propriétaire terrien. Nous sommes donc encore obligées de dépendre des hommes et on aimerait que ça change. Nous avons donc besoin de l’aide des autorités et du HCR afin de trouver comment conserver nos produits pour longtemps. Et nous avons également besoin de matériel plus développé que nos simples machettes ainsi que des tricycles et broyeurs car cela réduit la production et freine la transformation. Nous voulons une production plus moderne pour pérenniser le projet du HCR, voilà notre cri de cœur'', conclut Annicette Gokpo.

Pour l’administrateur chargé des solutions durables au HCR, Antoine Momenou, ce regroupement s’inscrit dans un contexte de réintégration. Car selon lui, le rapatriement n’est pas seulement une activité logistique qui consiste à prendre le réfugié dans son pays d’asile pour l’amener dans son pays d’origine. Lors de sa visite à Kpakiapleu, il a salué les chefs traditionnels pour leur adhésion qui a rendu possible la réussite du projet sur le terrain. Ce qui a permis d'aider les femmes retournées. Avant de révéler que ce groupement a été appuyé à hauteur de 4 090 000 frs cfa par le HCR.

Le manioc est non seulement utilisé dans l’alimentation, mais également dans les industries (textile, papier, bouillon, colle, etc.).

Il existe en Côte d’Ivoire plus de vingt produits dérivés du manioc (attiéké, pâte de manioc, placali, foutou, toh, farine, amidon, gari, pain, gâteau…). Les deux premiers font l’objet de commerce au niveau national et international.

SAINT-TRA BI