Bondoukou: Plus de 200 tonnes d’huile contrefaite sur le marché

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Bondoukou: Plus de 200 tonnes d’huile contrefaite sur le marché

Bondoukou : Plus de 200 tonnes d’huile contrefaite sur le marché

Reçu, récemment, dans les locaux  d’une structure de l’Etat de Côte d’Ivoire, à Bondoukou, nous avons pu lire sur les tôles : ‘’Made in Ghana’’. De même que des tôles, beaucoup d’autres marchandises (carburant, savon, sucre, etc.) passent la frontière comme une lettre à la poste pour inonder les marchés de la région du Gontougo.

Le cas le plus flagrant et lourd de conséquences est le trafic d’huile qui est pratiquement devenu une activité normale, malgré l’arrêté ministériel du 18 janvier 2007 interdisant la vente de l’huile non fortifiée en vitamine  A. « Sont interdites sur toute l’étendue du territoire de la République de Côte d’Ivoire, la vente, la mise en vente, l’importation, la détention, en vue de la vente, et même la distribution à titre gratuit de l’huile destinée à la consommation humaine et animale qui n’est pas fortifiée en vitamine A», indique son article 4.

A Bondoukou, à tous les  coins de rue, dans les boutiques, au marché, cette huile impropre à la consommation est vendue au vu et au su de tous ; autorités administratives, douanières et militaires. Une situation qui s’apparente à une complicité avec les trafiquants. Conservée dans des bidons de couleur jaune de 20 ou 25 litres, cette huile est vendue en détail  dans des bouteilles et des sachets, selon les bourses ; et ce, après un réchauffage (pour lui donner l’aspect d’une huile de qualité) qui laisse un épais  résidu blanchâtre.

Les vendeurs, à l’image de Ouédraogo Issiaka, rencontré au grand marché, soutiennent s’approvisionner chez des commerçants en provenance du Ghana ou du Togo. Selon eux, c’est  le prix élevé de l’huile d’Abidjan (20 000Fcfa pour le bidon de 20 litres contre 16 500Fcfa pour l’huile contrefaite) qui favorise ce trafic. Sur ces bidons jaunes qui ont envahi le marché, des étiquettes avec diverses marques (Frytol, Deer, Hayat, Tea hua…) qui montrent  bien leur origine (la Malaisie, le Ghana) avec, parfois des indications faisant croire que cette huile répond aux normes recommandées en Côte d’Ivoire : ‘’Fortified with vitamin A‘’ ou ‘’ 100% vegetal oil’’.

Selon le directeur régional du Commerce, Amani Hyacinthe, le trafic de l’huile et du sucre dans cette partie du pays fait perdre à l’Etat près de 500 millions de Fcfa, chaque année. « Avec plus de 200 tonnes d’huile contrefaite déversée sur le marché du Gontougo, ces trafiquants mettent en danger la santé des populations», déplore M. Amani. C’est pourquoi il souhaite une plus grande collaboration entre les services des douanes et les autres structures de l’Etat, pour lutter plus efficacement contre ce phénomène.

Du côté de la douane, on évoque la trop grande porosité de la frontière, l’insuffisance des agents (12 à Bondoukou et 15 à Assuéfry-Transsua) pour près de 400km de frontière, la paupérisation généralisée… pour expliquer, en partie, l’ampleur des trafics.

A en croire M. Ephiliet Dieudonné, chef de la subdivision frontière,  les douaniers font leur travail. « Nous interpellons les populations sur la qualité de l’huile qu’elles consomment et invitons les trafiquants à prendre conscience du fait qu’ils mettent en péril la vie des populations», lance-t-il. A présent, tous les regards sont tournés vers le comité de lutte en  gestation, à l’initiative du préfet de région.

Selon M. Kouakou Kouassi Christophe, secrétaire de la préfecture, les membres de cette structure seront bientôt sur le terrain pour combattre ces trafiquants.

Cela dit, il invite les commerçants à ne pas seulement  rechercher le profit, mais à faire preuve de patriotisme, en se soumettant à la loi. Nos sources indiquent que, de façon ponctuelle, certaine entreprises industrielles appuyées par la police économique, effectuent des missions dans le Gontougo pour freiner l’ardeur des trafiquants. Nul doute que ces actions concertées permettront de mettre fin à ces pratiques néfastes pour la santé des populations et l’économie du pays.                                                                  

 

Marcel Benie

Correspondant régional