Autonomisation de la femme rurale : Que de difficultés à Touba !

La production de l’attiéké dans le Bafing est un véritable casse-tête chinois .
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Autonomisation de la femme rurale : Que de difficultés à Touba !

Une étude réalisée par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (Fao) en 2012 révèle que les activités de production et de commercialisation du vivrier, essentiellement menées par les femmes génèrent 700 milliards de francs Cfa par an. Ce rendement est atteint après mille et une difficultés. La commémoration de la journée internationale de la Femme à Touba a permis à certaines de ces femmes de faire cas des difficultés qu’elles rencontrent dans l’exercice de leurs activités.

Moyens de production encore traditionnels

A l’instar des autres régions de la Côte d’Ivoire, l’agriculture dans la région du Bafing n’est pas mécanisée.

En effet, bien que regroupées en coopératives, les femmes du secteur vivrier n’ont que la machette et la daba pour la mise en valeur des terres.

Ce qui n’est pas aisé pour elles, à en croire Bamba Machima, présidente de l’Ong Djegueya. S’échiner aux travaux champêtres et assurer en même temps les tâches ménagères quotidiennes est une conjugaison difficile à faire.

S’agissant des terres, cette dernière confie que des lopins leurs sont cédés moyennant un sac de 50 kg du produit semé par hectare. En d’autres termes, une femme qui souhaite avoir une surface de 5 ha à cultiver, doit donner en retour cinq sacs de 50 kg de la semence qu’elle compte y cultiver.

A ces difficultés basiques se greffent d’autres préoccupations.

Difficulté d’écouler le produit vivrier

M. Diomandé Brahima, président du conseil d’administration du Groupement économique nouvelle vision (Genov-ci), qui travaille avec les associations de femmes agricoles et commerçantes confirme les difficultés de ces dernières.

Selon lui, si les femmes arrivaient à écouler convenablement leurs productions sur les marchés de la ville, elles auraient moins de problèmes.

Prenant le cas d’une coopérative du Bafing, il a fait observer que celle-ci, pour sa première activité, s’est investie dans la production de légumes.

Mais les pertes post récoltes, du fait des routes impraticables, ont découragé bon nombre d’entre elles qui ont simplement tout abandonné. Il y a également l’exemple des  femmes de Prikro qui ont produit abondamment de maïs mais qu’elles n’ont pu malheureusement écouler.

Pour les femmes qui n’arrivent pas à écouler les produits bord-champs, elles les transportent au village et sont obligées d’attendre le jour de marché pour les écouler aux rares commerçantes qui y accourent. Pour éviter le pourrissement des produits, elles sont parfois obligées de les vendre à vil prix. La caisse de tomates à Diomam, (un village du nord-ouest), à titre d’exmple, selon Diomandé Brahima, natif de la localité,  que les commerçantes achètent à 1000 F Cfa  est  revendue à 6 000 F Cfa. Et cela, du fait, relève-t-il que les zones d’approvisionnement sont souvent enclavées et difficilement accessibles. Ce qui explique le coût élevé du transport des produits vivriers en Côte d’Ivoire.

Il note aussi que les femmes risquent leur vie sur le chemin de l’autonomisation financière. il a fait cas d’une commerçante qui voyageait dans un camion Kia avec son enfant et qui aurait trouvé la mort dans ce camion à cause de l’état de la route. Au fait, cette dernière, suspendue à l’arrière du véhicule sur sa marchandise, faute de place, a été précipitée par-dessus bord lorsque le camion inadapté à la route à tangué.

Quand les bœufs s’en mêlent

Il y a quelques mois, des femmes de la région du Bafing ont connu une situation inhabituelle. La destruction de leurs récoltes par les bœufs. A Touba, Mme Zamblé Yvonne de la coopérative Bawonyékoué a confié qu’une fois, des bœufs conduits par des bergers peuls ont saccagé leurs récoltes. Ne disposant pas de ressources, elles sont restées sans produire jusqu’à ce que de bonnes volontés volent à leur secours en leur offrant des semences. Elles espèrent, avec les semences et engrais mis à leur disposition par la Fao à l’occasion de la journée internationale de la Femme, ainsi que le Fonds d’appui à la femme mis en place par la  Première dame, Dominique Ouattara, accroître leurs productions. Mais aussi réaliser leur souhait d’être autonomes financièrement, épanouïes et de pouvoir s’occuper de leurs familles respectives.

Commercialisation tout aussi difficile

Les commerçantes, à l’instar des femmes agricoles, sont également confrontées à d’énormes difficultés. Il s’agit des tracasseries routières. Suzanne Tra Bi, commerçante, explique qu’elles achètent le sac de piment à 2 000 F Cfa aux productrices et paient 500 F Cfa par sac aux convoyeurs. En route, il faut également débourser de l’argent aux différents barrages. « Ce qui fait que finalement nous  répercutons tout ceci sur le prix de vente », indique-t-elle.

Paydoyer pour l’acquisition de camions

De la productrice de légumes, de manioc  en passant par celles des céréales et de la banane plantain, toutes ont les mêmes besoins et attentes :

la modernisation de l’agriculture, la praticabilité des routes, cause majeure du pourrissement des produits. Mais leur souhait le plus ardent est de disposer de camions pour le convoyage de leurs produits. Sur la question, des responsables de Genov-ci ont confié que leur structure met à la disposition des productrices et commerçantes des camions à des prix abordables. Ceci pour aider les femmes agricoles qui ont ainsi la possibilité d’aller sur les marchés et écouler correctement leurs récoltes. Les commerçantes ne sont pas en reste puisqu’elles ne subiront plus les pressions des chauffeurs de camions véreux. Qui encaisseraient, selon Diomandé Brahima de Genov-ci, 1 000 F CFA par caisse de tomates, et une fois à Abidjan elles le répercutent sur les  consommateurs.

Les femmes ont compris que pour leur autonimisation financière et leur épanouissement, il faut se mettre ensemble. Ce souci de se mettre ensemble, de se regrouper étant résolu, reste maintenant à mieux leur organiser, les accompagner pour faire de leur autonomie financière une réalité.

Marie Chantal Obindé