Tribunal militaire d’Abidjan: Près de 200 dossiers sur la table d’Ange Kessy

Tribunal militaire d’Abidjan: Près de 200 dossiers sur la table d’Ange Kessy

«Nous avons près de 200 affaires qui seront jugées», a révélé, le, 17 mai 2019  le commissaire du gouvernement, Ange Kessy, face à la presse, en prélude à l’ouverture de la première session ordinaire du Tribunal militaire d’Abidjan (Tma). Au nombre de ces dossiers, figure, en bonne place, une affaire d’escroquerie portant sur plus d’un milliard de FCfa.

L’accusé est un lieutenant-colonel qui, selon les faits, a eu à soutirer cette somme à plus d’une vingtaine de personnes. Commandant d’escadron des hautes personnalités, à l’époque, il a profité de cette position pour faire croire qu’il avait la possibilité d’attribuer des marchés, dans le cadre du Programme présidentiel d’urgence (Ppu). Le procureur militaire a indiqué qu’il sera jugé au cours de cette session, avec un complice en fuite.  
En dehors de cette affaire, il a souligné que plusieurs dossiers qui mettent au grand jour des forces de l’ordre accusées de détention et de consommation de drogue sont inscrits au rôle de la session qui va s’ouvrir vendredi prochain. Depuis 2013, «ce phénomène prend de l’ampleur» au sein des forces de défense et de sécurité, «même si ces derniers temps, la tendance est à la baisse», a déclaré le commissaire du gouvernement.
Au banc des accusés du Tribunal militaire, il y aura également des cas d’accusation pourtant sur des meurtres et des assassinats. C’est le cas d’un gendarme qui a poignardé un autre à l’escadron de Yopougon. En plus de cette affaire, se trouve celui du Mdl Modi Rivarol Amaffou mort à l’école de gendarmerie de Toroguié, le 1er avril. Ange Kessy a relevé que l’enquête a conclu au suicide (voir encadré).

Un militaire ne se sépare jamais de son arme

Mais, étant donné qu’avant de se suicider, le gendarme a donné des ordres «manifestement illégaux», exécutés par deux gendarmes subalternes, ceux-ci seront jugés devant le Tribunal militaire. Dans les détails, le commissaire du gouvernement a expliqué que le Mdl Modi avait demandé à deux sentinelles d’aller faire une commission sans leurs armes. «Ce qu’ils ne devaient pas faire, car un militaire ne se sépare jamais de son arme. Nous avons l’intention de les poursuivre pour avoir commis ces infractions», a-t-il fait savoir.

Dans les dossiers sur la table du commissaire, on notera ceux portant sur des accusations de disparition et de découverte d’armes, notamment à Yamoussoukro et à Abidjan. Il a insisté sur le fait que «toute force de l’ordre qui se sera fait déposséder de son arme sera sévèrement punie ».

Enfin, le procureur militaire s’est appesanti sur l’épineux problème du racket. «Il a pris des proportions si inquiétantes qu’il entame l’honneur de l’armée. En plus, il fait perdre des milliards à l’Etat de Côte d’Ivoire », a-t-il déploré. De ce fait, il a indiqué qu’il ne fera pas de cadeau aux forces de l’ordre et de sécurité accusées de racket.

Présent à cette conférence, le commissaire de l’Unité de lutte contre le racket a remis au commissaire du gouvernement une trentaine de dossiers qui seront à l’ordre du jour, au cours des sessions de cette année.      
 Phénomène nouveau, et non des moindres, au sein de l’armée, les personnes accusées d’escroquerie relativement aux concours, de violences sexuelles et de violation des droits de l’homme seront jugées au cours des procès à venir, a précisé Ange Kessy.

MARCEL APPENA