Promotion de la femme: Simone Tchinah pour "une volonté politique ferme et affichée"

Mme Simone Tchinah, maire de Toumodi et 1ère femme secrétaire générale de préfecture en Côte d'Ivoire
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Promotion de la femme: Simone Tchinah pour "une volonté politique ferme et affichée"

Promotion de la femme: Simone Tchinah pour "une volonté politique ferme et affichée"

 

« Il y a encore des obstacles à la promotion de la femme », selon Simone Tchinah, maire réélu de Toumodi. A l’occasion du forum sur le  leadership féminin en Côte d’Ivoire qui s’est tenu du 10 au 12 juin dernier, à Abidjan, à l’initiative du National democratic institute (Ndi), elle a appelé à la solidarité entre femmes. Affirmant ne pas être spécialement pour les quotas.

 

Mme le maire, quel commentaire faites-vous de la participation des femmes aux différentes élections quand on sait que la moisson a été maigre à leur niveau ?

Vous avez raison, la moisson est très maigre et nous avons mal. Nous qui sommes des anciennes femmes réélues. Parce que pendant notre précédent mandat, en réseau avec les femmes élues locales, nous avons eu à parcourir beaucoup de communes pour sensibiliser nos jeunes sœurs. Et pour les inciter à se présenter aux différentes élections et à faire de la politique. Nous sommes déçues parce que nous avons l’impression que nous avons œuvré en vain. Effectivement avec un si petit nombre cela paraît difficile de faire avancer la cause de la femme.Mais je pense qu’il ne faut pas baisser les bras. Les élections qui viennent de se dérouler ont été très difficiles. Ensuite, il faut savoir que le choix des candidates au sein de nos différents partis politiques n’a pas toujours été à l’avantage de la femme. Mais, il faut aussi se retourner contre les femmes elles-mêmes. Parce que nous n’avons pas tant de candidature que cela. Il faut d’abord que la femme elle-même ose se présenter pour que nous la soutenions. Je pense qu’il y a vraiment de l’éducation politique à faire. Également, il faut une volonté politique ferme et affichée pour aider les femmes. Je ne suis pas spécialement pour les quotas. Pour un début, je peux l’admettre parce que sans les quotas, nous n’arriverons pas à faire participer la femme à la vie politique et au-delà au développement du pays.

 

Est-il facile pour vous en tant que femmes élues locales d’accéder au crédit pour le financement des projets en direction des femmes ?

La recherche de financement est un véritable problème pour nous élues locales. Par contre, plusieurs expériences ont montré que les femmes remboursent mieux que les hommes. Nous avons quand même cette honte, cette gêne de ne pas payer. Car, nous sommes des éducatrices et des mères de famille. Vraiment, nous ne voulons pas avoir honte devant nos enfants. Bien sûr, il y a des femmes qui ne remboursent pas. Nous ne demandons que de petits prêts pour les femmes. J’aimerais encourager les micro-crédits qui financent déjà certains projets de femmes.

Au niveau de la jeunesse, cela me paraît un peu difficile. Je crois que les jeunes ont des problèmes au-delà de leur emploi. Ils ont souvent beaucoup de problèmes annexes qui font que les projets que nous montons avec eux ont moins de succès par rapport à ceux des femmes. La femme est beaucoup plus sérieuse dans les projets que nous faisons en leur faveur. Les jeunes comme je l’ai dit ont d’autres activités. Ils aiment bien vivre. Ils ont d’autres occupations qui font que bien souvent ils sont distraits. J’allais dire que la politique se mêle beaucoup plus au niveau des activités des jeunes. En tant que maire, nous sommes des agents de développement. Lorsque nous montons les projets pour nos populations, nous le faisons sans tenir compte de leur appartenance politique. Personnellement, l’expérience m’a montré qu’au niveau des jeunes, une fois que le projet est monté, ils commencent à faire des distinctions entre eux. Ce qui pose souvent des problèmes et fini par faire échouer les projets. La recherche de financement est notre plus grande préoccupation. Il faut que les gens nous fassent confiance. Et à nous de faire en sorte que les bénéficiaires de ces financements prennent leurs projets au sérieux et remboursent effectivement les prêts contractés. Car, c’est en remboursant qu’on peut aider d’autres personnes à être réinsérées dans la vie active.

 

Êtes-vous pour une coalition des femmes élues pour la cause des femmes?

Absolument, je suis pour une coalition parce qu’on l’a toujours dit, l’union fait la force. Si les femmes ne sont pas solidaires, nous ne pourrons pas faire avancer notre propre cause. C’est d’abord nousqui devons lutter pour notre cause avant de compter sur les autres. C’est pourquoi, je vous disais que personnellement je ne suis pas tellement pour les quotas parce que la femme à la compétence et la capacité d’exercer pratiquement tous les métiers des hommes. Par contre, la femme est privée par fois de l’éducation. Parce que quand la famille n’a pas d’argent, s’il y a un choix à faire, on choisit l’homme pour aller à l’école. C’est dire qu’il y a encore des obstacles à la promotion de la femme. C’est pour cette raison qu’on est obligé de solliciter les quotas. Sinon je pense que toutes les femmes, quelle que soit leur position sociale dans la vie, doivent se mettre ensemble pour défendre leur cause. Quand vous éduquez une femme, ce n’est pas moi qui le dis, vous éduquez toute une nation. Nous avons donc une grande responsabilité. Nous avons la possibilité et les compétences de faire bouger notre pays si nous le voulons. Pour l’instant, nous avons le sentiment d’être utilisées par les hommes comme un bétail électoral ou comme les artisanes de l’organisation, la cuisine, le ménage, etc. Non ! La femme à des capacités, il faut que les hommes le sachent, ils le savent d’ailleurs. Il faut qu’ils nous aident. Car c’est ensemble hommes et femmes que nous construirons notre pays.

 

Propos recueillis par CHEICKNA D. Salif

salifou.dabou@fratmat.info