PDCI/Avant le Bureau politique du 24 septembre, à Daoukro : Kobenan Adjoumani adresse une lettre ouverte à Bédié

PDCI/Avant le Bureau politique du 24 septembre, à Daoukro : Kobenan Adjoumani adresse une lettre ouverte à Bédié

Excellence Monsieur Henri Konan Bédié, Président du PDCI-RDA

Il vous a plu, au terme de la réunion du Secrétariat Exécutif du PDCI-RDA tenue le 18 septembre 2018, à Daoukro, sous votre présidence effective, de convoquer une nouvelle rencontre du Bureau Politique après celle tenue le 17 juin dernier et dont les recommandations et résolutions continuent de faire débat au sein de notre parti.

C’est avec beaucoup de joie que nous avons accueilli cette nouvelle, convaincus de ce que cette heureuse opportunité permettra à votre auguste autorité de rassembler tous les enfants du PDCI-RDA et de remettre de l’ordre dans notre maison commune.

Mais il faut l’avouer, notre enthousiasme fut de courte durée lorsque nous apprenons dans la journée du mercredi 19 septembre, à travers un communiqué de la Direction du PDCI-RDA que le Bureau Politique projeté se tiendra non pas à Abidjan, au siège du parti à Cocody comme d’habitude mais plutôt à Daoukro, dans un hôtel. Nous sommes d’autant plus surpris que nous ne cernons pas les motivations d’une telle délocalisation.

En effet, de mémoire de militant de PDCI-RDA, c’est la toute première fois qu’une réunion du Bureau Politique déménage du siège du parti à Cocody. Car, même si les textes de notre formation politique ne s’opposent pas expressément à une telle délocalisation, il convient de relever que la présente décision est contraire à une pratique devenue courante dans le fonctionnement de notre parti. De sorte que s’en écarter aujourd’hui sans aucun motif raisonnable et objectif peut paraître suspect dans le contexte politique actuel.

Au demeurant, Excellence Monsieur le Président, choisir de programmer une réunion d’une telle importance à Daoukro, un jour ouvrable, en plein début de semaine et à une heure où les travailleurs sont retenus par leurs différentes obligations professionnelles n’est pas, de notre point de vue, le meilleur moyen de permettre une participation effective de tous à ce Bureau Politique que vous voulez inclusif et apaisé pour ramener le calme et la cohésion au sein de notre parti. Sommes-nous convaincus que tous nos collègues du Bureau Politique, travailleurs du public comme du privé, pourront bénéficier des autorisations d’absence nécessaires pour effectuer le déplacement de Daoukro ?

Or, toutes ces questions n’auraient pas de sens si la rencontre se tenait à Abidjan au siège du parti, à une heure convenable pour nous tous. Et puis, pourquoi aller louer un hôtel et payer inutilement des frais alors que le siège du PDCI-RDA à Cocody reste disponible et offre de meilleures conditions de travail et de sécurité à tous ?

Ceux qui vous ont conseillé de convoquer cette réunion à Daoukro vous ont-ils donné la certitude de la présence réelle des vrais membres du Bureau Politique du PDCI-RDA ? Autrement dit, qui peut prédire le sort qui sera réservé à tous ceux qui oseront parler de parti unifié à cette rencontre ? Qui maîtrise l’environnement de cette réunion ? Le débat n’est-il pas biaisé à l’avance ?

Excellence Monsieur le Président, depuis le dernier Bureau Politique qui a plongé notre parti dans une confusion sans précédent en raison des divergences qui ont opposé pro et anti RHDP, beaucoup d’eau a coulé sous le pont. Prenant notre bâton de pèlerin, nous avons sillonné le pays, visité et interrogé nos bases sur la question de leur adhésion ou non, au parti unifié RHDP.

Partout la réponse de la base du PDCI-RDA a été sans équivoque, retentissante, démontrant ainsi que le mouvement «Sur les traces d’Houphouët-Boigny», n’a pas eu tort et que tous ceux qui se sont exprimés en faveur de l’adhésion du PDCI-RDA au processus de création du RHDP parti unifié, le 17 juin dernier, étaient totalement en phase avec nos différentes bases.

Excellence Monsieur le Président, il vous revient à vous et à vous seul le devoir et la capacité de nous fédérer, de réconcilier le PDCI-RDA avec lui-même mais pour cela, vous devez vous mettre au-dessus de la mêlée et apprécier la situation en toute objectivité et en toute responsabilité. Parce que vos militants, ceux qui vous aiment, ce ne sont pas seulement les anti RHDP mais aussi les pro RHDP qui ont aussi droit à votre regard et à vos égards. Continuer de les ignorer n’est pas rendre service au PDCI-RDA et à son unité si chère à vos yeux.

C’est dire Monsieur le Président que votre légitimité en tant que Président du PDCI-RDA n’est contestée par personne. Tous au contraire, prient pour que vous demeuriez président du parti le plus longtemps possible.

Cependant, nous souhaitons que vous soyez le vecteur du rassemblement et de notre cohésion en engageant le PDCI-RDA dans la direction politique qui lui est naturellement dévolue, c’est-à-dire le RHDP qui est en fait la reconstitution et la réhabilitation de l’arme politique qui a permis au père-fondateur d’écrire les pages les plus glorieuses de l’histoire de notre nation.

Tout en vous souhaitant bonne réception, je voudrais vous rassurer que mon intention est d’attirer humblement votre attention sur les conséquences et les risques liés à une organisation d’un Bureau Politique aussi crucial à Daoukro, hors du siège naturel du PDCI-RDA.

Fait à Abidjan, le 20 septembre 2018