Oswald Akouété (consul honoraire d’Haïti en Côte d’Ivoire) : L’objectif est de créer un pont entre les deux états

Oswald Akouété
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Oswald Akouété (consul honoraire d’Haïti en Côte d’Ivoire) : L’objectif est de créer un pont entre les deux états

Le Premier ministre entame, aujourd’hui, une visite en Côte d’Ivoire. Quelle est, pour vous, la portée d’une telle visite ?

Sem. Laurent Lamothe effectuera effectivement une visite en Côte d’Ivoire, les 28 et 29 mars 2013. Il sera à la tête d’une délégation de 13 personnes dont des ministres et des secrétaires d’Etat. C’est une visite initiée par Sem. Alassane Ouattara, Président de la République de Côte d’Ivoire, qui a rencontré le Premier ministre en marge des Jeux olympiques de Londres et qui lui a demandé de faire une visite dans son pays. Celle-ci portera sur la coopération bilatérale entre les deux pays. Il est prévu la signature de plusieurs accords de coopération et des accords d’assistance technique. Les deux délégations auront une séance de travail demain pour peaufiner ces accords. Sont concernés, les domaines comme l’éducation, l’agro-industrie, la sécurité, les réformes fiscales et la culture. Vous savez qu’Haïti est un haut lieu de la culture. L’objectif est de créer un pont entre les deux Etats de telle sorte qu’au terme de cette visite, le Consul en Côte d’Ivoire puisse prendre la relève dans le droit fil de la feuille de route qui m’a été donnée et qui consiste à organiser des missions économiques vers les deux pays. C’est donc une visite de mise en relation entre les hommes d’affaires des deux pays. Dans ce sens, M. le Premier ministre aura une séance de travail avec le Cepici et les hommes d’affaires ivoiriens. Il présentera, à cet effet, les opportunités d’affaires dans son pays. Haïti veut, aujourd’hui, se rapprocher des peuples d’Afrique. En 2010, il a effectué dans ce sens des démarches  vers l’Union africaine et aujourd’hui, Haïti est membre d’honneur de cette institution sous l’égide du Président béninois Yayi Boni, alors Président de l’Union africaine. Les mêmes démarches seront effectuées auprès de la Cedeao.

Sur quoi portent les relations entre les deux pays ?

En vérité, rien n’a été encore fait. Au lendemain du séisme qui a endeuillé le pays le 10 janvier  2010, je me rappelle bien, la Côte d’Ivoire a été solidaire  d’Haïti. C’est donc l’occasion de renouer avec les relations diplomatiques, notamment au niveau de l’éco-diplomatie, surtout qu’Haïti a un nouveau Président et un nouveau gouvernement, il est important de mettre ces deux pays en relation pour permettre à leurs différentes populations d’en tirer les bénéfices.

Vous êtes consul honoraire. Quelle est la différence entre consul honoraire et consul général ?

Un consul honoraire est une personne-ressource qu’un Etat choisi, qui a déjà une activité et dont on utilise l’entregent pour créer des liens de coopération entre l’Etat qui l’a choisi et le pays d’accueil. Il n’est pas obligé d’être originaire du pays. C’est mon cas. Je suis Béninois. Un Consul général est généralement un fonctionnaire que l’Etat envoie avec des émoluments de cet Etat pour faire fonctionner son Consulat.

Quelles sont les grandes lignes de la feuille de route dont vous parliez tantôt ?

Assister les 200 Haïtiens vivant en Côte d’Ivoire, dont beaucoup de fonctionnaires de l’Onuci,  aussi bien dans leur vécu quotidien que dans le renouvellement de leurs papiers (carte d’identité, passeport). Dans la Constitution haïtienne, j’ai même des prérogatives pour célébrer le mariage entre deux conjoints haïtiens. Il y a une série de tâches qui me sont dévolues que j’essaie tant bien que mal d’exécuter. J’en profite pour remercier les autorités ivoiriennes qui ont bien voulu accepter la proposition haïtienne de faire de moi le Consul honoraire et ce, après une enquête de moralité qui dure plusieurs mois.

Quel appel  voulez-vous lancer  au moment où cette visite démarre ?

Je tiens à remercier le gouvernement ivoirien, avec à sa tête M. Daniel Kablan Duncan qui ne ménage aucun effort pour que cette visite officielle soit un succès. J’en veux pour preuve, les différentes séances de travail que nous avons eues avec ses équipes. Sans oublier Sem. le Président Alassane Ouattara qui est à l’origine de cette visite officielle. Je souhaiterais que les Ivoiriens, surtout ceux du secteur privé, profitent de cette visite officielle pour investir en Haïti. A ceux qui évoquent le problème de distance, je réponds souvent que celui qui peut aller aux Etats-Unis peut aller en Haïti. Paris-Miami, c’est 9h de vol. Paris-Haïti, 10h. C’est donc à côté. Je demande aux investisseurs d’avoir foi dans leur investissement. Venez aider à la reconstruction d’Haïti. Je parlais de coopération dans le domaine de l’éducation. Nous voulons offrir la possibilité aux étudiants haïtiens de venir étudier dans les universités ivoiriennes. C’est un partenariat gagnant-gagnant, parce que Haïti a aussi des choses à proposer aux Ivoiriens ; par exemple dans la réinsertion des ex-combattants dans le cadre d’un projet de transformation du papier en charbon. Projet piloté par le Président Bill Clinton, ancien Président américain. Projet qui a fait ses preuves en Haïti. Il s’agit de prendre les ordures ménagères, de les trier et d’en sortir tout ce qui est papier et de les transformer en charbon, lequel est utilisé par les ménages. C’est une forme d’énergie renouvelable. Je pense que cela peut aider la Côte d’Ivoire à trouver du travail aux jeunes, surtout les ex-combattants. C’est une idée parmi tant d’autres dont nous discuterons dans le cadre de la venue du Premier ministre.

Interview realisee par

Sylvain Namoya