Onu, Conseil de sécurité: Pourquoi des réformes profondes s’imposent

Onu, Conseil de sécurité: Pourquoi des réformes profondes s’imposent

La paix, la sécurité sont menacées dans nombre de pays ; les crises humanitaires et sanitaires abondent ; l’extrême pauvreté gagne davantage du terrain ; les atteintes aux droits de l’homme et à la démocratie sont monnaie courante sur la planète ; les océans transformés en cimetières humains au passage illégal des migrants ; des conflits aux armes de destruction massive…Autant de défis et d’incertitudes auxquels le monde est confronté. Cela donne l’impression que les réunions internationales sous l’égide de l’Organisation faitière mondiale (Onu) se suivent et se ressemblent.

La mise en œuvre des résolutions et conventions issues de ces assises, est mise à rudes épreuves. La 73e session de l’Assemblée générale de l’Organisation des nations unies de septembre 2018, qui a mobilisé des Chefs d’État et Chefs de gouvernement du monde à New-York, au siège de l’institution a fait son mea-culpa.

En effet, malgré tous les moyens colossaux mobilisés, les intervenants à la haute tribune de l’Onu ont relevé la persistance des difficultés auxquelles sont confrontés les États. « Notre session s’ouvre dans un contexte international marqué par de nombreux défis et incertitudes qui érodent progressivement notre capacité à répondre collectivement et de façon plus adéquate aux menaces à la paix et à la sécurité internationales. A cela, s’ajoutent les défis concernant les crises humanitaires et sanitaires, l’extrême pauvreté, les atteintes contre les droits de I ’homme et la démocratie. Notre Organisation commune et le monde actuel semblent perdre leur vocation à protéger les plus vulnérables, à promouvoir une gouvernance mondiale plus juste et plus inclusive, et à fonder entre les nations, une véritable communauté de destin », a déploré, jeudi, le Vice-président Daniel Kablan Duncan, dans sa déclaration solennelle, à la tribune de l’Onu.

Il y représentait le Chef de l’État Alassane Ouattara. Les réponses à tous ces maux qui minent la planète sont presqu’insignifiantes. C’est pourquoi, Daniel Kablan Duncan et la quasi-totalité des intervenants à l’assemblé générale ont approuvé et salué la pertinence du thème choisi pour cette 73e session, à savoir: « Faire de l’Onu une organisation pour tous : une force mondiale fondée sur des responsabilités partagées, au service de sociétés pacifiques, équitables et durables ».

Ce thème s’inscrit bien dans la vision stratégique définie par la présidente de la 73e session de l’assemblée générale de l’Onu, Mme Maria Espinosa-Garcés et qui s’articule autour du dialogue et du renforcement du multilatéralisme en tant que « catalyseurs pour le bien-être de tous et d’une planète durable ». Et comme promis, elle a réussi à conduire les travaux  de l’assemblée générale  dans un environnement ouvert, efficace, transparent et inclusif. Assurant ainsi la continuité et le renforcement des initiatives et des réalisations des présidences antérieures et conformément au mandat des États.

Cette vision implique à faciliter le respect des engagements mondiaux, non seulement en tant qu’aspiration mais en tant qu’obligation envers les peuples de la planète. Il s’agit donc de rapprocher les Nations Unies des personnes, avec des actions permanentes pour faire en sorte que le travail de l’Onu soit davantage connu et apprécié par la communauté internationale. Les populations doivent surtout sentir et reconnaître que l’Onu est capable de faire face et résoudre les grands conflits et défis de l’humanité. Ces attentes mondiales sonnent comme un appel « à réinventer l’action de l’Onu et les modes de collaboration entre les États membres », suggère le représentant du Président Ouattara.

Mieux, « Les défis et incertitudes auxquels notre monde est confronté aujourd’hui doivent amener les États membres à avoir la même perception du rôle central et de l’utilité des Nations Unies dans la formulation de notre réaction collective. Ils doivent donc résolument se réapproprier l’Organisation universelle afin qu’elle demeure une organisation pour tous, conformément à l’idéal des pères fondateurs », ajoute Duncan.

Pour le Vice-président ivoirien, cette réforme de l’Onu commande qu’il faille lui redonner toute son autorité morale, afin qu’elle puisse agir et faire respecter ses résolutions tout en comptant sur le soutien des États membres, dans tous les vastes champs de l’action collective, au service des peuples.

Il s’impose également une refonte de cette autre machine onusienne qu’est le Conseil de sécurité, pour permettre à l’Onu de satisfaire les différentes attentes qui conditionnent son avenir et son efficacité. « Dans cette perspective, la Côte d’Ivoire, comme l’a maintes fois exprimé le Président Alassane Ouattara, estime qu'il est désormais temps de reformer le Conseil de Sécurité afin qu'il soit plus représentatif du monde actuel et plus efficace. Seul un Conseil réellement uni peut permettre à notre organisation de régler efficacement les grandes questions sécuritaires, telles que la lutte contre la prolifération nucléaire, le terrorisme, les crimes de masse et des crimes contre l’humanité, la lutte contre le réchauffement climatique », souhaite Duncan.

Passer à l’action concrète et privilégier la dimension humaine

Les défis mondiaux invitent les dirigeants à ne plus se confiner derrière de simples déclarations d’intentions. Duncan a insisté sur le fait qu’il est temps que les États doivent être plus attentionnés aux souffrances des peuples et passer à des actions concrètes. « La responsabilité des Nations Unies pour un nouvel engagement en faveur de l’action devrait continuer à s’élargir au principe de la responsabilité de protéger qui est devenue une norme de droit international public adoptée par tous les États membres lors du Sommet mondial de 2005 », soutient-il.

La solidarité, le consensus moral et politique en toute circonstance, constituent, selon lui, des armes pour assurer une réactivité de l’Organisation face aux souffrances quotidiennes des populations et des moyens de préventions des conflits de toute nature et de renforcement des institutions démocratiques. Car il est plus qu’indéniable que le domaine social doit être renforcé. « S’il ne fait aucun doute que l’organisation universelle se penche de plus en plus sur les questions économiques, il est plus que nécessaire que son action soit aussi renforcée dans le domaine social qui est essentiel. L’homme devra se trouver davantage au cœur de nos préoccupations.... C’est pourquoi, la Côte d’Ivoire invite la communauté internationale à appliquer les résolutions pertinentes adoptées au cours des conférences thématiques qui consacrent le refus d'une paupérisation généralisée et devant permettre de lutter contre l’analphabétisme, les maladies endémiques, la famine, la malnutrition et toute autre disparité ».

En la matière, la Côte d’Ivoire peut s’enorgueillir pour la priorité accordée à la dimension humaine par le gouvernement ivoirien dans l’élaboration de sa politique de développement. Comme le rappelle le Vice-Président, le gouvernement a adopté des mesures qui garantissent une meilleure redistribution des fruits de la forte croissance économique et une lutte plus efficace contre la pauvreté.

Citant en effet, les investissements importants consacrés aux infrastructures et aux secteurs sociaux qui ont permis, selon lui, l’amélioration de l’accès à l’éducation, à l’eau, à  l’électricité, aux soins de santé, entrainant une baisse sensible du taux de pauvreté… « Pour amplifier et accélérer  cette dynamique, la Côte d’Ivoire s’est donnée les moyens à travers le deuxième Plan national de développement - Pnd 2016-2020-de mobiliser les ressources nécessaires à hauteur de 60 milliards de dollars.  La Côte d’Ivoire a également adopté d’importantes mesures sécuritaires dans le cadre de la lutte contre les menaces globales, communes à I’ ensemble des pays de la région ». Tels sont les acquis de la Côte d’Ivoire sortie de crises que Duncan s’est fait fort de partager au monde.

GERMAINE BONI
envoyée spéciale à New-York