L’ambassadeur Philippe Mangou à propos de la visite du Chef de l’État à Libreville :“ Nous sommes fin prêts pour l’accueil ’’

L’ambassadeur Philippe Mangou
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L’ambassadeur Philippe Mangou à propos de la visite du Chef de l’État à Libreville :“ Nous sommes fin prêts pour l’accueil ’’

Excellence, le Chef de l’État Alassane Ouattara arrive au Gabon. Comment se font les préparatifs ?

Le Président de la République, SEM. Alassane Ouattara arrivera au Gabon demain (Ndlr : Aujourd’hui), à 16h. Le Président a été invité par son homologue et frère, SEM Ali Bongo Ondimba pour deux événements majeurs. Le premier, c’est pour participer au New-York forum Africa. C’est un forum sur tous les sujets d’intérêts économiques et financiers. Le Gabon est à la 2e édition de cette rencontre. Il s’agit pour ce pays de montrer la voie de l’épanouissement économique et socio-culturel.

En arrivant à ce forum, le Président, portera la voix de la Côte d’Ivoire à la session de clôture. Ensuite, le Président Ali Bongo Odimba a porté son choix sur le Président Alassane Ouattara comme parrain de la 12e promotion des officiers stagiaires de l’école d’état-major de Libreville. Ce sont des commandants et capitaines, ils viennent pour acquérir les techniques d’état-major.

Le Président de la République a été choisi pour l’action efficace qu’il mène en faveur de la paix d’une manière générale et surtout pour tout ce qu’il fait dans le domaine de la réconciliation, de la solidarité entre les peuples africains. La mobilisation se fait dans de bonnes conditions. Nous avons eu, au niveau de l’ambassade, plusieurs rencontres. La première avec les sages, pour leur porter la nouvelle de l’arrivée du Président. Une autre avec les cadres. Il faut noter qu’au Gabon, nous avons plus d’une cinquantaine de cadres qui se retrouvent dans tous les secteurs d’activité.

Nous avons aussi convoqué toute la communauté ivoirienne pour lui donner l’information. Nous avons mis sur pied, dans les quartiers, des comités qui sont chargés de relayer l’information. Nous avons loué un certain nombre de bus qui vont conduire les Ivoiriens à l’aéroport international Léon Mba pour accueillir le Président. Nous sommes fin prêts pour l’accueil du Chef de l’État.

Combien y a-t-il d’Ivoiriens au Gabon ?

Jusqu’à ce jour, nous avons 5399 hommes et femmes recensés par nos services à la date du 19 avril 2013. Bien sûr, il doit y en avoir encore. Il y en a qui sont venus par des voies illégales. Nous allons bientôt entamer une tournée à l’intérieur du Gabon pour recenser tout ce monde et avoir l’effectif réelle des Ivoiriens vivant ici.  

Il est prévu une rencontre entre ceux-ci et le Président. Quelles sont leurs attentes ?

Cette rencontre aura lieu le dimanche. Il faut dire que les Ivoiriens vivant au Gabon attendent beaucoup du Président de la République. D’abord le voir, le saluer. Depuis son accession à la magistrature suprême, c’est bien la première fois, de manière officielle, qu’il arrive ici. C’est vrai qu’il a déjà effectué un voyage au Gabon mais c’était dans le cadre de la finale de la coupe d’Afrique des nations en 2012. Le premier problème, c’est la situation des Ivoiriens qui sont sortis pendant la crise post-électorale et qui veulent retourner au pays. Mais, ils sont sans moyens. Certainement qu’ils demanderont ces moyens au Président. Un autre problème qu’ils pourront poser, c’est celui des logements sociaux. Les Ivoiriens vivant ici souhaiteraient en bénéficier. Ils veulent éviter de se faire gruger.

Nous avons appris qu’il y a plusieurs associations et que vous avez réussi à mettre en place une fédération. Comment cela a-t-il été possible ?

Quand nous sommes arrivés, il y avait quatorze associations. Ce n’était pas mauvais compte tenu de la diversité qui existe en Côte d’Ivoire. Les objectifs étaient les mêmes. L’union, l’entraide, le partage. Nous nous sommes dit, puisque ces associations avaient les mêmes objectifs, pourquoi ne pas les réunir dans une fédération ? Il y a eu l’esprit de dépassement chez les uns et les autres, ils ont accepté de faire ce sacrifice en tenant compte de l’intérêt commun, celui de la Côte d’Ivoire. Ils se sont retrouvés au sein de la Fédération des associations des Ivoiriens vivant au Gabon.

Le président de cette fédération a été installé le mois dernier. Nous avons pu avec cette faitière, faire la réconciliation de tous les enfants de la Côte d’Ivoire vivant sur cette terre étrangère. Dorénavant, ils parlent tous le même langage, ils regardent tous dans la même direction. Et ils font bloc autour de leur Président pour apporter, chacun à sa manière, sa pierre à la reconstruction du pays.

Peut - on parler de la touche Philippe Mangou ?

Non. On ne peut pas parler d’une touche Philippe Mangou. Il faut noter que la volonté y était. Moi, je ne peux que leur dire merci pour cet esprit de dépassement. Je voudrais profiter pour remercier les autorités gabonaises en particulier SEM. Ali Bongo Ondimba pour toutes les sollicitudes envers les communautés étrangères vivant ici, en particulier des Ivoiriens.

Du treillis au costume, est-ce que la reconversion a été facile ?

C’est à vous de juger. C’est une très bonne expérience. Je ne suis certes pas encore à la retraite de l’armée. Mais 38 ans de service après avoir occupé pratiquement tous les postes : chef de section, chef de corps, chef de bureau, directeur au niveau du ministère de la Défense, commandant de théâtre d’opération et chef d’état-major pendant près de sept ans. J’ai eu le grade de général de corps d’armée, je crois qu’aujourd’hui sincèrement, je n’ai plus ma place dans l’armée.

Quelle fonction, quel rôle voulez-vous que je joue encore ? Le Président Alassane Ouattara a fait de moi un ambassadeur pour me permettre de vivre cette nouvelle expérience qui est très bonne. Je voudrais profiter pour lui dire un très grand merci pour cette nomination. Le Président, en le faisant, montre à tous qu’il n’y a vraiment pas de haine dans son cœur, qu’il tend la main à tous les enfants de la Côte d’Ivoire, sans exclusion, pour que chacun puisse apporter sa pierre au processus.

Tous les Ivoiriens doivent savoir que quand nous avons servi un Président avec détermination, loyauté et fidélité, et qu’un autre est élu par le peuple souverain de Côte d’Ivoire, on se doit de le servir avec la même fidélité, loyauté et détermination. Certains ne le comprennent pas. Ils parlent de trahison. Il faut être animé d’esprit républicain. C’est ce que nous faisons.   

Quelles sont les retombées du New-york Forum Africa et de la cérémonie militaire du lundi pour la Côte d’Ivoire ?

La Côte d’Ivoire est dans une phase de reconstruction. Tout ce qui se rapporte à l’économie l’intéresse. C’est donc tout à fait normal que le Président de la République vienne porter la voix de la Côte d’Ivoire au New-York Forum Africa. Sur le plan militaire, c’est également important. Nous entretenons de très bonnes relations avec le Gabon et nous comptons renforcer nos liens de coopération dans le domaine militaire. N’oublions pas que des officiers gabonais ont été formés en son temps à l’école des forces armées en Côte d’Ivoire. Aujourd’hui, ce sont des Ivoiriens qui viennent ici. C’est donc un échange d’expérience que nous allons approfondir.

Etienne Aboua

envoyé spécial au Gabon