Le débrief: Une secousse à Grabo, des inquiétudes ici et au Libéria

Le débrief: Une secousse à Grabo, des inquiétudes ici et au Libéria

Le débrief: Une secousse à Grabo, des inquiétudes ici et au Libéria

Grabo, petite localité dans le Sud-Ouest de la Côte d’Ivoire vient de vivre des heures chaudes. Dimanche matin, la nouvelle nous est parvenue grâce à plusieurs correspondances, dont certaines sont sur place. « Les tirs ont commencé vers 1h du matin. Puis, les échanges étaient très nourris », raconte l’une d’entre elles. « La population apeurée s’est rendue massivement à l’hôpital, pour trouver refuge », ajoute cette source.

Les premiers témoignages affirment tous ou presque que les assaillants sont arrivés du Libéria voisin. « Certains ont traversé la frontière par le fleuve Cavally », témoigne un interlocuteur joint dans la ville depuis Abidjan. De quoi s’agit-il ? Qu’est-ce qui peut être à l’origine de ces violences ? Aux environs de 11h00, il était encore difficile d’avoir une visibilité nette sur la situation, selon nos sources. Seule certitude, « les tirs se sont éloignés de la ville », disent-ils. Ajoutant: « on les entend maintenant loin dans la brousse ».

« C’est clair qu’il s’agit d’une attaque », affirme vers 13h une autorité militaire. Une autre dit ne pas être en mesure de donner le film des événements, encore moins le bilan. « Sans l’accord de la hiérarchie ». Mais cette autorité ne dément pas les informations faisant état de l’attaque de la ville de Grabo. On a donc recours à un grand chef, une haute autorité militaire. Avec elle, l’information est non seulement confirmée, mais on a désormais une idée plus ou moins précise du bilan. Au moins un assaillant tué et plusieurs autres arrêtés. Des sources civiles nous avaient déjà donnée la même information. Dans tous les cas, la haute autorité militaire affirme: « la situation est totalement sous contrôle ».

Il reste cependant que les habitants ne contrôlent…pas encore la peur et la crainte qui les a envahies, dès l’annonce de l’attaque. « Quelle est la situation à Grabo ? Nous sommes à Grand-Béréby et nous sommes inquiets », s’exprime vers 17h un lecteur de FRATMAT Mobile (l’édition mobile de Fraternité Matin). Un peu plus tôt, plusieurs autres lecteurs d’Abidjan ne manquent pas de faire connaître leurs préoccupations. Ces lecteurs rappellent que cette attaque intervient après un « long moment d’accalmie » dans la région.

L’attaque de Grabo n’est, en effet, pas préoccupante pour cette seule localité. Même pas pour les seuls Ivoiriens en Côte d’Ivoire. Il est évident qu’au Libéria, on doit se poser beaucoup de questions. Alors que les autorités des deux pays œuvrent de concert pour la paix et la stabilité, cette attaque est de nature à fragiliser la sécurité aux deux frontières. Et ce sont les réfugiés ivoiriens encore installés au Liberia, après la crise post-électorale, qui se retrouvent pris au piège.

D’un côté, ils ont des raisons de craindre pour leur sécurité, sur la route du retour au pays. De l’autre côté, ils peuvent avoir peur d’être assimilés à des assaillants, tout simplement. Cette attaque intervient juste après l’annonce du retour de près de 200 réfugiés aidés par le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). Y a-t-il eu des infiltrés, ou est-ce une simple coïncidence exploitée par des mercenaires ou autres individus armés ? La question ne manquera pas d’alimenter les réflexions.

En attendant les résultats de toutes les réflexions, mais surtout des enquêtes qui vont s’ouvrir, les plus hautes autorités militaires ivoiriennes affirment avoir renforcé la sécurité dans la zone. « D’ailleurs, nous avons un dispositif opérationnel qui permet d’avoir une réaction rapide à toutes les éventualités, et partout », rassurent-elles.

Bonne semaine à toutes et à tous !


Barthélemy KOUAME
barthelemy.kouame@fratmat.info