Le débrief: Sarkozy vu de là-bas, Sarkozy vu d’ici

L'ex-Président français Nicolas Sarkozy
L'ex-Président français Nicolas Sarkozy
L'ex-Pru00e9sident franu00e7ais Nicolas Sarkozy

Le débrief: Sarkozy vu de là-bas, Sarkozy vu d’ici

Le débrief: Sarkozy vu de là-bas, Sarkozy vu d’ici

Incontestable, diront certains. C’est l’affaire de la semaine, si ce n’est l’affaire de l’année. Un ancien président fraîchement mis à la « retraite » au violon. Pour interrogatoire. « C'est une première pour un ancien président de la Vème République », écrivent bon nombre de confrères français. L’impensable s’est produit le mardi. Nicolas Sarkozy passera près de 20h entre les mains des policiers et des juges. Avant d’être libéré. Non sans avoir été mis en examen.

Lundi, un jour plus tôt, c’est avec son avocat attitré que les enquêteurs avaient affaire. Maître Thierry Herzog et un haut magistrat ont été placés en garde à vue. Dans la foulée, un autre haut magistrat est pris dans les mailles de la police. Alors, on croyait l’étau se resserrer davantage sur l’ancien président de la République, sorti du palais il y a deux ans. Seulement. Mais personne n’avait parié sur une garde à vue. Une sorte de préliminaire à la prison.

A Droite, dans la famille politique de M. Sarkozy, il y a deux sentiments principaux qui s’observent. Le premier exprime « un complot ». Évidemment politique, visant à empêcher un éventuel « come-back » du très attendu « compétiteur », pour la présidentielle de 2017. Le second exprime, quant à lui, la manifestation de la légalité qui ne tardera pas à blanchir l’ex-président. Tant les teneurs de ce sentiment sont convaincus que Nicolas Sarkozy peut être suspect mais qu’il est loin d’être coupable. Et puis, il y a un troisième sentiment qui n’est autre que le mélange des deux premiers. Ici, on croit que Nicolas Sarkozy est victime de l’utilisation zélée de la légalité. Autrement dit, il est victime de la « manipulation de la justice », au nom du fait que tous sont égaux devant la loi.

Passons sur ce qu’en pense la Gauche française. Pas besoin de dire qu’elle soutient une procédure dite « légale » et « légitime ». Ce qui nous intéresse, c’est ce qu’en pense la Gauche ivoirienne. Évidemment, on ne lui connaît pas de déclaration officielle sur cette affaire. Stratégie politique oblige ! Certainement. Mais dans sa presse, ou sur les réseaux sociaux, journalistes et militants ou sympathisants ne manquent pas de savourer l’instant. « C’est une prophétie qui se réalise », peut-on résumer les réactions. Tous se souviennent et tiennent à rappeler qu’un certain prophète avait prédit la déchéance et la prison pour Nicolas Sarkozy, désigné « adversaire » voire « ennemi » de Laurent Gbagbo.

Justement, on nous rappelle: M. Gbagbo disait un jour, alors qu’il exerçait le pouvoir, « je sais prendre des coups, mais je sais également en donner ». Comme pour justifier sa victoire (d’alors) sur ses adversaires. S’il est vrai que le détenteur du pouvoir sait « donner des coups », alors Nicolas Sarkozy est jugé (au sens large du terme) pour les coups qu’il a pu donner avec son pouvoir. Cela veut dire aussi que Laurent Gbagbo est jugé pour les coups qu’il a pu donner avec le sien.

La Gauche ivoirienne n’a donc pas à jubiler, pensent certains observateurs. Pour eux, « les fautes de l’adversaire n’effaceront jamais nos propres fautes ». Si l’Etat de droit existe ou si « le monde de droit » existe. C’est peut-être pour cela qu’aucune action de masse n’a été vue contre le pouvoir en France. C’est peut-être aussi pour cela que tous se contentent de développer des arguments de forme et de fond. Sarkozy peut être blanchi, tôt ou tard, mais le casseur ou le fauteur de trouble va être noirci à jamais.

Bonne semaine à toutes et à tous !


Barthélemy KOUAME
barthelemy.kouame@fratmat.info