Le débrief: Réfugiés, exilés,… "rentrez au pays !"

Le débrief: Réfugiés, exilés,… "rentrez au pays !"

Le débrief: Réfugiés, exilés,… "rentrez au pays !"

Le Président Ouattara était, samedi, au Liberia où il a rencontré son homologue Ellen Jonhson Sirleaf. Au centre des discussions, la question du retour des réfugiés ivoiriens. Tout naturellement et devant ceux-ci, le Chef de l’État a encore lancé un appel à revenir à la maison.

Plus de deux ans après la crise post-électorale, le Président Ouattara continue de faire passer le message de la nécessité du retour au bercail. En effet, selon une estimation récente des organisations spécialisées, près de 80 milles personnes vivent encore hors de la Côte d’Ivoire. Plus de la moitié de ce lot est au Liberia. On peut donc comprendre l’intérêt du Président à se rendre dans ce pays, et à l’endroit où ils vivent. Le nombre de ceux qui vivent ailleurs, dans d’autres pays, n’est pas non plus négligeable.

Qu’est-ce qui retient encore nos compatriotes hors du territoire ? Les uns répondent: « la sécurité » ou « l’insécurité ». Beaucoup de gens affirment être victimes d’une spoliation de leurs biens, tout en accusant leurs « bourreaux » de s’être installer à leur place. Estimant que tout retour, synonyme de cohabitation, est quasiment impossible. Parce que « dangereux », pour eux mais aussi pour ceux qu’ils trouveraient sur place. D’ailleurs, les organisations internationales ont appelé le gouvernement à sensibiliser les uns et les autres, au nom de l’intérêt national.

D’autres réfugiés ont un passé de « miliciens » ou d’ « activistes ». Ils ont fait la guerre post-électorale et ont des craintes. « Si on rentre, ils vont nous faire payer », pensent-ils individuellement ou ensemble. A eux, le Président Ouattara se veut continuellement rassurant. « Le pays est normalisé. La Côte d’Ivoire a besoin de tous ses fils », disait-il notamment, il y a quelques semaines, en visite au Togo. Un pays normal respecte l’état de droit, et garantit la justice pour tous. Tel est le message que le Président veut faire passer. Aussi y a-t-il tout le mécanisme mis en place pour la réconciliation, ainsi que pour éviter les événements douloureux à l’avenir.

Entre ceux qui ont peur de vivre avec leurs bourreaux et ceux qui craignent les représailles des adversaires voire ennemis d’hier, il y a ceux qui n’avaient pas grand’chose, mais qui ont fui instantanément. Par instinct de survie, parce que sans repère et sans espoir d’une solution pacifique à un moment du conflit post-électoral. Tous ces « anonymes » ou presque qui ont fui la grave crise post-électorale de 2010-2011.

Connus ou « anonymes », même pro-Gbagbo, peuvent revenir au pays. Parce que la Côte d’Ivoire d’aujourd’hui n’est pas peuplée que de pro-Ouattara, constatons-nous. Toutes les sensibilités y vivent et s’expriment. Ils doivent revenir à la maison. Il y a quatre semaines, un pro-Gbagbo très en vue que nous avons rencontré à Paris nous confiait ceci: « ils n’ont rien à faire en exil. Ils doivent tous rentrer. Je le leur ai dit ». Par respect pour son droit à l’anonymat, nous ne le citerons pas. Mais il n’a pas manqué d’avouer que beaucoup d'exilés vivent très mal, souvent dans la précarité la plus totale. Notre conversation de quelques minutes se situe avant le décès de Atsé Atsé Jean-Claude, ancien leader de jeunesse du PDCI passé dans le camp des pro-Gbagbo. Notre interlocuteur n’a pas manqué de relever qu’il fallait craindre des situations tragiques comme celle qui est arrivée, peu après, à M. Atsé.

« On n’est mieux que chez soi », dit l’adage. De plus, la guerre est finie, et tout tend à se normaliser, comme l’assurent les autorités. Un jour où l’autre, il faudra revivre ensemble. Pourquoi pas maintenant ? Notre avenir commun ou individuel, celui de nos enfants surtout, en dépendent, indiquent les experts.

Paix chez vous !


Barthélemy KOUAME
barthelemy.kouame@fratmat.info