Le débrief: Angovia ou le mauvais souvenir du pays

Le débrief: Angovia ou le mauvais souvenir du pays

Le débrief: Angovia ou le mauvais souvenir du pays

Un chanteur a dit: « ce sont les petites affaires qui créent les grands ''gbangbans'' (grandes violences) ». Le village d’Angovia, dans le département de Bouaflé, vient d’en faire l’amère expérience. Une petite bagarre autour d’un petit argent… (200 F cfa), et voilà tout le village qui est à feu et à sang. Des biens incendiés, des vies humaines brutalement arrachées. Des populations en fuite. C’est la désolation !

Au-delà de ce petit hameau que beaucoup ne sauraient placer sur une carte administrative, c’est le pays tout entier qui se voit rappeler des souvenirs douloureux. C’est triste pour tout le monde et pour l’image de la Côte d’Ivoire à l’extérieur.

Vendredi, un habitant que nous avons interrogé par téléphone nous a livré le témoignage dont on peut résumer le contenu ainsi: « des jeunes érigent un barrage tous les mardis à l’entrée d’une mine d’or. Chaque passant doit payer la somme de 200 Fcfa. La bagarre est survenue du fait que, mardi dernier, non seulement un jeune passant a refusé de payer la somme mais son refus n’a pas été poli ».

Ce récit suscite des questions. Au nom de quoi, fallait-il payer une taxe à un barrage ? Qui a décidé d’installer ce poste à péage ? Alors que le Chef de l’État milite pour que soit mis fin aux exploitations artisanales des mines d’or, qui a autorisé celle-ci ? Si le système fonctionnait déjà bien, pourquoi un jeune s’est-il autorisé à ne pas payer le montant demandé ? Pourquoi s’est-il montré « impoli » ? Face à l’échauffement des esprits, où étaient les adultes, les sages, les chefs ? Qu’ont fait ceux qui n’étaient pas dans le feu de l’action au « corridor » ?

Le bilan et le fil des affrontements montrent que tous sont fautifs. Soit pour avoir initié la bagarre, soit pour l’avoir entretenu ou encore pour avoir laissé faire. Et dire qu’au même moment, la Commission dialogue, vérité et réconciliation (Cdvr) tenait un colloque à Yamoussoukro sur « les causes profondes » des crises en Côte d’Ivoire. « Comprendre pour mieux réconcilier » était en effet le thème des travaux qui ont démarré mercredi pour prendre fin vendredi.

Les événements d’Angovia montrent que Charles Konan Banny et son équipe n’ont pas encore achevé leur mission, comme l’estimait récemment le président du Pdci, Henri Konan Bédié. Mais, se posent-ils les vrais questions et ont-t-ils la bonne méthodologie pour arriver à un véritable vivre ensemble des communautés ? On peut se le demander.

Soyez en paix cette semaine dans vos quartiers et villages !


Barthélemy KOUAME

Barthelemy.kouame@fratmat.info