Laurent Dona-Fologo: "Je ne suis pas pour l’opposition radicale, haineuse"

Laurent-Dona Fologo, président du RPP
Laurent-Dona Fologo, président du RPP
Laurent-Dona Fologo, pru00e9sident du RPP

Laurent Dona-Fologo: "Je ne suis pas pour l’opposition radicale, haineuse"

Monsieur le président, les Ivoiriens vous connaissent pour vos prises de position claires sur les faits marquants de la nation. Mais depuis quelque temps, c’est pratiquement le silence plat. Il y en a même qui parlent de retraite politique. Que devenez-vous ?

Comme vous le constatez, je suis là. Grâce à Dieu, je me porte bien. J’ai toujours les mêmes amis qui continuent à venir me voir régulièrement. Nous parlons toujours de la Côte d’Ivoire. Je pense sincèrement que la vie comporte des étapes. Et la vie politique, en particulier, n’est pas un fleuve tranquille qui coule toujours dans le même sens, paisiblement. Mais plutôt un fleuve tantôt agité, tantôt calme. A chaque étape, il faut savoir gérer la barque. C’est pourquoi, souvent, j’entends les gens dire: «Fologo, on ne sait pas où il est, peut-être qu’il est incompris ou qu’il ne sait pas trop ce qu’il veut ».Je dois vous dire que je suis tout à fait lucide, serein. Je suis un disciple d’Houphouët-Boigny. J’ai été formé par ce grand homme qui, pour moi, fait partie de la classe des Mandela, toute situation respectée. J’ai appris beaucoup auprès de lui.

Quoi par exemple ?
J’ai, en particulier, appris à me taire quand c’est nécessaire. J’ai appris à être réaliste et patient. Toutes ces vertus que nous a enseignées le père de la nation, j’essaie de les cultiver. Le silence relatif auquel vous faîtes allusion est seulement la marque d’une certaine sagesse. J’ai commencé la marche politique très tôt. A 25 ans, en 1965, dès mon retour de France. Tout le long du grand itinéraire du Président Houphouët-Boigny, j’ai toujours été là. Et, souvent, en première ligne. J’ai posé des actes dont certains peuvent être qualifiés d’historiques. Grâce à ce grand homme. A mon âge, aujourd’hui, 74 ans, on n’a pas droit à trop d’erreurs. Le Président Mandela disait que tant qu’on n’est pas mort, on peut encore faire des erreurs. Il disait aussi que seuls les hommes politiques qui marchent la bouche fermée et les bras croisés ne font pas d’erreurs. Mais tout homme politique est appelé à faire des erreurs, à les corriger et à poursuivre la route. Le silence relatif peut être qualifié de moment de méditation, de réflexion.

Un silence qui dure depuis plus de trois ans !
Oui, presque. L’objectif permanent et constant chez moi, Dona-Fologo, étant toujours la Côte d’Ivoire, l’avancement du pays, la paix et le bonheur des Ivoiriens. Cela est permanent, quels que soient les circonstances, les dirigeants et la forme du régime. Je suis un amoureux de la Côte d’Ivoire. Et, très tôt, j’ai appris à la servir. Ma formule est: « Aimons et servons la Côte d’Ivoire ».

Vous êtes, selon vous, prêt à servir la Côte d’Ivoire. Serez-vous candidat à la l’élection présidentielle de 2015 ?
Depuis que j’ai mis pied à l’étrier, c’est-à-dire depuis Fraternité Matin, en 1965 en tant que premier rédacteur en chef de ce quotidien, jusqu’à aujourd’hui et surtout depuis la mort du Président Houphouët-Boigny que je ne cesserai de pleurer, je n’ai jamais imaginé une carrière politique. Toutes les étapes que j’ai traversées, je ne les ai jamais prévues, préparées et imaginées pour moi-même. Lorsqu’en 1970, à 30 ans, le Président Houphouët m’a mis au Bureau politique du Pdci-Rda, ce fut la plus grande surprise pour moi. D’abord, parce qu’à cette époque, les gens de mon âge n’y étaient pas nombreux. A 34 ans, je suis devenu ministre. J’ai fait plus de 20 ans au gouvernement. Je ne me suis jamais tracé une voie. Je ne peux donc pas vous dire ce qui peut arriver. Ce que je peux considérer, en tant qu’humain, c’est que mon objectif n’est pas d’être candidat, encore moins devenir Président de la République. Je dis: aimons et servons la Côte d’Ivoire à tous les niveaux.

Un journal de la place avait justement écrit que vous serez le candidat de l’opposition pour la présidentielle de 2015 face au Président actuel. Qu’en est-il exactement ?
Je considère que c’est une véritable boutade. J’ai écrit une mise au point à ce journal et je lui ai demandé de la publier. J’ai décidé d’user de mon droit de réponse pour qu’il n’y ait pas de confusion inutile. Si j’étais dévoré par l’ambition politique, il y a eu des occasions où je pouvais me lancer. Pour moi, ces occasions sont révolues.

Nous parlions tantôt de votre silence. Certains l’expliquent par le fait que vous seriez embarrassé entre un régime que vous ne voulez pas effaroucher et une opposition à laquelle vous appartenez. Est-ce vrai ?
Embarrassé, c’est trop dire. Mais vous savez, lorsqu’on appartient à une opposition que j’appelle modérée, ce n’est pas très facile. L’opposition radicale est l’opposition classique. Elle est souvent appelée à dire non. Sans même réfléchir, on dit d’abord dire non. Et après, on réfléchit. Ce n’est pas mon cas. Je ne suis pas dans ce type d’opposition. Moi, je suis dans une opposition par définition. C’est-à-dire, quand on n’est pas au pouvoir, on est dans l’opposition et on fait la politique. Mon opposition est donc spéciale. J’ai dit, publiquement, que je n’empêcherai jamais un dirigeant de la Côte d’Ivoire de travailler et de réussir la mission que le peuple lui a confiée. Un homme qui se définit comme tel ne peut pas être un opposant au sens où certains l’entendent Parce que l’opposant radical, quelquefois, empêche l’autre d’avancer. Pour gagner, accéder au pouvoir à son tour. Ce n’est pas mon cas. Ce jeu d’équilibre que vous constatez est difficile. Mais c’est un jeu qu’il faut accepter lorsqu’on a choisi la voie qui est la mienne: dire non lorsqu’en mon âme et conscience, je pense que ce n’est pas bon pour la Côte d’Ivoire. Mais dire oui même si votre plus grand opposant pose un acte que vous considérez comme juste et bon pour le pays. 

Que dites-vous alors face à l’action du gouvernement actuel ?
Aujourd’hui, je constate, comme beaucoup de personnes, que sur le plan du développement économique, des infrastructures, de la remise en état de la Côte d’Ivoire déchirée, on avance. Je viens de lire dans un grand hebdomadaire panafricain que sur le plan de la croissance économique, la Côte d’Ivoire a été classée première pour les cinq dernières années. Sur ce plan, je peux être fier d’être Ivoirien. Et je peux même saluer cette prouesse, y compris le Président de la République. En même temps, si le Président de la République ou les gouvernants posaient un acte qui ne convenait pas à ma façon de voir les choses, je peux le dénoncer. Mais il y a une façon de faire. Je ne suis pas pour l’opposition radicale, haineuse, qui manque de respect. Non, je respecte le Président de la République, les ministres, le gouvernement, les institutions. Mais quand j’ai l’occasion de faire des remarques, je les fais. Lorsqu’on a fait 22 ans au gouvernement, on n’a pas le droit de cracher sur ceux qui dirigent. Parce qu’on sait que ce n’est pas facile.

Quelle note donnez-vous au Président Ouattara pour sa gestion, en quatre ans de pouvoir ?
C’est difficile de noter, surtout à ce niveau-là. N’ayant jamais été Chef d’Etat, je dois dire qu’il ne doit pas être très facile de noter. Mais je constate que le Président Ouattara réussit, pour les Ivoiriens, la mission qui lui a été confiée. Le pays avance. Je crois que les Ivoiriens, y compris ceux de l’opposition, savent qu’un pays qui a connu dix années de troubles, de casses, de tueries, de massacres même parfois, ne se relève pas du jour au lendemain. Ce que le Président Ouattara a fait en quatre ans, il faut avoir le courage de le dire, est exceptionnel. Et tout ce qu’il obtient de la Banque mondiale, du Fonds monétaire international, de la Corée, des Etats-Unis et tous ces soutiens internationaux qui sont aujourd’hui la réalité du monde (21e siècle) est à saluer. Ce n’est pas parce qu’on est dans l’opposition qu’il ne faut pas le reconnaître. Si vous pouvez proposer mieux, faites-le. J’ai toujours dit qu’il ne faut pas attendre d’être au pouvoir avant d’aimer son pays, avant de proposer ce qui est bon pour lui. Aujourd’hui, les résultats sont prometteurs. Ils sont bons. La preuve : on vient d’avoir un budget énorme et qui est accompagné d’une promesse d’augmentation des salaires des fonctionnaires. J’encourage le Chef de l’Etat à continuer dans cette voie. Je demande aux Ivoiriens de mettre tout en œuvre pour que nous bâtissions, non pas sur du sable, mais sur du roc, comme on le dit dans les Saintes Ecritures. Il faut bâtir sur le rocher pour que lorsque la tempête arrive, la maison résiste. Pour moi, le rocher, c’est la paix, la stabilité, la confiance réciproque. C’est la cohésion nationale, l’unité, tout ce qui est fait pour que ce qui est construit résiste et demeure. Mais si vous construisez sur la haine, la vengeance, le refus de l’autre, vous le faites sur du sable. Je crois, aujourd’hui, que 90% des Ivoiriens dignes de ce nom ne veulent pas retomber dans les situations que nous avons connues pendant dix ans. Si tel est le cas, quand le gouvernement tend la main, il faut la saisir. L’objectif étant de rechercher le bien du pays.

La restructuration du bureau de la Commission électorale indépendante (Cei) dont le nombre de membres passe de 6 à 9 est considérée comme une main tendue, à nouveau, à l’opposition. Etant l’un des mentors de cette opposition, comment la percevez-vous ?
Récemment, le Président de la République a dit, je crois que c’était au cours de sa visite d’Etat à Daoukro, qu’il pense que le moment viendra où la Côte d’Ivoire n’aura plus besoin de Commission électorale dite indépendante. Je n’étais pas au pays, mais j’ai appris qu’il aurait prononcé cette phrase. S’il a dit cela, j’en suis très heureux. Parce que ma conception de l’organisation des élections et ce que nous voyons en Côte d’Ivoire ne sont pas toujours conformes. J’ai été l’un des premiers à dire que je n’étais pas pour une Commission électorale. Surtout composée de représentants des partis politiques. Pourtant j’ai un parti politique. Je dis cela parce que si l’on met ensemble les représentants des personnes qui sont en compétition, on ne peut pas espérer qu’ils travaillent facilement. Et tout ce remue-ménage qu’on fait autour de la Cei, est lié à cela. Elle pose tant de problème parce que nous-mêmes nous n’avons aucune confiance dans la Cei. Si nous étions persuadés que les compatriotes qui y sont vont travailler objectivement et sont réellement indépendants, complètement neutres, ferait-on tant de bruits pour avoir des postes ? Si c’étaient des martiens qui venaient organiser les élections, ne connaissant personne, n’ayant pas de parti, cela aurait été technique, la proclamation des résultats des élections se serait faite sans problème. Et l’on ne se battrait pas pour être président, vice-président, secrétaire, etc. Tout serait correct, juste et propre. 

Avez-vous un exemple en la matière ?
Je cite toujours le cas sénégalais particulièrement édifiant. C’était en 1998. Le Président Abdou Diouf était au pouvoir. Au Sénégal, il n’y a pas de Commission électorale à proprement parler. C’est le ministère de l’Intérieur, comme en France, avec l’administration territoriale, qui organise les élections. Lorsque le Président Abdou Diouf a appelé, en 1998, le général Lamine Cissé, général d’armée, un Saint-Cyrien à la retraite, inspecteur général des armées, pour le nommer ministre de l’Intérieur chargé d’organiser les élections à venir, ce dernier tombait des nues. Au Sénégal, les militaires ne votent pas et ne sont pas éligibles. Le général a dit ceci: « Je n’ai jamais vu une urne, un bulletin de vote, un isoloir et vous me demandez d’organiser des élections ». Le Président Abdou Diouf a répondu qu’il avait confiance en lui. Il voulait qu’elles soient libres, transparentes et régulières. Le général s’est entouré de personnalités au-dessus de tout soupçon: des anciens magistrats, des anciens professeurs, des médecins. Bref, Des gens dont personne ne pouvait douter de l’honnêteté. Cela a été les meilleures élections au Sénégal. Et le Président Abdou Diouf qui a nommé son ministre de l’Intérieur a perdu les élections. C’est comme cela que le Président Wade est arrivé au pouvoir. C’était tellement édifiant que cela a donné lieu à un livre intitulé « Carnet secret d’une alternance. Un soldat au coeur de la démocratie ». S’il y a toute cette agitation, c’est parce qu’il y a la suspicion. Pour moi, quand quelqu’un est en mission, il est en mission. Par conséquent, il n’appartient plus à un parti. Il faut qu’on en arrive à cela. Ou alors il faut laisser l’administration organiser les élections et lui faire confiance. 

Comment avez-vous accueilli le retrait du représentant du Rpp de la Cei ?
J’ai reproché à notre représentant d’avoir quitté la salle. Sans que moi, fondateur du parti, en soit informé. C’est une question interne que nous réglerons au sein de notre parti. Mais je veux dire qu’il faut que les Ivoiriens commencent à se faire confiance. Si ce n’est pas le cas, alors demandons aux Nations unies de nous donner un organisme pour venir organiser les élections.

L’opposition demande que les représentants du Chef de l’Etat, du président de l’Assemblée nationale, du ministère de l’Intérieur…aient, au sein de la Cei, des voix consultatives et non délibératives. Qu’en pensez-vous?
Tout cela est le résultat de ce que je viens de développer. Nous sommes mal partis. Mais tout cela prouve le manque de confiance réciproque, la suspicion comme je l’ai dit. Si ma modeste voix avait été suivie, on n’en serait pas là. Si vous êtes un Ivoirien propre, intègre, qui ne veut que la droiture et l’intégrité pour son pays, vous pouvez venir de n’importe où, je vous ferai confiance. 

Avez-vous des conseils à prodiguer aux membres de l’opposition qui sont sortis de la Cei? Pensez-vous qu’ils doivent revenir ou rester hors de la commission ?
Le problème pour moi est pratiquement résolu. La lutte politique n’a pas de fin. Comme je l’ai dit tantôt, elle n’est pas un long fleuve tranquille. Donc l’opposition se bat pour avancer, avoir un peu plus. C’est classique. Mais moi, je veux que cette page soit vite tournée. Et que la Commission se mette réellement au travail. Que ceux qui ont prêté serment se mettent au travail au sein de la Commission, quel que soit le poste qu’ils occupent. Je pense que la tentative d’équilibre qui vient d’être faite- parce que ce ne sera jamais 100% équilibré doit être acceptée. Tout en espérant que cela s’améliore progressivement. Demain, ce sera mieux, après-demain, ce sera encore mieux et puis arrivera un jour où nous aurons une situation acceptable par tous. Il faut accepter qu’il y ait des étapes dans l’évolution politique. On ne peut tout obtenir le même jour. Pour moi, les amis et frères vont reprendre leur place le plus rapidement possible. Et plus tôt ils reprendront, mieux cela vaudra parce qu’il y a du travail à faire à la Commission. Il faut dresser les listes électorales, concevoir toute l’organisation logistique, etc.

Quel commentaire vous inspire la déclaration faite par Bédié, à Daoukro, relative à la candidature unique du Président Alassane Ouattara au sein du Rhdp à l’élection présidentielle de 2015 ?
Je n’ai pas eu la chance, l’honneur d’être présent au cours de cette belle visite dans l’Iffou, puisque j’étais à l’étranger. Mais j’ai suivi de près les déclarations. Au temps d’Houphouët-Boigny, on a parlé du miracle économique ivoirien. Tout le monde entier en a parlé. Et j’ai dit, en vérité, que le mot économique était de trop. C’est vrai que l’économie est le résultat de la bonne politique. Mais je pense que le vrai miracle, à cette époque, c’était moins les grandes réalisations du Président Houphouët: infrastructures, universités, routes, écoles… Il y avait un autre aspect du miracle dont on parlait moins: c’est lorsque le président Houphouët a lancé à ses autres frères des partis de l’opposition aux temps coloniaux, l’appel au rassemblement, au sein du Pdci, pour faire avancer le pays vers l’indépendance. C’était, je crois, en 1958. Il y avait, à l’époque, six partis politiques en Côte d’Ivoire. Les autres partis auraient pu refuser de rejoindre le Pdci. Ils pouvaient dire aussi d’accord mais à condition qu’on change de nom. Comme ça on ne saurait pas qui a gagné. Mais, le Pdci, ayant gagné tous les sièges à l’Assemblée territoriale, à l’époque, les autres partis politiques avaient accepté de rejoindre le président Houphouët-Boigny. Cela a été le miracle, la chance de la Côte d’Ivoire. C’est le rassemblement autour d’Houphouët-Boigny qui lui a permis de réaliser tout ce que nous voyons.

Pensez-vous qu’il faut donc un rassemblement autour du Président Ouattara ?
Aujourd’hui, le président Bédié, qui connaît le président Houphouët mieux que moi, (il était son successeur constitutionnel), juge opportun, choisit le moment et le lieu pour faire cette déclaration. C’est qu’il y a bien pensé. Ce n’est pas un appel lancé au hasard. C’est pourquoi je pense que tout ce qui peut nous amener à nous rassembler et tout ce qui peut nous amener à construire sur le rocher, moi, j’y adhère. L’essentiel pour nous, c’est que la Côte d’Ivoire marche dans la paix. Si les gens étaient moins égoïstes, ne pensaient pas trop à eux-mêmes et que leur seul objectif était de construire un pays pour l’avenir, il n’y aurait pas tant de problèmes autour de la Présidence de la République. Si, en pleine démocratie, en plein multipartisme, les deux alliés Présidents Ouattara et Bédié arrivent à rassembler les Ivoiriens, pour avancer, je dis que c’est miraculeux. Et j’applaudis personnellement. Houphouët-Boigny a avancé dans l’unité. Si Ouattara et Bédié recréent l’unité, profitons-en pour avancer ! Cela n’empêche pas la démocratie.

Parlez-vous de cette question cruciale au sein de l’Alliance des forces démocratiques ou au niveau de votre parti, le Rpp ? Ou alors votre position est-elle purement personnelle ?
Ma position n’engage que moi. Et puis l’alliance n’est pas un parti politique. C’est un rassemblement de partis qui ont décidé de travailler quand c’est possible, ensemble. Même s’ils n’ont pas les mêmes idéologies. Et lorsque vous prenez une décision interne à votre parti, l’alliance n’a rien à y voir. En tant qu’apôtre d’Houphouët-Boigny, je dis que mon représentant à la Cei doit continuer. Je ne dirai jamais non au dialogue. Et je ne serai jamais pour la politique de la chaise vide. La lutte politique n’a pas de fin.

En tant qu’apôtre du Président Houphouët-Boigny, Fologo pourrait-il rejoindre Bédié et Ouattara qui sont en train de recréer l’unité des houphouétistes?
Tout ce qui amène au rassemblement, à l’unité et à la confiance, peut être suivi. C’est-à-dire que si vous apprenez qu’un jour M. Fologo est revenu dans sa famille politique élargie, c’est parce qu’après tout, le Rhdp, c’est le Pdci élargi. C’est le Pdci moderne, nouvelle formule. Si vous regardez bien, vous verrez que tous ceux qui sont dans ce groupement sont des enfants sortis du ventre du Pdci. Je ne les minimise pas. Mais c’est l’histoire. Le Pdci est né dans le multipartisme colonial. A un moment donné, il est devenu un parti unifié. Je ne dirai jamais parti unique. Et en 1990, il s’est à nouveau éclaté. En 2005, certains de ses enfants se sont retrouvés pour créer le Rhdp. Si demain, cette famille venait à s’agrandir, à rassembler tous les enfants d’Houphouët-Boigny, moi, je serais de ceux-là. Alors, j’y aurais ma place, pourquoi pas ? Si vous apprenez un jour que le Rpp a intégré le Rhdp, qu’est-ce qui serait scandaleux? C’est ma famille naturelle. J’ai fait toute mon école dans cette écurie. La vie évoluant, la politique bougeant, on peut imaginer qu’un grand parti houphouétiste existe à nouveau et que tous ceux qui ont goûté à ce lait reviennent à la famille. Cela peut arriver. Moi, je ne trouverais aucune gêne à me retrouver là-dedans. Surtout que les valeurs fondamentales du Rpp ne sont autres que l’houphouétisme. En dehors de petits dérapages de personnes qu’on a eus, fondamentalement nous sommes ensemble.

Vos détracteurs diront: ça y est. On s’y attendait. Fologo aime toujours sécher son linge au soleil
Oui, j’ai accepté cela. Parce que ce n’est pas très intelligent de sécher le linge sous la pluie ou dans l’eau. Mais j’essaie de le sécher le plus proprement possible. C’est-à-dire avec toute ma foi, conviction, en respectant les uns et les autres. Mon souhait, est que la Côte d’Ivoire devienne un grand pays. Si pour arriver à cela, il y a des concessions à faire, la modestie, l’humilité, la volonté de servir, si tout cela peut nous y conduire, personnellement, je partage cela.

Quelles sont vos relations avec le pouvoir aujourd’hui ?
J’ai dit que je suis un opposant spécial. Je suis un opposant modéré et constructif. Donc, mes relations avec le pouvoir reposent sur cela. Et quand le pouvoir pose des actes positifs, je le soutiens. Que ceux qui ont décidé de me suivre, acceptent cet esprit d’opposant modéré.

Que voulez-vous que les Ivoiriens retiennent après cette interview qu’on pourrait appeler celle du retour de Fologo ?
Je veux dire à tout le monde que Fologo n’a pas changé. C’est le même. J’ai servi les présidents Houphouët, Bédié, du mieux que j’ai pu. Aujourd’hui, je souhaite que le Président Ouattara réussisse la mission que le peuple lui a confiée. Et que tous les Ivoiriens participent à la construction du pays.

INTERVIEW RÉALISÉE PAR

EMMANUEL KOUASSI