Immigration clandestine, trafic d’armes, terrorisme: Le casse-tête libyen

Immigration clandestine, trafic d’armes, terrorisme: Le casse-tête libyen

Trop d’armes et de criminels dans le désert libyen

La crise de l’immigration clandestine ou plus exactement le trafic d’êtres humains auxquels les candidats au voyage sur l’Europe sont victimes a révélé le caractère ignoble des bandes armées qui sévissent dans le désert libyen.

Ces hommes sans foi ni loi ont installé dans les contrées qu’ils sont les seules à maitriser, une mafia. Ils y organisent toutes formes de trafic à commencer par la traite d’humains. Lorsque la Libye de Mouammar Kadhafi disparait, les bandes armées trouvent une aubaine pour y installer leurs bases, la ‘’ capitale ‘’ de leurs crimes.

Le pays en pleine déconfiture leur offre ce qu’ils espèrent le plus. Il n’y a point d’autorité pour les pourchasser et les armes circulent à flots. On le sait, la Libye était l’un des pays les plus armés en Afrique. Lorsque la crise atteint son point culminant, l’armée régulière est sans maître.

Chacun des hauts responsables est plus occupé à sauver sa vie que les armes. Conséquence, les différentes poudrières de l’armée sont pillées. Et les plus gros trafiquants d’armes viennent y installer leur commerce.

Au cours des premiers mois, les kalachnikovs, pourtant très prisées, trainaient dans les rues. On ne les vendait pas. Au demeurant on les offrait en cadeau aux gros acheteurs. C’était la période ou les missiles et Rpg étaient recherchés. Les bandes armées ont le temps de s’organiser et même de prétendre l’acquisition de nouveaux territoires pour écouler leurs marchandises.

Composées d’armes mais aussi de drogues. Le nord du Mali est le premier territoire hors Libye visé. Tombouctou, puis Gao tomberont aussi facilement que le matériel déployé dépassait largement l’équipement de casernes subsahariennes.

Il a fallu l’intervention de l’armée française pour stopper la progression de ces criminels. Qui, entretemps, se donnent à cœur joie à tout commerce ignoble. A commencer par la capture et la vente d’êtres humains.

Au départ, ils ne visaient que les ressortissants européens

Lors d’une enquête sur la route de l’immigration clandestine, nous avions, en octobre 2016, rencontré des organisateurs de voyage sur la Libye qui se vantaient de maîtriser « le circuit le plus sûr » pour… éviter les trafiquants d’êtres humains. Ils nous ont expliqué que depuis un moment, les preneurs d’otages s’intéressaient de plus en plus aux Noirs. « Il n’y a plus de Blancs qui s’aventurent dans la zone. Donc ils cherchent des Noirs à vendre ».

Au départ, le commerce humain portait sur des ressortissants européens. Les bandes se donnaient pour objectifs d’en capturer. Et de les vendre à d’autres trafiquants. C’est avec les ‘’amis’’ organisateurs du trafic que nous avons le plus compris comment fonctionnaient les prises d’otages. C’est par paliers.

« Quand vous entendez qu’un Européen est détenu quelque part, généralement ce ne sont pas ceux qui le détiennent qui l’ont pris. Il y a des bandes dont la spécialité consiste à attraper des otages. Elles les vendent à d’autres bandes qui les revendent directement ou parfois à d’autres intermédiaires jusqu’à ceux qui ont la logistique de conserver un otage. Et surtout l’expertise de le monnayer à un prix élevé. »

Quand à un moment, les consignes des chancelleries occidentales font effet sur les ressortissants européens, les vendeurs d’êtres humains se ruent alors sur les Noirs. « Eux, on ne les attrapait pas parce que leurs pays ne payent jamais de rançon. La stratégie trouver pour gagner de l’argent a été de les soumettre à torture jusqu’à ce quelqu’un, depuis leur pays d’origine, expédie de l’argent. »

La vente de Noirs venait ainsi de commencer. Et va s’empirer sans mesure dans les zones sous contrôle des bandes armées. Qui maîtrisent le désert libyen.

Bledson Mathieu