Hommage : Simone Veil, une destinée hors du commun

Hommage : Simone Veil, une destinée hors du commun
Hommage : Simone Veil, une destinée hors du commun
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Hommage : Simone Veil, une destinée hors du commun

Depuis vendredi, le monde entier rend un hommage mérité à cette icône qui s’est éteinte, le 30 juin, à quelques jours de son 90e anniversaire. Un hommage qui retrace la vie mouvementée et bien remplie d’une grande dame, « la mère » de la loi sur le droit des femmes à assumer ou non une maternité.  Née à Nice le 13 juillet 1927, au sein d’une famille juive, Simone Veil (née Jacob) est, au cours de la Seconde Guerre mondiale, déportée à Auschwitz, à l’âge de 17 ans et y perd sa mère. Après sa libération, elle fait des études de droit, épouse Antoine Veil et entre dans la magistrature en 1957. Simone Veil dont la vie est forgée par l’horreur de la shoah embrasse le monde politique et s’inscrit dans le combat pour la libéralisation des mentalités. En 1970, elle est la première femme à occuper le poste le poste de de secrétaire générale du Conseil supérieur de la magistrature. Cette ascension professionnelle et ses positions politiques l’amènent à être nommée ministre de la Santé en mai 1974, sous la présidence  de Valéry Giscard D’Estaing.

La « loi Simone Veil », symbole de l’émancipation de la femme

 En tant que ministre de la Santé, elle fait notamment adopter la "loi Veil", promulguée le 17 janvier 1975, qui dépénalise le recours par une femme à l'interruption volontaire de grossesse (Ivg), le symbole de la lutte pour la cause féminine. Toute chose qui lui vaut certes beaucoup d’injures et d’animosité, mais aussi de l’admiration et du respect. Sa popularité ne cesse alors de croître. De 1979 à 1982, Simone Veil est la première présidente du Parlement européen qui vient d'être élue au suffrage universel. En 1993, elle devient ministre d'État, ministre des Affaires sociales, de la Santé dans le gouvernement Edouard Balladur.

Simone Veil siège au Conseil constitutionnel de 1998 à 2007, avant de se retirer progressivement de la vie politique. Femme de conviction, elle n’hésite pas à assumer librement ses choix politiques. Proche de la famille centriste, elle soutient Nicolas Sarkozy à l'élection présidentielle de 2007.
Sa vie et son caractère hors pair fait d’elle une femme admirée et respectée de façon quasi unanime. Issues de tous les bords politiques, plusieurs personnalités saluent la mémoire de la défunte pour tous les combats qu’elle a menés  et qui l’ont rendue si populaire, notamment ceux menés pour l’émancipation de la femme, mais aussi en faveur de la paix de l’Europe. Pour la plupart des personnes interviewées, hier, sur la Radio internationale (Rfi), Simone Veil était le symbole de la vie, celui de la de la femme, de la beauté, le modèle de courage et d’humanité. Pour bon nombre d’entre elles, elle reste un exemple, une personne qui laissera un vide immense. « Mme Veil est partie au sommet de notre histoire », a déclaré Jean-Luc Mélenchon.  L’icône reçoit aussi des hommages qui viennent même des acteurs des partis politique qu’elle aura pourtant combattu tout au long de sa vie. Pour elle, Marine Le Pen dira : «Simone Veil aura incontestablement marqué l’histoire politique de la France ».

Elle reste avant tout le monument humain qui a fait progresser de façon remarquable la cause des femmes. Présidente de la Fondation pour la mémoire de la Shoah, cette Européenne ne manque pas d’être présentée comme le témoin vivant d’une histoire dramatique à la veille de la Seconde guerre mondiale et devient l’espoir d’un peuple pour qui elle a aussi beaucoup œuvré.

Une belle leçon de courage

Courage et abnégation ! Ce sont les mots qui reviennent incessamment sur les lèvres de ceux qui mentionnent son nom. « Il est essentiel que nous conservions sa mémoire et que jamais nous ne l’oublions. Elle  avait une force de vie formidable. C’est quelqu’un qui avançait dans la vie. Son action doit rester vivante», s’est exprimée l’une de ses admiratrices sur les ondes de Rfi, hier, à l’annonce de son décès. Puis de poursuivre : « Son engagement de femme à changer les choses  quand il le fallait est une leçon de courage, de volonté, de détermination. Je me souviens des insultes qu’on lui adressait lorsqu’elle parlait de la question fondamentale du droit des femmes à disposer de leur corps. Lorsqu’elle parlait de la loi sur l’avortement ». Les discours du symbole de l’Europe résonnent encore dans l’esprit de ceux qui l’ont connue.

L’Europe de la solidarité, de l’indépendance, de la coopération, le rêve de Simone Veil

 Il y a quelques mois, elle présentait encore sa conviction. « Pour relever les défis auxquels l’Europe est confrontée, c’est dans trois directions qu’il faudrait regarder : l’Europe de la solidarité, l’Europe de l’Indépendance, l’Europe de la coopération… Parce qu’il est élu au suffrage universel et cultivera ainsi de cette élection une autorité nouvelle, ce Parlement aura un rôle particulier à jouer pour permettre aux communautés européennes de relever ces défis », a-t-elle fait savoir.

Parmi les voix qui se sont exprimées depuis son décès, celle de Valery Giscard d’Estaing qui souhaite que la détermination de la défunte serve d’exemple aux générations nouvelles. L’actuel Président de la République française, Emmanuel Macron, va dans le même sens. Anne Hidalgo, la maire de Paris, veut, quant à elle, attribuer le nom de l’icône à un lieu marquant de l’histoire.

Combat des femmes, libre choix de la maternité, Simone Veil, un monument à part

Pour Jean-Louis Debré, ancien président du Conseil constitutionnel, Simone Veil (qui y a aussi siégé entre 1998 et 2016) a incarné avec dignité la déportation des juifs de France, revenus des camps de concentration. Elle incarne aussi, pour toutes les générations, le combat des femmes à assumer ou non une maternité. Elle est, pour toutes ces raisons et bien d’autres encore, « un monument à part », a dit son homologue. Selon lui, dans cet hommage que l’on rend à Simone Veil, il ne faudrait surtout pas oublier son époux, Antoine Veil, avec qui elle aura partagé environ 67 ans d’amour. Un époux qui a toujours été à ses côtés et qui lui a permis d’être ce qu’elle a été. Son livre autobiographique qui retrace sa destinée hors du commun a dépassé le seuil de 302 000 exemplaires vendus. Ses obsèques auront lieu mercredi.

 

BRIGITTE GUIRATHE