Djédjé Mady :“ Nous demandons que nos textes soient respectés jusqu’à ce qu’ils changent ”

Le professeur Alphonse Djédjé Mady
Le professeur Alphonse Djédjé Mady
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Djédjé Mady :“ Nous demandons que nos textes soient respectés jusqu’à ce qu’ils changent ”

Le  pré-congrès vient de s’achever. Les militants, dans leur grande majorité, ont donné leur onction au président Henri Konan Bédié. Ne pensez-vous pas que votre combat est perdu d’avance?
Je pense que c’est une bonne chose, s’il se trouve qu’à ces pré-congrès, les militants ont demandé que le président soit candidat. Il n’y a que le congrès seul qui décide. Le précongrès est une instance non statutaire, informelle, comme le conclave. Si un candidat est convaincu qu’il sera élu, ce qui reste à faire, c’est d’aller à ce congrès qui doit se passer conformément aux textes en vigueur, dans une véritable démocratie où tous les congressistes, en leur âme et conscience, vont mettre leur bulletin dans l’urne derrière l’isoloir. Celui qui gagne aura gagné et si le président Bedié gagne, je pense que le Pdci l’aura choisi et nous travaillerons avec lui.

Lors de votre dernière conférence de presse et parlant de la loi sur les partis politiques, vous avez dit que lorsqu’il y a des modifications dans les statuts d’un parti, ils ne sont pas applicables sur le champ. Certains juristes du Pdci estiment que le congrès est souverain et que les décisions du congrès sont applicables immédiatement…
Le congrès est souverain, mais les décisions du congrès ne sont pas au-dessus des lois de la République auxquelles s’adossent les statuts et règlement intérieur. Le dernier article des statuts, tout comme celui du règlement intérieur, s’adossent à la loi de la République n°93-668 du 9 août 1993. Quand des juristes disent une chose et son contraire, cela dépend de la personne qui les a commis. Tout cela est un jeu d’enfant. Je pense qu’il y a une vérité démocratique qui veut que tous les membres statutaires du congrès soient convoqués pour le congrès conformément aux statuts et qu’il y ait un vote démocratique à bulletin secret et celui qui gagne aura gagné. Je ne suis pas en palabre avec le président Bédié. Cela ne m’éfleure pas du tout l’esprit. Il ne faut pas qu’on m’oblige à me positionner comme candidat contre le président Bédié. Je suis candidat pour proposer mes services au Pdci-Rda et le congrès, seul, décidera. Ni un conclave ni un pré-congrès ne peuvent décider ; ce ne sont pas des instances de décision.

Ces deux éléments indiquent plus ou moins ce qui va se passer au congrès…
Allons-y au congrès donc ! Pourquoi avez-vous peur d’aller à la vérité? C’est comme au football, vous voyez une équipe à l’entrainement et vous dites comme l’équipe joue bien, le match est déjà gagné. C’est sur le terrain qu’on a le vrai score et non à l’entrainement. Le congrès est le jour du match et c’est aussi le stade où le match va se jouer.

Vous avez expliqué que le président Bédié ne peut pas briguer un autre mandat conformément aux statuts en vigueur. Jusque-là, il n’a pas renoncé à sa candidature. Que comptez-vous faire pour que cette disposition statutaire soit respectée ?
Vous verrez. Ce n’est pas le moment de le dire. Je pense que si j’ai quelque chose à faire, je le ferai et si je le fais, vous verrez.

Certains militants voient en votre déclaration de candidature un acte de trahison. Ils soutiennent que toute votre présence à la tête du secrétariat général correspond à la trahison.
Que répondez-vous?
Y-a-t-il trahison lorsqu’un congrès s’ouvre et que des militants proposent leur candidature ? Je ne vois pas le fait de trahison. Qu’on relève dans le travail que j’ai fait pour le Pdci, l’acte qui a trahi mon engagement vis-à-vis de mon parti. Etre candidat n’est pas trahir quelqu’un. Je propose mes services au congrès et le congrès appréciera.

Vous avez créé l’Alliance pour le Renouveau démocratique.
Cela apparait aux yeux de certains observateurs qu’il y a un déficit de démocratie au sein du Pdci dont vous êtes le secrétaire général. N’est-ce pas une flèche que vous décochez contre vous-même ?
Qu’ils le prennent comme tel, moi, je ne pense pas que l’essentiel du débat soit à ce niveau. Nous luttons pour que la démocratie ait lieu au sein du Pdci. Le maintien de la démocratie est une lutte permanente et cela réside dans la liberté d’expression que chaque militant doit avoir, dans le cadre du parti, de s’exprimer et de poser des actes. La démocratie n’est pas un acquis définitif. Et nous demandons, dans le cadre de cette démocratie, que nos statuts en vigueur soient respectés. Pour l’heure, ce n’est pas ce que nous voyons dans le cadre des préparatifs de ce congrès. Nous demandons que nos textes soient respectés jusqu’à ce qu’ils changent.

Il y a un groupe de militants qui veut entreprendre une médiation. Etes-vous prêt à rencontrer le président Bédié ?
Je ne suis pas en palabre avec le président Bédié. Il est mon aîné d’une part et il est mon président d’autre part. Contrairement à ce que l’on pense, je ne suis pas en rébellion contre lui. S’il m’invite à un débat, à une négociation, une rencontre de quelque nature que ce soit, je serai présent. Le Pdci Rda est le parti du dialogue.

Certaines personnes voient à travers cette  candidature contre le président Bédié, une candidature contre le Président Alassane Ouattara, en 2015.
Que répondez-vous ?
C’est une ineptie. Le but de tout parti politique est d’avoir des activités internes. Dans le cadre même de l’alliance au sein du Rhdp, les partis sont autonomes. Le Pdci prépare aujourd’hui son congrès, avant lui, c’était l’Udcy, puis le Mfa qui a fait sa rentrée politique. On annonce un congrès du Rdr. Tout cela relève de la vie interne de chaque parti. Quand vous êtes en coalition, il faut exister avant d’aller s’associer à l’autre. Nous mettons de l’ordre dans notre maison pour être plus efficace, plus responsable, plus actif dans le cadre de l’alliance. On ne s’allie qu’à ce qui existe. Le Pdci doit exister pour apporter quelque chose de positif au Rhdp. Je laisse ceux qui le disent avec leur conscience. Pourquoi ne disent-ils pas aussi que le président Bédié est candidat contre le président Ouattara ?

Vous avez demandé la mise sur place d’un comité paritaire en vue de l’organisation du congrès. Pourquoi ?
Le comité d’organisation mis en place s’est transformé en comité de campagne d’un candidat. Dans ce cas, il est bon de créer un comité paritaire. C’est un problème que nous soulevons. Si le Pdci est un  parti de dialogue, on se penchera sur ce problème pour que les choses se passent normalement.

Et si ce n’était pas le cas ?
On verra.

Nous sommes à un mois du congrès.
Que reste-t-il à faire pour un militant qui veut être candidat?
Les textes ne fixent ni la période ni le délai auxquels il faut déposer les candidatures. Normalement, si le comité d’organisation était objectif, il devrait lancer un appel à candidatures pour recevoir les candidatures qui s’expriment. Si ce n’est pas fait, ce sera au bureau du congrès de le faire. Mais il aurait été mieux que ce soit le comité d’organisation qui reçoive les candidatures plutôt que le bureau qui a une durée de trois jours.
Interview réalisée

par Etienne  Aboua et Jules Claver AKA