Alain Lobognon, Akossi Bendjo, Jacques Ehouo: Ce que le Procureur de la République leur reproche

Alain Lobognon, Akossi Bendjo, Jacques Ehouo: Ce que le Procureur de la République leur reproche

Le concerné a ensuite été déféré devant le parquet puis inculpé avant d’être relaxé en raison de l’immunité parlementaire qui le couvre. Mais le procureur de la République, Adou Richard, lors d’une conférence de presse, vendredi, à son cabinet sis au Palais de Justice du Plateau, requis l’ouverture d’une information judiciaire, sans mandat de dépôt, contre lui. « Plusieurs convocations ont été adressées à M. Ehouo pour l’inviter à se présenter devant la police économique pour y être auditionné. Mais, il n’est jamais venu.

Le jour où il a daigné finalement venir, il a fallu faire son audition. J’ai demandé donc que son dossier me soit acheminé et on a demandé donc une information judiciaire qui permet au juge d’instruction de pouvoir prendre le temps de fouiller la procédure, d’aller plus en profondeur. Et c’est à l’issue de cela, qu’on va penser à un jugement si les faits sont établis après investigation », a-t-il expliqué. Avant d’ajouter que la peine requise pour le délit dont M. Ehouo est accusé est de 20 ans d’emprisonnement.

Le magistrat du ministère public chargé de l’action publique a fait savoir que Ehouo Jacques, après son audition, a été inculpé pour les faits de détournement de deniers publics, faux et usage de faux et de blanchiment de capitaux par le juge d’instruction du 5e cabinet. « Il a été laissé en liberté provisoire, car ne pouvant faire l’objet d’arrestation sans l’autorisation du bureau de l’Assemblée nationale, conformément à l’article 92 alinéa 2 de la Constitution », a-t-il précisé.

Le procureur Adou Richard a regretté que Ehouo Jacques, sur conseil des avocats, en dépit des nombreuses convocations à lui adressées, ait refusé dans un premier temps de se présenter devant la police économique. Le but de cette interpellation, a-t-il poursuivi, était juste de l’écouter en ce sens qu’au regard des dispositions de l’article 92 alinéa 2 de la Constitution, hors session parlementaire, seule l’arrestation du député n’est pas autorisée.

Le procureur s’est également indigné de l’attitude du député Alain Lobognon qu’il accuse d’avoir publié sur les réseaux sociaux des informations indiquant faussement que son parquet avait émis un mandat d’arrêt contre M. Ehouo. « Dans mon communiqué en date du 4 janvier 2019, j’ai clairement indiqué que l’arrestation d’un parlementaire était proscrite hors session sans la levée de son immunité», a-t-il rappelé. « L’assemblée nationale de Côte d‘Ivoire a requis la suspension de la poursuite du député Ehouo Jacques, en application des dispositions de l’article 92 alinéa 3 de la Constitution de l’article 45 alinéa de son règlement intérieur.

Malgré cela, le procureur a ordonné l’arrestation de notre collègue », aurait affirmé Alain Lobognon, selon le parquet. Une déclaration qui a créé l’émoi et engendré des manifestations, des sit-in et autres appels à la violence. Au vu de ces faits qu’il qualifie de flagrant délit, Adou Richard a lancé un mandat d’arrêt contre Alain Lobognon. Il a instruit la section de la gendarmerie nationale, à l’effet « de rechercher l’intéressé, de l’appréhender et de le conduire devant mon parquet pour être suivi contre lui selon la procédure de flagrant de délit des faits de divulgation de nouvelles fausses et d’incitation à la violence, faits prévus et punis par les articles 173, 174, 178 alinéa 2 du code pénal ».

Si Alain Lobognon est inculpé, selon le parquet, il pourrait être condamné à 5 ans de prison ferme.  Le procureur de la République a également émis un mandat d’arrêt national contre Akossi Bendjo afin qu’il vienne s’expliquer dans les faits de détournement de fonds dont il est  également accusé.

KANATÉ MAMADOU