Adjoumani à propos de Soro : " Trop de bruit pour une démission…il reste un frère "

Adjoumani à propos de Soro : " Trop de bruit pour une démission…il reste un frère "

Dans un échange avec la presse, il a réagi aux sorties de Guillaume Soro après sa démission de la présidence de l’Assemblée nationale. Pour lui, l’ex-président de cette institution multiplie les déclarations tapageuses, alors qu’il a lui-même décidé de quitter le perchoir. « Je pense que c’est trop de discours, trop de bruit pour une démission. Personne n’a forcé M. Soro, qui reste un frère, à démissionner. Il a fait un choix, celui de ne plus faire partie du Rhdp, mais de se rapprocher de Bédié qui a rompu avec le Rhdp. Les deux, je crois, veulent créer une nouvelle plateforme pour combattre le Rhdp aux prochaines élections. A l’Assemblée nationale même, il y a une redistribution des cartes en vue. De nouveaux groupes parlementaires sont en instance de formation. Au regard de tout cela, M. Soro ne pouvait plus diriger l’Assemblée nationale, parce qu’il a rompu avec le Rhdp qui est majoritaire à l’Assemblée nationale », a-t-il expliqué.

Le président du mouvement ‘’ Sur les traces d’Houphouët-Boigny’’ relativement à cette démission, a demandé s’il est normal de voir un député issu d’un groupe parlementaire minoritaire diriger la majorité.  A cette interrogation, il a répondu par la négative. « Il ne faut pas réclamer le beurre et l’argent du beurre au Président Ouattara. C’est donc un problème de bon sens. Maintenant, il faut sortir des émotions et mener sa nouvelle vie de liberté avec dignité et responsabilité et non tenter vainement de faire croire que la cause de son malheur, ce sont les autres », a-t-il ajouté.

Le Président Ouattara pas ingrat envers Soro

Kobenan Kouassi Adjoumani a déclaré que le Président Ouattara n’a pas été ingrat envers Guillaume Soro.  Aussi, a-t-il regretté que celui-ci, après sa démission, tente de se faire passer pour une victime.  « Je voudrais préciser que quitter une fonction comme celle de président de l’Assemblée nationale ne fait pas de vous un chômeur. Un ancien président de l’Assemblée nationale n’a pas besoin de faire une quête de sacs de riz pour pouvoir se nourrir. Il faut préserver la dignité de la fonction qu’il a incarnée et arrêter cette plaisanterie de mauvais goût qui est en fait une insulte à la mémoire collective des Ivoiriens. Il y a des milliers de personnes dans nos villages et dans nos villes qui ont besoin de sacs de riz. Si Soro n’est plus président de l’Assemblée nationale, il demeure tout de même député. Et à ce que je sache, un député a quand même de quoi s’acheter un sac de riz. Il faut faire preuve d’un peu de dignité, quelles que soient les circonstances », a-t-il soutenu. Avant de faire savoir que la plateforme que Guillaume Soro veut mettre en place avec le président du Pdci-Rda, Henri Konan Bédié, ne constitue pas une menace pour le Rhdp. Mieux, pour lui, c’est « plutôt le Président Ouattara qui trouble leur sommeil » au point qu’ils veulent se liguer pour le combattre.

 

Eventuel 3e mandat du Chef de l’Etat

 

Le porte-voix de l’Alliance des houphouétistes s’est, par ailleurs, prononcé sur la question d’un éventuel 3e mandat du Chef de l’Etat. Il a, à cet effet, avancé que la polémique que cela suscite est simplement un manque de cohérence dans le discours de l’opposition. « Car, si tant est que le Président Alassane Ouattara a été un mauvais Président, qu’il n’a pas bien travaillé et que les Ivoiriens l’ont vomi, mais pourquoi ne pas applaudir des deux mains si c’est le candidat que le Rhdp veut choisir pour affronter toutes les plateformes de l’opposition réunies ? L’opposition devrait se dire  c’est le candidat idéal pour nous, laissons-le se présenter, on le bat et on passe à autre chose », a-t-il expliqué. Puis de continuer : « Or, si cette opposition remue ciel et terre contre une candidature qui est tout à fait légale, c’est qu’elle reconnaît implicitement que le Chef de l’Etat a fait du bon travail et qu’il sera difficile de le battre, parce qu’il a un bilan que personne ne peut contester. Depuis la mort du Président Houphouët-Boigny, aucun Président n’a fait mieux que le Président Alassane Ouattara. Et ça c’est tangible et vérifiable ».

Toutefois, il a tenu à préciser que jusque-là, le Chef de l’Etat n’a pas encore dit qu’il est candidat ou qu’il ne le sera pas. Pour lui donc, il faudra attendre 2020 pour connaître la position du Président Ouattara. « Quoiqu’il en soit, nous sommes prêts, au Rhdp, à suivre toutes les orientations que le Président Ouattara va nous indiquer, dans le cadre de la discipline du parti », a-t-il insisté.

 Parti politique Rhdp

Parlant de la création du Rhdp, Kobenan Kouassi Adjoumani a indiqué que cette coalition est désormais un parti politique qui va grandir pour devenir une machine qui remportera les élections en 2020.  Le retrait du Pdci-Rda, à l’en croire, n’a nullement affaibli cette formation politique mise en place le 26 janvier 2019. « Le Pdci de Bédié tente d’exister, de survivre. Mais ce Pdci-Rda n’est plus le Pdci-Rda d’Houphouët-Boigny. Et tous ceux qui parlent le savent et c’est parce qu’ils le savent qu’ils se sont inscrits dans une stratégie de dénigrement et de diabolisation du Rhdp », a-t-il avancé.  

 

Concernant les pressions exercées et le débauchage des cadres du doyen des partis politiques en Côte d’Ivoire, M. Adjoumani a rétorqué que c’est de leur plein gré que ces personnalités ont rejoint les rangs du Rhdp.

Agenda personnel de Bédié et Soro

Il a aussi soutenu que le président Bédié et Guillaume ont refusé d’adhérer à leur coalition parce qu’ils ne veulent pas s’inscrire dans une vision de rassemblement.  « Les gens se comportent parfois comme si on leur a posé un pistolet sur la tempe en leur disant d’aller au parti unifié. Ce n’est pas vrai. Vous avez été tous témoins de tous les efforts que le Président Alassane Ouattara a faits pour tenter de raisonner et de convaincre le Président Bédié, le persuader de ne pas abandonner le projet. Mais, contre cette main tendue, qu’est-ce que le Président Ouattara a récolté ? Des invectives, des attaques de toutes parts. Malgré tout, il n’a jamais cessé de tendre la main à son aîné. C’est pareil pour M. Guillaume Soro qui a clairement dit au Président Ouattara, à plusieurs reprises, qu’il n’entendait pas militer au Rhdp unifié et il a pris sa liberté. Qui l’a obligé à faire quoi que ce soit pour faire aujourd’hui feu de tout bois en accusant le Président Ouattara de tous les maux lorsqu’il ouvre la bouche ? La vérité, nous la connaissons. Ce sont les ambitions personnelles des uns et des autres qui sont à l’origine du départ de M. Bédié et de M. Soro. Chacun d’entre eux avait son agenda caché », a-t-il expliqué.

A la question de savoir pourquoi le Président Ouattara n’a-t-il pas voulu attendre après 2020 comme suggéré par le Président Bédié, il a répondu : « Tout a été discuté et concerté dans le processus de mise en place du parti unifié. Rien n’a été imposé. Il s’est trouvé juste que la volonté politique et le courage ont manqué à un moment donné à certains. Le point d’achoppement avec le président Bédié, ce n’est pas la question de la candidature d’un cadre du Pdci-Rda en 2020, mais plutôt le souhait de M. Bédié de se porter lui-même candidat ».

Dans la perspective des échéances à venir, Kobenan Kouassi Adjoumani a souhaité que le débat politique se passe, mais dans un climat apaisé. « Ce qui est regrettable, c’est quand on voit des responsables politiques d’un certain niveau sombrer dans la délation, la diabolisation, l’exacerbation de la violence verbale et de la haine, l’intoxication à outrance », s’est-il désolé.

L’appel aux enseignants grévistes

Le ministre des Ressources animales et halieutiques a, en outre, réagi aux grèves des enseignants.  Il a déclaré que la soudaine flambée des revendications sociales ne doit pas porter un coup à l’économie nationale, à la bonne gestion du pays et aux performances économiques remarquables de ces huit dernières années sous la gouvernance du Président Alassane Ouattara qui a très vite effacé les dures réalités de la sortie de crise de 2010 et 2011.

Il a invité les enseignants du secondaire à saisir la main tendue du gouvernement qui a ouvert le dialogue avec leurs différents syndicats. Non sans rappeler que le Président Alassane Ouattara a fait énormément pour les enseignants, toutes catégories confondues. « Des augmentations de salaires sans précédent, atteignant 47% au primaire, 21% au secondaire et 37% au supérieur. Rien que pour ça, je pense que les enseignants doivent se montrer reconnaissants et se considérer comme des privilégiés. Et quand bien même ils auraient des revendications légitimes à faire valoir, ils doivent éviter de recourir systématiquement à la grève », a-t-il conseillé.

KANATE M