Roman Sentchine, écrivain russe: “ Je serai curieux de me rendre en Côte d’Ivoire ”

Roman Sentchine, écrivain russe
Roman Sentchine, écrivain russe
Roman Sentchine, u00e9crivain russe

Roman Sentchine, écrivain russe: “ Je serai curieux de me rendre en Côte d’Ivoire ”

Roman Sentchine, écrivain russe: “ Je serai curieux de me rendre en Côte d’Ivoire ”

Qu’est-ce que vous voulez ? Qui est finalement le destinataire de la question-titre de votre troisième et dernier roman en date?

Dans un premier temps, à tous les lecteurs, car je n’écris jamais pour un type particulier ; je m’adresse à tout le monde. La preuve, vous êtes d’Afrique et m’avez lu.

Pourquoi faites-vous porter le récit par Dacha, une fillette de 14 ans ?

Dachounia est ma fille de  14 ans. Et Dacha est le diminutif de son nom.

C’est donc un ouvrage autobiographique ?

Essentiellement. Disons 50% de réel, de faits vécus et le reste, pur produit de mon imagination. J’ai vu sur le visage de ma fille et lu dans son regard le reflet des événements qui se passaient autour de moi. Dans ses yeux, il y avait des morceaux de questionnement : qu’est-ce qui se passe chez mes parents ?

Peut-on considérer ce roman comme une critique de l’autorité parentale ?

Ce n’est pas spécifique à Dacha. De façon générale, l’adolescence est une période très délicate, faite de métamorphose avec des événements plus ou moins douloureux aussi bien physiquement que mentalement et psychiquement.

L’environnement spatial est volcanique.

Tout à fait. Je décris une période où Moscou est en ébullition. Ces affres ne se déroulent pas tous les jours ou les ans. Ce sont des périodes électorales chaudes et électriques. Nous sommes à la veille de la présidentielle de mars 2012 à laquelle Poutine est donné vainqueur d’avance, et l’opposition dénonce des votes systématiquement falsifiés. Les moscovites descendent dans la rue, formant les plus grandes manifestations d’opposition jamais vues en Russie postsoviétique.

Quel est l’important en littérature ?

La compassion. Elle est le sentiment le plus  fort qui fait de nous des êtres humains.

Êtes-vous de ceux qui pensent que la littérature est menacée par la télé, internet etc.

Elle a effectivement tant de rivaux qu’il lui est difficile d’être à la pointe de la vie sociale. Mais grâce à Dieu, elle a des lecteurs et cela est une vraie joie.

Pourquoi avoir choisi la prose littéraire ?

Elle a toujours été le document littéraire le plus honnête qui soit et l’est restée. Tous les peuples d’Europe, et je présume d’Afrique aussi, attestent que c’est elle qui permet de comprendre ce qui se passe dans un pays. Et ils cherchent, dans tous nos livres, la vérité sur la Russie actuelle, sur sa politique.

Pour scruter l’horizon dans le pays de Vladmir Poutine, vous vous adossez assez souvent à 1917, date de la révolution russe. À quel besoin ce choix répond-il ?

C’est un vrai point de repère et après, il y a l’histoire du pays, par-delà. Un peu comme 1789, en France, est un repère. 100 ans après notre révolution, on ne sait pas si elle doit continuer ou pas. Beaucoup de pères reviennent à cette date historique et parlent de l’histoire. Ils sont beaucoup plus passionnés que moi, d’ailleurs.

Quel est votre écrivain préféré ?

Anton Tchekhov (Ndlr : 1860-1904, médecin en exercice, dramaturge et nouvelliste russe, auteur de près de 600 ouvrages).

Votre livre préféré ?

« Le don paisible» de Cholokhov (Ndlr : Ce livre de Mikhaïl Cholokhov (1905-1984) a été tiré à 79 millions d’exemplaires dans 974 éditions et traduit dans 84 langues et unanimement salué comme un chef-d’œuvre de la littérature russe, le roman a valu le prix Staline en 1941, puis le prix Lénine en 1960 et enfin le prix Nobel en 1965).

Que savez-vous de l’Afrique ?

Pas grand-chose. Ce sont des pays encore exotiques pour nous, mais j’ai vu le stand et je présume qu’il s’y passe un bouillonnement littéraire. Je serai curieux et heureux de me rendre en Côte d’Ivoire pour la découvrir.

Interview réalisée à Paris

PAR ALEX KIPRÉ