Réseaux Internet : Les avantages d'un écosystème interconnecté en Afrique de l'Ouest

Dawit Bekele, directeur du bureau africain de l’Internet Society
Dawit Bekele, directeur du bureau africain de l’Internet Society
Dawit Bekele, directeur du bureau africain de lu2019Internet Society

Réseaux Internet : Les avantages d'un écosystème interconnecté en Afrique de l'Ouest

Réseaux Internet : Les avantages d'un écosystème interconnecté en Afrique de l'Ouest

« C’est dommage, l’Afrique est loin d’être un marché unique Nous ne sommes pas un continent intégré. Nous avons des pays qui ont presque des frontières infranchissables. C’est un problème à résoudre », a fait remarquer, à Abidjan, le 25 août 2017, Dawit Bekele, directeur du bureau africain de l’Internet Society.

C’était au lendemain du 8ème Forum 8ème forum africain sur le peering (appairage) et l'interconnexion (AfPIF), tenu du 22 au 24 août 2017, à Abidjan. Il s’agissait selon M. Bekele de souligner les avantages d’un écosystème interconnecté en Afrique de l’Ouest. Et d’inviter surtout les « acteurs cruciaux de cet espace à travailler ensemble pour améliorer la connectivité dans la région. »

Changer la situation qui coûte chère à l’Afrique

Le directeur du bureau africain de l’Internet Society a expliqué qu’il faut savoir que l’Internet est un réseau des réseaux. Ainsi un grand nombre de réseaux se mette d’accord pour s’interconnecter et pour échanger du trafic. « A partir de la Côte d’Ivoire, l’on réussit à communiquer dans le monde entier grâce au fait que l’opérateur ivoirien auquel vous avez souscrit est connecté à d’autres réseaux », a-t-il expliqué.

A propos de l’Afrique, il a souligné que pour très longtemps, les réseaux africains n’étaient connectés directement qu’avec des réseaux européens, américains, etc.

« Cela veut dire, prenant un cas imaginaire, que lorsque vous voulez communiquer avec le Ghana et même avec quelqu’un qui a souscrit à un opérateur ivoirien qui n’est pas le vôtre, votre communication doit passer par l’Europe. Imaginez que pour partir d’Abidjan à Grand Bassam, il faut passer par Paris. Cela à l’air aberrant mais c’est ce qui s’est passé en Afrique et se passe dans un certain nombre de pays », a-t-il donné en guise d’exemple.

A l’en croire Internet Society estime qu’il faut changer cette situation qui coûte beaucoup à l’Afrique non seulement en termes d’argent, mais en termes de qualité Internet. Ces désagréments se sentent, par exemple,  lorsque l’on utilise Skype à travers un décalage lors de la communication. Pour ce faire Internet Society à travers ces activités a commencé par une sensibilisation des opérateurs.

Souvent le problème avec l’interconnexion c’est que ces opérateurs sont des concurrents. Si vous avez deux ou trois opérateurs qui sont concurrents, il faut qu’ils acceptent de s’échanger du trafic. « Ce forum que nous organisons depuis 8 ans montre l’importance de s’interconnecter et celle des meilleures pratiques. Il y a des pratiques qui peuvent encourager cette interconnexion », a-t-il souligné.

18 points d'échanges étaient présents

Selon M. Bekele, en Côte d’Ivoire, il y eu entre les opérateurs ce qu’on appelle un point d’échange. Où différents réseaux viennent s’interconnecter. Malgré l’existence de points d’échange cela n’a toujours pas été le cas et des opérateurs continuaient d’aller échanger du trafic en Europe. C’est donc pour toutes ces raisons, qu’Internet Society  entend aider les points d’échange pour qu’ils implémentent un certain nombre de mesures en vue de créent une confiance entre les différents opérateurs.  Au forum d’Abidjan, la première en Côte d’Ivoire et la 3ème fois en Afrique de l’Ouest, 18 points d'échanges étaient présents.

A ce niveau, M. Bekele explique qu’il y a deux genres d’accords. L’accord de transit, c’est-à-dire qu’il y a un opérateur qui paye à l’autre pour qu’il lui envoie du trafic. Cela se passe entre opérateurs de taille différente. Si vous avez un opérateur global, il n’acceptera pas qu’on se connecte à lui sans payer. Entre opérateurs africain on utilise le peering ou le trafic se fait sans échange  monétaire.

Les meilleures pratiques, selon lui, pourrait contribuer à l’amélioration du coût d’Internet aux consommateurs. « L’Afrique à beaucoup à perdre si elle n’a pas un Internet de qualité (…) Peut être qu’on peut dire que l’Afrique ne peut pas se permettre d’avoir des routes de première classe parce qu’elles coûtent très chères. Par contre, le continent peut avoir l’Internet de première classe », a-t-il indiqué. Et d’ajouter que cela dépend aussi d’une volonté politique.

Poursuivant, M. Bekele a affirmé qu’un Internet de qualité ouvre la porte à une éducation de première classe et donne l’opportunité aux jeunes africains de concurrencer les jeunes des pays occidentaux. « J’espère que dans 10 à 20 ans nous aurons des Google et Facebook africains », a-t-il souhaité.

Réduction de l’écart entre l’Afrique et le reste du monde

A propos des perspectives, le directeur du bureau africain de l’Internet Society, qui est une organisation internationale à but non lucratif engagée dans le développement, l'évolution et l'utilisation libres d'Internet, estime l’Afrique est une des régions du monde où internet croit avec une grande vitesse.

« L’écart entre l’Afrique et le reste du monde se réduit plutôt que de se creuser. Je pense qu’on peut être optimisme mais il faut du travail et de la volonté politique. Internet society est prête à accompagner la Côte d’Ivoire et tous les autres Etats Africains pour une meilleure qualité d’Internet », a-t-il promis.

Il faut signaler que ce sont, entre autres, 227 participants de 42 pays travaillant dans les IXP, les FSI, les régulateurs, les gouvernements, les fournisseurs de contenu, les fournisseurs de réseaux, les fournisseurs de matériel et les fournisseurs de logiciels qui  ont pris part au 8ème forum.

CHEICKNA D. Salif

salifou.dabou@fratmat.info