Réformes, licenciements à la BAD/Adesina: « Le changement s’accompagne toujours de bruit, de rumeurs ou même de procès d’intention »

Réformes, licenciements à la BAD/Adesina: « Le changement s’accompagne toujours de bruit, de rumeurs ou même de procès d’intention »

Réformes, licenciements à la BAD/Adesina: « Le changement s’accompagne toujours de bruit, de rumeurs ou même de procès d’intention »

Le président de la banque africaine de développement (Bad) a répondu à ses détracteurs, et donné sa version des faits à l’occasion du traditionnel déjeuner du nouvel an  en l’honneur des membres du corps diplomatique accrédité en Côte d’Ivoire. Le thème principal de la rencontre annuelle avec les ambassadeurs des Etats membres de la Banque africaine de développement (Bad) était bien libellé : « Bad : Progrès et perspectives de développement de l’Afrique ». Mais, dès l’entame de son allocution, le président de l’institution bancaire, Akinwumi Adesina, a tenu à mettre les points sur les « i ».

L’actualité de ces derniers jours ayant été marquée par des vagues suscitées par des licenciements intervenus à la Bad, notamment celui du vice-président Albéric Kacou, le premier ivoirien à atteindre ce niveau de responsabilité au sein de l’institution, le président Adesina ne pouvait éluder plus longtemps ce sujet controversé. « Je sais que vous avez probablement entendu parler de quelques changements intervenus à la Banque. Je puis vous assurer que tout se passe bien à la Banque », a-t-il assuré. Avant de donner sa lecture des événements : « Les actionnaires nous ont demandé de mener des réformes. Et c’est exactement ce que nous faisons. Ils nous ont demandé d’optimiser les ressources. Et c’est exactement ce que nous faisons. Ils nous ont demandé de changer la culture à la Banque, pour passer d’une culture de « droits acquis » à une culture de la performance. Et c’est exactement ce que nous faisons. Aucune organisation ne peut exceller dans la performance sans mettre l’accent sur la responsabilité en matière de résultats ».

« Nous travaillons dur, très dur, pour faire de la Banque une organisation plus souple, plus efficace, axée sur les résultats ; une organisation qui accélère le développement de l’Afrique, qui se fixe les normes de performance les plus hautes, qui réalise plus ; une organisation leader. La vieille culture des droits acquis est ébranlée et, comme vous pouvez l’imaginer, nous rencontrons de la résistance. Le changement s’accompagne toujours de bruit, de rumeurs ou même de procès d’intention. Mais attention, ne confondons pas rumeurs et faits », a-t-il recommandé.

Le président s’est voulu rassurant : « Mais je peux vous assurer que nous y arriverons, car nous ne pourrons répondre aux attentes de l’Afrique que lorsque toutes nos actions seront axées sur la performance. L’entraineur d’une équipe de football doit, s’il veut gagner, s’assurer que ses joueurs sont disciplinés et ont la volonté de remporter leurs matchs. Nous sommes déterminés à marquer beaucoup plus de buts dans le domaine du développement pour l’Afrique. Or, pour ce faire, nous devons renforcer l’alignement, la performance et la responsabilité axés sur les résultats. C’est cela ce qui se passe à la Banque. Rien de plus. Rien de moins. La Banque africaine de développement sera mieux outillée pour remplir sa mission et accélérer l’obtention de résultats. La Banque n’est pas une maison de retraite. Et dans ce processus de réformes, nous savons pouvoir compter sur votre soutien indéfectible. Soyez en sûrs, nous ne vous décevrons pas! »

Akinwumi Adesina a par la suite insisté sur ses « succès ». En 2017, a-t-il souligné, la Banque a obtenu des résultats remarquables en matière de développement sur le terrain, ce qui compte le plus. 4,4 millions de personnes se sont vues ouvertes l’accès à l’électricité grâce à notre priorité Éclairer l’Afrique et l’alimenter en énergie des High 5. 8,5 millions d’Africains ont accès à des technologies agricoles améliorées, à la faveur de notre priorité Nourrir l’Afrique. Notre programme Intégrer l’Afrique des High 5 a permis à 14 millions d’Africains d’avoir un meilleur accès aux transports. Notre priorité Industrialiser l’Afrique des High 5 a fourni à 210 000 petites entreprises un accès aux services financiers. Et notre priorité Améliorer la qualité de vie des populations africaines des High 5 a ouvert à 8,3 millions d’Africains un meilleur accès à l’eau et à l’assainissement.

Au chapitre du secteur privé, a-t-il égrené, un grand nombre d’investissements intéressants ont été réalisés. À titre d’exemple, nous avons soutenu Global Aluminium Corporation à hauteur de 100 millions de dollars dans le cadre d’une transaction d’un montant de 1,2 milliard de dollars, pour réaliser des investissements dans des infrastructures ferroviaires et portuaires. Ces investissements devraient apporter 400 millions de dollars supplémentaires au PIB guinéen.

Le patron de la Bad a aussi insisté sur ses actions en faveur de la Côte d’Ivoire. « Dans notre pays hôte, la Côte d’Ivoire, la Banque a été heureuse de participer, contre toutes attentes, à la mobilisation de 108,4 millions de dollars pour le programme de modernisation et d’expansion de la flotte d’Air Côte d’Ivoire, à travers l’acquisition de cinq nouveaux avions. Elle a également aidé à mobiliser 253 millions d’euros supplémentaires auprès du secteur privé. Cet investissement de la Banque permettra à Air Côte d’Ivoire de porter le nombre de passagers de 3 millions à 8 millions d’ici à 2026. Toujours en Côte d’Ivoire, nous avons financé à hauteur de 58 millions de dollars la construction d’une centrale hydroélectrique de 44 MW à Singrobo-Ahouaty. Cet investissement contribuera, dans une large mesure, à éclairer la Côte d’Ivoire et à l’alimenter en énergie ». « Je suis fier de ces réalisations. Mais je suis persuadé que nous pouvons faire plus », a-t-il concédé.

Dans notre pays hôte, la Côte d’Ivoire, a-t-il assuré, la croissance du PIB est estimée à 8 % en 2018, un autre pas positif vers l’Émergence. Je voudrais féliciter le Président Alassane Ouattara, son gouvernement et le peuple ivoirien pour ce résultat exceptionnel. Il ne fait aucun doute que les politiques économiques du pays progressent et que l’avenir s’annonce radieux. C’est pourquoi, la Banque a investi plus de 300 millions de dollars en Côte d’Ivoire en 2017, pour appuyer quatre nouvelles opérations.

Parlant de l’avenir immédiat au niveau de la banque et de ses opérations,  « Avec des ressources suffisantes entre 2018-2020, promet le président, la Banque prévoit de fournir à 35 millions d’Africains l’accès à l’électricité ; nos activités relatives à la priorité Nourrir l’Afrique permettront à 45,8 millions de personnes de bénéficier d’un meilleur accès aux technologies agricoles ; au titre de la priorité Intégrer l’Afrique, 50 millions d’Africains auront un meilleur accès aux transports.

Dans la cadre de notre priorité stratégique « Industrialiser de l’Afrique », 7 millions personnes bénéficieront des projets d’investissement, et pour l’amélioration de la qualité de la vie, 36,8 millions de personnes auront un meilleur accès à l’eau et à l’assainissement ».

Afin de mobiliser des fonds de pension, des fonds souverains et des investisseurs institutionnels africains et mondiaux en faveur de l’investissement en Afrique, la Banque a lancé le Forum pour l’investissement en Afrique, qui se tiendra du 7 au 9 novembre à Johannesburg, en Afrique du Sud. Ce forum aura un caractère purement transactionnel et devrait devenir le premier marché d’investissement en Afrique, se réjouit d’ores et déjà M. Adesina qui table sur une prochaine augmentation de capital de l’institution, qui aurait déjà reçu, à l’en croire, « le fort soutien du Conseil d’administration, des gouverneurs de la Banque, et des ambassadeurs représentant nos pays actionnaires ».

Valentin Mbougueng (source : discours du président de la Bad le 6 février à Abidjan)