Pr Saliou Touré: “ L’enseignement supérieur doit jouer son rôle de moteur de développement ’’

Pr Saliou Touré
Pr Saliou Touré
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Pr Saliou Touré: “ L’enseignement supérieur doit jouer son rôle de moteur de développement ’’

Professeur émérite d’université, ministre de l’Enseignement supérieur également, d’où vous est venue l’idée de créer cette université internationale de Grand-Bassam?
Dès leur accession à l’indépendance, les pays africains en général et la Côte d’Ivoire en particulier, ont fait de l’éducation et la formation, la priorité de leurs priorités. Si l’enseignement supérieur a effectivement permis de former de nombreux cadres dans tous les secteurs, force est de reconnaître qu’à partir des années 1990, cet ordre d’enseignement a été confronté à de nombreux problèmes.
De plus, en ce début du 21e siècle, l’enseignement supérieur est confronté à des défis sans précédent sous les effets conjugués de la mondialisation, des plans d’ajustement structurel des économies et de l’explosion des savoirs.
Des réformes engagées ici et là en Afrique, ont porté sur l’enseignement primaire et secondaire. Puis, ce mouvement de réformes a atteint l’enseignement supérieur dont les capacités d’accueil étaient très insuffisantes et les infrastructures pédagogiques devenues obsolètes.
C’est dans ce contexte que le gouvernement ivoirien a opéré, dès 1995, une réforme profonde de son système d’enseignement supérieur et de recherche scientifique. En référence donc à la loi de septembre 1995 qui fut mise en application par les gouvernements successifs.
C’est justement dans ce cadre précis de l’application de cette Loi portant réforme de l’enseignement supérieur, votée par l’Assemblée nationale et promulguée le 07 septembre 1995 par le Président de la République, que le gouvernement de l’époque a envisagé la création d’une université de type américain, avec l’anglais comme langue d’enseignement et de travail. Ainsi, l’Etat de Côte d’Ivoire et celui de Géorgie aux Etats-Unis d’Amérique ont signé un protocole d’accord pour créer l’Université internationale de Grand-Bassam, (Uigb). Il y a eu certes des retards dans la mise en œuvre de la Réforme de 1995, mais il est indispensable que son application se poursuive pour permettre à l’enseignement supérieur de jouer pleinement son rôle de moteur du développement économique, social et technologique du pays.

L’Uigb est donc une université voulue par l’Etat ?
Absolument. Cette université a été voulue par le gouvernement ivoirien, en accord, comme je l’ai dit avec l’Etat de Georgie aux Etats-Unis d’Amérique. L’université de l’Etat de Georgie, Georgia State University a, alors, admis le principe de nous accompagner dans la création d’une université internationale basée à Grand-Bassam.
En créant cette école, nous avions pour objectifs de promouvoir l’excellence en Côte d’Ivoire, et d’offrir également dans notre pays, des formations de qualité calquées sur le modèle américain. Ce système fonctionne très bien jusqu’à présent. Puisque nous envoyons régulièrement des étudiants dans plusieurs universités américaines avec lesquelles nous avons un partenariat. Je peux citer Georgia State University à Atlanta, University of Houston au Texas (Usa), University of Alabama à Birmingham (Angleterre) et University of South Africa (Unisa) à Pretoria (Afrique du Sud).
 
Quels sont les objectifs des partenariats que vous tissez avec ces universités ?
Dans le cadre de ces accords de partenariat, nous voulons favoriser les échanges d’enseignants, de personnels scientifiques et techniques, d’étudiants et de stagiaires, la réalisation en commun de certains travaux de recherche, les échanges d’informations et de documentations.
Nous voulons permettre à des citoyens ivoiriens qui ne peuvent pas venir sur nos campus de se former à distance dans les sciences les plus aiguës, la technologie, la littérature, la médecine et toutes les disciplines scientifiques.
Ces partenariats nous permettent d’envoyer dans ces universités des étudiants pour y poursuivre leurs études. Ces accords portent également sur les échanges de professeurs en vue de mener en commun des travaux de recherche sur des informations scientifiques.
Nos étudiants passent généralement deux ans chez nous et vont terminer leur Bachelor aux Usa ou en Afrique du Sud. Ensuite, ils peuvent poursuivre leurs études en master et en Phd.

Il était annoncé le lancement, cette année, d’une Fondation Uigb. Où en êtes-vous ?
Nous avons effectivement souhaité créer une Fondation Uigb aux Usa. Car, les études coûtent cher. Rien que pour les frais de scolarité, il faut compter entre 25 et 50 mille dollars américains. Soit 12,5 à 25 millions de Fcfa. Il fallait permettre aux étudiants de continuer dans de bonnes conditions leurs études aux Usa. En leur apportant des aides parce que le gouvernement ivoirien ne donne toujours pas de bourses pour des études aux Etats-Unis.
Nous avons eu donc l’idée de créer cette Fondation à Atlanta. J’avais même demandé au Chef de l’Etat, Sem Alassane Ouattara, pendant son séjour aux Usa, de l’inaugurer. Il semble qu’il y ait quelques petites difficultés ; donc, nous serons amenés à reporter de quelques mois cette inauguration. Nous espérons, si le Président de la République ne peut aller l’inaugurer, que le Premier ministre ira le représenter. Nous attendons la confirmation. Ce ne sera plus en septembre, mais probablement à la fin de cette année ou début 2014.
L’objectif principal est d’aider les étudiants de l’Uigb qui vont poursuivre leurs études aux Etats-Unis. La Fondation nous permettra de donner des aides aux meilleurs étudiants qui ont peu de moyens financiers. Il s’agit d’aides substantielles, de bourses pour leur permettre de poursuivre leurs études dans les universités américaines partenaires. L’un des objectifs est également d’aider au rayonnement de l’Uigb sur le plan international. La Fondation va faire connaître notre université au-delà des Etats-Unis et dans le monde entier. Elle va nous permettre d’acquérir des revues scientifiques, d’acheter des livres d’économie, de mathématiques, de technologie, etc. Qui seront mis à la disposition de nos étudiants.

Quelle est la contribution de l’Uigb à l’amélioration du système éducatif ivoirien ?
Nous avons souhaité que l’Uigb ne soit pas isolée en Côte d’Ivoire ; une manière de nous mettre résolument au service de notre pays. Mais aussi, au service de l’éducation dans son ensemble. C’est ainsi que le jeudi 1er décembre 2011, nous avons signé avec Mme la ministre Kandia Camara de l’Education nationale et de l’Enseignement technique un accord de partenariat pour essayer d’aider les établissements secondaires, à parfaire leur maîtrise d’anglais, d’une part, et aussi d’aider les élèves, dès la classe de seconde, à entrer dans un système d’éducation international. Cela, dans le cadre d’un projet dénommé « Feeder school » impliquant une quinzaine d’établissements secondaires. Dans les termes de cet accord, chaque année, nous rendons visite à ces établissements partenaires. Nous les aidons à développer la qualité de leurs élèves. Nous avons même envoyé, en 2012, un certain nombre d’enseignants et de proviseurs à Atlanta, Washington, Houston pour leur permettre de se familiariser avec le système de formation américain. Les gens sont revenus enchantés. La ministre Kandia Camara, qui est une experte en la matière, a apprécié cette initiative.

Est-ce qui explique les divers partenariats que vous avez avec les universités américaines et africaines et les entreprises du secteur privé…
C’est cela, parce que nous voulons que le monde universitaire et scolaire ivoirien soit ouvert aux entreprises et à l’extérieur. L’enjeu est de permettre aux produits de notre formation, c’est-à-dire nos étudiants, d’avoir un emploi. Nous voulons également que l’université et les écoles ivoiriennes soient ouvertes au monde. C’est donc une des raisons de la signature de ces partenariats. Il est important que nos enseignants, étudiants et élèves sachent ce qui se passe dans d’autres systèmes de formation qui sont parmi les meilleurs.

Un an après ce voyage, avez-vous pu évaluer, sur place, ce qu’ils ont reçu de leur expérience ?
Nous avons fait le point avec le ministère de l’Education nationale et de l’Enseignement technique (Menet). Je crois qu’il est demandeur et souhaite que nous poursuivions cette expérience. Et je suis convaincu que lorsque nous aurons un peu plus de moyens, nous pourrons effectuer un deuxième voyage aux Etats-Unis, dans d’autres régions que celles visitées et aussi en Afrique. Nous envisageons, par exemple, d’aller en Afrique du Sud et en Corée du Sud. Ce dernier pays a la particularité d’avoir su maîtriser la haute technologie pour se hisser au rang des puissances développées. Que ce soit en informatique, en électronique et dans bien de domaines, la Corée du sud est un modèle. Nous avons besoin de nous inspirer de la manière de faire des Coréens, comme nous l’avons fait aux Usa.

Vous avez aussi un partenariat avec le secteur privé. D’où la participation à un de vos voyages du directeur général du Cepici et de l’Apex-CI. Quel en était le motif ?
L’université doit être ouverte au monde de l’entreprise. C’est ainsi que  dans notre conseil d’administration, nous avons beaucoup de personnalités issues des entreprises qui siègent. L’intérêt de cette ouverture est de permettre à nos étudiants d’aller s’initier à la vie d’une entreprise. Parce que la finalité que nous recherchons, est de leur permettre d’aller exercer leur talent dans des entreprises publiques ou privées.
Nous avons signé des accords de partenariats avec ces entreprises ; c’est pourquoi à l’heure actuelle, nos programmes de formation sont élaborés en conformité avec  la loi de réforme de 1995 et participation de ces dernières. Nous demandons l’avis des entreprises (banques, assurances, etc.) qui nous disent leurs besoins actuels et ceux à venir. Que nous ne prenions encore en compte. Ce sont les entreprises, qui sont les innovateurs particulièrement compétents, qui nous orientent.
Nous avons rencontré récemment une structure internationale basée en Côte d’Ivoire. Ses dirigeants nous ont indiqué qu’ils ont de nombreux besoins en matière de formation de techniciens de pétrole. C’est ce qui nous incite à aller rapidement vers la formation dans les métiers du pétrole. Ce qui est tout à fait justifié dans la mesure où la Côte d’Ivoire est en train de devenir un producteur de pétrole. Cette entreprise nous a fortement sollicités dans ce sens.

Y a-t-il des contraintes et avantages liés aux partenariats que vous avez tissés ici et là avec toutes ces universités?
Des contraintes ! Je n’en vois pas. Nos partenaires ne nous imposent rien. C’est nous qui allons vers eux en fonction de nos besoins. Nous travaillons ensemble pour développer la formation. Donc nous ne voyons que des avantages dans ces accords. J’ai pris contact avec l’ambassade de l’Inde afin de voir du côté de ce pays. Ils ont des instituts de formation, des universités technologiques, et nous souhaitons bénéficier de leur expérience. Pour ma part, je ne vois que des avantages à nouer un partenariat avec d’autres universités en Europe, en Amérique, en Asie et même en Afrique.
Ici, en Côte d’Ivoire, nous avons de bons rapports avec nos universités.

Ne vous voient-elles pas en concurrent ?
Non ! Nous avons la même mission et avons les mêmes objectifs. Nous ne saurions être des concurrents parce que les universités sont déjà en avance dans certains domaines. Elles ont des milliers d’étudiants que nous ne venons pas leur prendre. En revanche, nous pouvons collaborer dans la formation. C’est ce que nous faisons. Nous sommes en contact permanent avec les responsables de l’Université Alassane Ouattara de Bouaké, de l’Université Fhb de Cocody. Bientôt, nous allons concrétiser ces accords-là. Parce que nous voulons aller dans le même sens. Nous devons mettre nos compétences en commun pour la formation des élites de demain.

Vous qui aviez des responsabilités au sommet dans la gestion de l’enseignement supérieur, que manque-t-il à nos universités pour jouer leurs rôles, comme le font les universités américaines ?
C’est une question difficile. Mais, étant donné que vous faites allusion à mes fonctions précédentes, je dois dire qu’à l’époque, nous avions constaté les difficultés liées au fonctionnement, au financement, etc. Et c’est justement les raisons pour lesquelles, nous avons fait la réforme de 1995. Dont le fondement était de rapprocher l’université du monde du travail. Or à l’époque, l’université était attachée à des modèles éculés. Un modèle qui fonctionnait en vase clos.  Un modèle où le savoir théorique était privilégié par rapport au savoir-faire. Si tout le monde applique cette réforme, en associant les entreprises, les étudiants, le personnel administratif et technique de l’université, comme cela se fait aux Usa, on ira de l’avant.

Quelle est la particularité du système américain ?
Dans les écoles américaines, les présidents d’université ne sont pas nécessairement des enseignants. Ce sont des managers qui appliquent une politique rigoureuse de gestion qui n’est pas totalement académique comme on le fait chez nous. Il faut que nous changions de mentalité. Que nous ouvrions nos universités au monde du travail et à l’extérieur du continent, pour voir ce qu’il y a de meilleur à prendre ailleurs.
A l’Uigb, par exemple, dans notre conseil d’administration, l’Etat de Côte d’Ivoire est représenté, mais il est minoritaire. Il apporte un financement mais ne s’ingère pas dans les affaires quotidiennes de l’établissement. La gestion est de type privé comme aux Etats-Unis. Les trois-quarts du Conseil d’administration sont des chefs d’entreprise nationaux (Chambre de commerce et d’industrie, Biao, Cargill, etc.) et de l’extérieur. C’est ce que nous devons faire de plus en plus, et ne pas rester attachés au modèle théorique.

Est en cours dans nos universités le système Lmd. Quel regard portez-vous sur ce système ?
Le système Licence Master Doctorat (Lmd) qui est appliqué dans l’enseignement supérieur est un modèle performant. Il est en vigueur depuis de longues années aux Usa. L’Europe s’y est mise. Il est tout à fait normal que les pays africains épousent ce système.
Il permet d’allier la formation théorique et la formation pratique, de professionnaliser la formation.
Je crois que les universités ivoiriennes sont toutes engagées dans le système Lmd, même si elles ne sont pas au même niveau d’application. Mon jeune collègue, le ministre Cissé Bacongo, fait pression pour amener tout le monde à appliquer le système. Je pense que, quand il sera largement en vigueur, nos étudiants pourront aller dans n’importe quelle université et seront au même niveau. Le Lmd s’appuie sur des unités de valeur, et est basé sur les mêmes pré requis et sur les mêmes connaissances pour une matière donnée. Par conséquent, un étudiant qui part de Korhogo pour Houston n’aura pas de difficultés. Je suis convaincu que le système Lmd donnera les mêmes résultats tant aux Etats-Unis qu’en Chine ou en Inde.

Vous êtes basés à Grand-Bassam, patrimoine de l’Unesco. Quelle est votre contribution au rayonnement de cette ville ?
Votre question est pertinente. Nous sommes en contact avec le ministre Aka Aouélé, président du conseil régional du Sud-Comoé, pour définir le cadre d’un partenariat. Dans ce partenariat, les conditions de notre apport dans le développement de Grand-Bassam, mais aussi celui du Sud-Comoé seront prises en compte. L’Uigb n’est pas le seul établissement de la région. J’ai exigé que  l’établissement ait trois fonctions principales : encadrer les étudiants, faire de la recherche et participer au développement de la communauté dans laquelle nous vivons. Ces trois priorités m’emmènent à demander à tous les enseignants, quand ils sont recrutés, d’intervenir dans la société. Nos étudiants apportent souvent à la mairie et à l’orphelinat de Bassam leur contribution. En ce qui concerne les relations institutionnelles, elles vont être définies.

Est-ce à dire que les étudiants qui sortent de l’Uigb n’ont pas de problèmes d’emploi sur le marché ?
Pour le moment, grâce à Dieu, les quelques-uns qui sont sortis de chez nous ont tous eu un emploi. Notre premier étudiant de Georgia State University, Zorro Bi, a eu son diplôme en 2009. Nous l’avons recruté pour montrer aux autres étudiants, qui viennent, comment il faut travailler dans le système américain. Quelles sont les conditions requises pour être un bon étudiant. C’est pourquoi nous l’avons coopté dans le conseil pédagogique de l’Uigb pour qu’il serve de modèle et guide ses jeunes frères et sœurs.

À quelle Uigb rêvez-vous?
Nous prévoyons un développement rapide de notre université. Déjà, nous sommes en train d’achever les résidences pour accueillir les étudiants. Parce que, de plus en plus d’apprenants viennent s’inscrire. Il faut pouvoir les recevoir dans de bonnes conditions. Nous finirons une résidence le 2 septembre. Pour fin septembre, nous sommes en train d’achever la construction d’un bâtiment académique. Où il y aura des laboratoires, deux amphithéâtres et des salles de classe. Ça, c’est pour l’immédiat. Dans le futur, nous disposons déjà, grâce au gouvernement, de 60 hectares de terrain entre le Vitib et le village de Vitré. Là, nous allons construire un nouveau campus calqué sur le modèle américain, avec toutes les commodités dignes d’une grande université internationale (administration, résidences, salles de classe, laboratoires, bibliothèques, salles de jeux, terrains sportifs, piscines, etc.).

En dehors de la Fondation, quelle politique mettez-vous en œuvre pour amener les parents à inscrire leurs enfants chez vous ?
Nous accordons des facilités de paiement aux parents. Il est vrai que c’est un peu cher. Il est difficile de demander à un parent de débourser immédiatement 4 à 6 millions de Fcfa. Ces facilités sont accordées aussi bien à ceux qui sont  ici à Grand-Bassam qu’à ceux qui sont aux Etats-Unis. Nous sommes en partenariat avec une banque qui accorde des crédits aux parents qui envoient leurs enfants aux Usa. Voici un exemple d’aide que nous accordons aux parents. Je vous informe que l’année dernière, la Présidence de la République nous a octroyé une dizaine de bourses pour des enfants, à notre demande. Je vais bientôt rencontrer le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique pour que nos meilleurs étudiants puissent, eux aussi, bénéficier des bourses de l’Etat ivoirien. Nous envisageons de réserver, l’an prochain, une partie de nos fonds propres à l’attribution de bourses internes à nos bons étudiants.

Vous qui avez été formés dans les grandes écoles européennes, qu’est-ce qui explique votre fascination pour le modèle américain ?
Comme beaucoup d’autres, je suis un produit de l’école française. Nous avons été formés dans les universités françaises, donc nous apprécions la qualité de cette formation. Mais, pour être allé plusieurs fois aux Etats-Unis, dans des universités prestigieuses, telles que Harvard, Boston, en Californie, nous connaissons la qualité et les mérites de la formation américaine qui allient les connaissances théoriques et les connaissances pratiques.
Aux Usa, les gens sont, tout le temps, en train de travailler. J’ai vu une bibliothèque qui reste ouverte nuit et jour. Et je vous assure que si vous y aller à n’importe quelle heure, vous y trouverez des gens. C’est un modèle performant qui fait travailler les enseignants et les étudiants. A côté de cela, il faut reconnaître que dans le monde aujourd’hui, l’anglais est devenu une langue incontournable. Cette langue est utilisée par les scientifiques, les médecins, les économistes, Bref, tout le monde. Dans toutes les conférences internationales, même en France, les chercheurs, eux-mêmes, font leurs exposés en anglais. Il en est de même pour les grands établissements supérieurs français, plusieurs enseignements sont déjà donnés en anglais. Et le projet actuel  du ministre français de l’Enseignement supérieur est d’introduire l’anglais dans les formations universitaires classiques.
Il est normal que, connaissant les deux systèmes, et reconnaissant à l’anglais son rôle moteur dans le développement d’aujourd’hui, nous demandions au gouvernement ivoirien d’aller dans ce sens. Nous ne tournons pas le dos à la formation française, mais il faut aller dans le sens du monde dans lequel nous vivons. Si on veut être dans le train du 21e siècle, il faut, dès aujourd’hui, commencer à apprendre l’anglais, à faire des formations en anglais à nos enfants dès le secondaire. Des pays comme le Gabon s’y engagent déjà. Pourquoi pas la Côte d’Ivoire ? Voilà ce qui nous a conduits à proposer au gouvernement la création d’une université du type américain en Côte d’Ivoire.

Vous organisez trois rentrées universitaires à l’Uigb. Quelles en sont les raisons ?
Le modèle américain est très flexible. L’année académique dure neuf mois. C’est-à-dire, deux fois quinze semaines.   Grâce à la flexibilité de ce système, un apprenant peut aller à l’école en un semestre et ne pas avoir les moyens de faire l’autre semestre. Donc l’université offre un troisième semestre qui est plus intense. Tu peux prendre des cours en septembre, ne pas le faire en Janvier, et revenir en mai en raison de la flexibilité. Le système américain ne tient pas compte de l’âge.

Interview réalisée par
Michel Koffi
et
Germaine Boni.
Collaboration
Germain Gabo
(Stagiaire)