Montpellier: Ici, ils sont tous gais

La statue des trois grâces participe à l'illumination de la Place de la comédie
La statue des trois grâces participe à l'illumination de la Place de la comédie
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Montpellier: Ici, ils sont tous gais

Montpellier: Ici, ils sont tous gais

Mardi 11 juin. Il est 11h. Le soleil brille de tous ses rayons. Sur une grande place, se côtoient cafés, vendeurs de vêtements et accessoires. Sont également présents des artistes. Non confirmés certes, mais qui chantent ou exposent des œuvres de peinture. Nous sommes à Montpellier, sur la Place de la comédie. La scène est pourtant loin d’être de la comédie.

Beaucoup y viennent pour gagner leur pain quotidien. D’autres, pour profiter du beau temps. Le spectacle, tous y participent. Alors que les artistes offrent tableaux, chants ou musiques contre quelques euros, cafés et autres restaurants proposent un verre ou un repas complet, en moyenne, à 14 euros (environ 10 000 F Cfa).

Sur la Place de la comédie, c’est tout un spectacle. Mais sans spectateurs. Tout le monde participe au spectacle. Telle une rivière qui coule sans cesse, les allées et venues ne s’arrêtent pas. Une station de tramway (train urbain roulant au pas) contribue au trafic.

Les visages sont radieux. Sous ce temps ensoleillé, chacun y va de sa tenue légère. Petite robe, chemisette ou culotte pour les femmes. Pantalon et chemise pour les hommes. Par petits groupes, on déambule. On s’immobilise des fois. Pour profiter de ce qui ressemble à une grâce. « Les trois grâces », monument représentant trois jeunes filles pleines de vie et aux seins nus, y aide. Certainement.

Selon la légende, cette statue dont la construction a été décidée en juin 1770 représente des déesses de la mythologie grecque. Elles évoquent « la séduction, la beauté, la nature, la créativité humaine et la fécondité », nous disent les textes d’histoire. La première exprime  « une joie extrême, l'allégresse », la deuxième est symbole « d'abondance, de trop-plein de vie », et la dernière représente « La splendeur », précisent lesdits textes.


Ils sont gays et gais

Séduction, joie et splendeur. Ainsi peut être résumé Montpellier. Avec son centre-ville que domine la Place de la comédie. C’est vrai qu’ici, l’allégresse est chose la mieux partagée. Le trop-plein de vie et la créativité humaine aussi. Créativité et trop-plein… de vie qui poussent un homme à aimer un autre homme. Une femme à aimer une autre femme.

Sous les bâches des cafés de la Place de la comédie, il n’y a pas que des couples hétérosexuels attablés. Les homos sont, eux aussi, présents. On les reconnaît à leur allure, les petits gestes et autres câlins qu’ils se font en plein jour. Sur une terrasse, un couple de jeunes filles (pas plus de la vingtaine) parle de projets communs, avant de se lever bras dessus bras dessous. Non loin de là, deux femmes plus âgées, quant à elles, ne se privent pas de baisers sur la bouche.

Ce n’est pas de la comédie. Encore une fois. Montpellier se veut le berceau du « mariage pour tous ». Le premier mariage gay de France, celui de Vincent Autin et Bruno Boileau, âgés, respectivement, de 40 et 30 ans et qui vivaient en couple depuis 7 ans, a été célébré à la mairie de cette ville, le 29 mai.

« C’était comme un jour de fête », témoigne Alexis, un professeur d’histoire, rencontré dans un domaine de la mairie, Il dit également être « fier » de son pays, la France. Eric, chargé de protocole à la mairie, ne manque pas, lui aussi, d’exprimer sa « fierté » d’avoir participé à « un mariage classique ». « Rien n’a changé, nous l’avons organisé comme les autres mariages que nous faisons d’habitude », précise-t-il. Avant de concéder: « C’est l’aboutissement d’une lutte menée depuis de nombreuses années. Le maire (Hélène Mandroux, socialiste) a combattu pour avoir l’adoption de cette loi ».

Le directeur de la communication de la mairie de Montpellier, Benoît Sabathier, peut donc dire qu’ « une étape a été franchie ». Le mariage homo, « c’est rentré dans l’ordre des choses. Plusieurs autres mariages ont été célébrés après celui de Vincent et Bruno », se réjouit-il. Aussi rappelle-t-il la grande médiatisation dont a été l’objet le premier mariage gay de France. « Un déluge de médias. Plus de 243 journalistes et 25 télévisions accrédités », ne manque-t-il pas de souligner.

Les opposants au « mariage pour tous », en existe-t-il encore à Montpellier ? « Oui », répondent tous ceux que nous avons interrogés. Mais nous n’en n’avons trouvé aucune. Toutes les personnes rencontrées sont soit des pro-mariage pour tous, soit n’ont « pas d’avis ». C’est à croire que les opposants se sont tous résignés. « Non, ils manifestent actuellement sur la Place de la comédie », apprend-on d’un anonyme. Mais le temps d’y retourner, pas un seul manifestant. La place garde sa gaîté et son monde d’hétéros et d’homos. Ensemble. Sans complexe. Ni gêne.


Barthélemy KOUAME

Envoyé spécial à Montpellier

barthelemy.kouame@fratmat.info