Livre : « Triste souvenir », l’immigration choisie entre ombre et lumière !

Livre triste souvenir Nambo
Livre triste souvenir Nambo
Livre triste souvenir Nambo

Livre : « Triste souvenir », l’immigration choisie entre ombre et lumière !

Livre : « Triste souvenir », l’immigration choisie entre ombre et lumière !

Une réalité romancée. Un destin de migrant africain en Europe. La trajectoire d’une vie narrée à coups de suspenses, de peines et joies, est livrée un auteur ivoiro-suisse qui commence à faire son trou. Ivoirien établi en Suisse depuis plusieurs années après avoir transité par la France et l’Allemagne, Banao Nambo est l’auteur de plusieurs ouvrages dont « Triste souvenir », paru en 2015 aux Editions Baudelaire (Lyon/France).

A travers l’histoire de Charles Konan Beda, c’est l’histoire de milliers voire de millions de jeunes africains, ivoiriens qui ont librement choisi de migrer en Occident, pour s’offrir un  avenir meilleur. Entre l’espoir d’un miracle et le mirage d’un hypothétique accès au sésame, « la carte de séjour », de « résident » ou une naturalisation, certains de ces aventuriers d’un nouveau jour tanguent entre asile, exil et apatridie.  Né le 30 juillet 1962 à Adjamé-Abidjan, Banao Nambo, journaliste et écrivain plurilingue, qui s'est établi depuis plusieurs années en Suisse et vit dans une banlieue de Zurich, au gré de ses pérégrinations est devenu consultant près des services suisses de la Migration. Et la trame actancielle de son œuvre, récemment en panel au Sommet de Davos dont il est devenu familier,  donne de l’eau au moulin d’une frange de l’opinion helvétique qui milite pour une révision de sa philosophie d’accueil. « La Suisse a besoin d'une nouvelle politique d'immigration pour faire face à la crise migratoire », estime un ancien diplomate.  L'ancien ambassadeur suisse Dominik Langenbacher, en effet, propose d'instaurer des visas de travail pour les Africains. A-t-il, seulement lu cet extrait d’une descente policière dans « Triste souvenir » ?

« La violence des coups sur la porte et les cris provoquaient un tintamarre assourdissant - Aufmachen Polizei. Il n'eut même pas le temps de se ruer et d'ouvrir que l'un des visiteurs, qui vraisemblablement était le chef, lui présenta sa carte au moment où les autres avaient déjà investi son appartement en se positionnant partout, y compris dans la chambre à coucher où ils trouvèrent la jeune dame assise sur le lit, couverte d'un drap, obligée de se lever pour s'habiller devant des agents qui feignaient de regarder ailleurs. Dès qu'elle eût terminé, ils lui demandèrent son visa de séjour et l'obligèrent à sortir de la chambre en direction du salon, pendant que Charles, retenu par le chef entouré de deux sbires, souffrait d'entendre la jeune dame se plaindre depuis le salon. Le jeune homme prit cela pour un affront ; il perdit donc son sang-froid, échappa à la vigilance de ses bourreaux pour entrer dans la cuisine dont la porte était juste à côté, et en ressortir avec un couteau à longue lame qu'il brandit en proférant des menaces dans un langage guerrier, en direction des agents de police… »

En clair, comme l’explique le journaliste-écrivain, le livre est dédié à tous ceux, Africains, expulsés de force, parfois au prix de leur vie du continent européen. Mais Nambo d’avertir les candidats à l’eldorado occidental : « On peut réussir en occident comme échouer, et ceux qui ont échoué sont les plus nombreux et vivent dans la misère totale ».

Toute chose qui devrait induire, à moult égards, les autorités à penser à un système migratoire qui pourrait attribuer des visas de la manière suivante: toute personne qui en souhaite un doit disposer d'une certaine somme. Elle a ensuite six mois pour trouver un travail en Suisse. Durant cette période, les migrants n'auraient le droit à aucune prestation sociale. Les personnes qui parviennent à trouver un emploi pour subvenir à leurs besoins peuvent rester, les autres doivent quitter le territoire. On ne pourra tarir le flux croissant de migrants qu'en leur signalant clairement: « Tu peux venir, mais tu dois travailler ».

REMI COULIBALY

2015, Editions Baudelaire, Lyon, 170P.