Le débrief: Mady n’est pas "contre" Bédié. Il veut sa place

De gauche à droite: le secrétaire général du PDCI, Alphonse Djédjé Mady et le Président Henri Konan Bédié, président du PDCI
De gauche à droite: le secrétaire général du PDCI, Alphonse Djédjé Mady et le Président Henri Konan Bédié, président du PDCI
De gauche u00e0 droite: le secru00e9taire gu00e9nu00e9ral du PDCI, Alphonse Dju00e9dju00e9 Mady et le Pru00e9sident Henri Konan Bu00e9diu00e9, pru00e9sident du PDCI

Le débrief: Mady n’est pas "contre" Bédié. Il veut sa place

Le débrief: Mady n’est pas "contre" Bédié. Il veut sa place

Y a-t-il crise au PDCI-RDA ? On dit souvent qu’il n’y a pas de fumée sans feu. Ce qui paraissait comme de petites « incompréhensions », apparaît désormais comme de vraies secousses. Peut-être un volcan. Qui peut exploser à tout moment. Le mercredi 21 août, le Professeur Alphonse Djédjé Mady a annoncé sa candidature à la présidence du parti.

Alphonse Djédjé Mady, c’est le secrétaire général du PDCI. Théoriquement, il en est le numéro 2. Sinon, l’animateur principal du parti. Djédjé Mady contre Henri Konan Bédié, le match promet donc d’être explosif. Mais M. Mady dit qu’il n’est pas « contre » M. Bédié, le président sortant.

« J’explique que je ne suis pas candidat contre M. Bédié puisque les textes même disposent qu’il ne peut pas être candidat », déclare-t-il lors de sa conférence de presse. Et de préciser: « nous avons les mêmes textes et je crois que quand la loi du 09 août 1993 a été votée, c’est le Président Bédié qui était président de l’Assemblée nationale. C’est sous son autorité que cette loi a été votée. Je ne lui ferai pas l’insulte de dire qu’il n’était pas au courant de cette loi ». Ces propos sont retranscrits dans la presse du jeudi 22 août.

Alors que dit la loi ? Il faut d’abord noter que la loi mentionnée par Djédjé Mady correspond à celle intitulée « loi n° 93-668 du 9 août 1993 relative aux partis et groupements politiques ». Elle tient sur 10 pages de papier A4 (feuille blanche ordinaire). Avec son décret d’application qui fait 6 pages, elle constitue un document enregistré sous le nom de « droit des partis et groupements politiques ».

Dans le fond, ensuite, la loi évoque la composition d’un parti politique en ces termes: « tout citoyen peut librement adhérer au Parti ou Groupement politique de son choix. Il peut de même s'en retirer librement nonobstant toutes dispositions contraires des statuts et règlements dudit Parti ou Groupement Politique » (article 7). L’article 8 est plus précis sur la direction ou la présidence d’un parti politique. « Les membres fondateurs et dirigeants des Partis ou Groupements Politiques doivent être de nationalité ivoirienne et jouir de leurs droits politiques et civiques ».

Enfin, la loi évoque les modifications qui peuvent survenir dans la direction des partis: « toutes modifications apportées aux statuts et règlements intérieurs des Partis ou Groupements politiques sont soumis aux mêmes formalités que la déclaration (article 16) ». « La déclaration préalable est faite par écrit, sur papier libre, par les soins des membres fondateurs du Parti ou Groupement Politique. Elle fait connaître l'état civil, la nationalité, la profession et le domicile de tous ceux qui, à un titre quelconque, sont chargés de l'administration ou de la direction dudit Parti ou Groupement Politique (article 12).

Cette loi ainsi présentée peut-elle rendre Henri Konan Bédié, 79 ans, forclos ? Les militants et les juristes du PDCI apprécieront. Ils s’appuieront certainement sur leurs propres « lois ». Leurs Statuts et règlements intérieurs. Mais on peut noter que, jusqu’à sa mort, à l’âge de 88 ans, Houphouët-Boigny présidait le PDCI. Aussi, le dernier congrès date-t-il de 2002. Soit plus de 10 ans que les « instances statutaires n’ont pas été renouvelées ».

Selon les détracteurs de l’actuelle direction du PDCI, Henri Konan Bédié et Djédjé Mady n’étaient plus légitimes dès lors que leur mandat n’a pas été renouvelé par le congrès. Dans le délai de cinq ans prescrit par les textes du parti. Pour leur défense, les actuels dirigeants ont toujours fait prévaloir la situation de grave crise que connaissait le pays. Il en est de même d’ailleurs pour le président de la JPDCI, Kouadio Konan Bertin alias KKB, dont le pouvoir a été très souvent contesté par de jeunes militants qui ont pris pour prétexte la « trop longue » durée de son mandat. « En dehors des textes ».

Le mois d’août a toujours été vu, par certains, comme le mois des leaders, et des lutteurs. Le mois de la lutte. Tout court. En cette dernière semaine, que la sagesse et la bonne foi habite chacun et chacune. Que la lutte soit saine ! La Côte d’Ivoire vient de loin.


Barthélemy KOUAME

barthelemy.kouame@fratmat.info