Le débrief: Jean Hélène, "une plaie pansée"… après 10 ans

Le débrief: Jean Hélène, "une plaie pansée"… après 10 ans

Le débrief: Jean Hélène, "une plaie pansée"… après 10 ans

Lundi, les plus hautes autorités de la Côte d’Ivoire ont rendu hommage à Jean Hélène. Jean Hélène, de son vrai nom Christian Baldensperger, était un journaliste français, mort assassiné à Abidjan par un policier ivoirien, selon le verdict du procès qui a suivi l’assassinat. Cela faisait 10 ans, jour pour jour, que ce drame a eu lieu.

La Grande Chancellerie l’a décoré « à titre posthume », en présence de Marie-Christine Saragosse, PDG de France Médias Monde qui regroupe notamment RFI et France 24. Le président Ouattara, en personne, a par la suite reçu la plus haute responsable de la radio que Jean Hélène représentait. « C’était une plaie ouverte depuis 10 ans qu’on avait besoin de panser », a déclaré Mme Saragosse, sur le perron du Palais de la présidence à Abidjan, lundi soir.

Plus tôt dans la journée, un studio de la radio, à Paris, était baptisé du nom du journaliste. Que d’émotions tout cela ! Plus émouvant est le récit du drame. « Le journaliste de 50 ans a été abattu le 21 octobre 2003 au soir d’une balle de kalachnikov tirée par le sergent de police  Théodore Dago Séri. Jean Hélène a été touché à la tête alors qu’il attendait à proximité du siège de la police nationale, à Abidjan, la libération de onze opposants.

Cet assassinat a eu lieu dans un climat de haine à l'encontre de la presse étrangère, exacerbé par le pouvoir ivoirien d'alors qui reprochait aux médias internationaux d'être partisans dans la crise ivoirienne opposant le Président Laurent Gbagbo à la rébellion des Forces nouvelles et aux partisans de l'actuel Président Alassane Ouattara ». Pathétique est, en effet, ce rappel fait par un confrère.

« On ne peut pas oublier mais on peut considérer que la plaie est pansée…On peut tourner la page », a également déclaré la patronne de RFI. C’est vrai, les relations entre la Côte d’Ivoire et la France présentent 10 ans après un autre visage. Plus joyeux, celui-là. Mais on ne peut pas s’empêcher de se poser des questions. Qu’est-ce qui a bien pu se passer dans la tête de ce sergent de police, au moment de son acte ? Est-ce un simple acte de bandit voire de criminel, ou avait-il été vraiment conditionné ou instruit, au moins par le contexte du moment, tel que décrit par notre confrère cité plus haut ?

Comment un homme censé maintenir l’ordre et la paix peut-il agir de la sorte, et ouvrir la « guerre » entre deux peuples ? Comment peut-on regarder un homme et l’abattre aussi froidement quand on est policier ? Au nom de quoi peut-on tirer sur un journaliste connu et reconnu, qui n’a qu’un stylo, du papier et un micro en main ? Les 17 ans qu’a pris le sergent Dago Séri ne feront pas revenir Jean Hélène. Ce verdict, pense-t-on, a été pris pour dire que l’acte était très mauvais. Ce verdict, c’est aussi pour éviter que cela se répète. Et il est bon que la justice joue son rôle jusqu’au bout, rappelle d’ailleurs chaque jour tous les défenseurs des droits de l’homme.

Mais, il faudra aussi pardonner. Au nom de notre foi, qui que nous soyons. Pardonner, c’est laver son cœur et son esprit de toute haine contre le meurtrier, contre ceux qui ont instigué ou cautionné ce meurtre. Il s’agit de laver son cœur de toute vengeance contre l’auteur, ses soutiens et ses intérêts, laver son cœur de toutes représailles contre son pays. Les autorités françaises et ivoiriennes, ainsi que la famille de l’illustre victime ont montré la voie, en menant des actions conjointes. Que les peuples et les citoyens suivent. Individuellement ou collectivement.

Dieu est Amour. Très bonne semaine à toutes et à tous !


Barthélemy KOUAME
barthelemy.kouame@fratmat.info