Le débrief: Et celui-là, il est peinard…Quelqu’un paie pour lui

Le débrief: Et celui-là, il est peinard…Quelqu’un paie pour lui

Le débrief: Et celui-là, il est peinard…Quelqu’un paie pour lui

Mercredi 26 mars. La communauté Facebook de « Babi » (comme diraient les jeunes en parlant d’Abidjan) a commencé à s’enflammer. Le décès d’une jeune femme de 23 ans a commencé à faire réagir tout le monde ou presque. Le motif de la colère qui s’est emparée du réseau social, la « négligence » du Chu de Cocody.

Ce centre hospitalier et ses services d’urgences ont laissé mourir la jeune femme, accusent les « révoltés ». « De 23h00 dimanche jusqu'au lundi à 13h00, ma fille n'a reçu aucun soin », s'indigne la tante de la victime, interrogée par l’Afp. Un étudiant, dont le témoignage est recueilli sur le réseau social, témoigne également: « une seule nuit aux urgences m'aura permis de voir des cas aussi (sinon plus) attristants et révoltants que celui d'Awa ».

« Le taximan l’a agressée, le Chu l’a assassinée ». Tel est le slogan qu’on a pu lire, les jours suivants, sur des tee-shirts imprimés pour décrier ce décès tragique. Ainsi donc, au départ, il y avait une agression. Une agression commise par un taximan, dans un taxi. Mais pourquoi tout est présenté comme si le mal de notre jeune sœur, en arrivant à l’hôpital, était l’un de ces malaises naturels qui peut attaquer n’importe quel d’entre nous ? A tout moment ?

Quelqu’un a dit que la raison n’est pas toujours du côté des plus nombreux. Autrement dit, les plus nombreux peuvent se tromper…Du moins, ils ne peuvent détenir qu’une partie de la vérité. Ce n’est pas forcément leur faute, l’émotion fait des oublis. En effet, selon des observateurs, la négligence du Chu de Cocody et de ses services compétents vis-à-vis de la malade qui est pleurée aujourd’hui est une partie de la vérité.

Les médecins et le Chu de Cocody affirment qu’ils n’ont pas tous les moyens pour travailler. Le syndicat national des cadres supérieurs de la santé de Côte d'Ivoire parle notamment de « conditions de travail difficiles » et de « vétusté du matériel ». Cela, aussi, c’est une partie de la vérité.

Deux vérités qui se contredisent mais qui ont une chose en commun. Celle d’avoir convaincu de la nécessité de mener une enquête. Mais la force dégagée par ces deux vérités est telle qu’au moins une autre est ignorée ou ne fait l’objet d’aucune attention particulière. Il s’agit de l’agression dans un taxi, par un taximan et ses acolytes.

C’est pourtant de là qu’est parti le malheur. C’est un autre et vrai drame que vivent de nombreux Abidjanais. Combien sont-ils à avoir été victimes de vols ou d’agressions physiques, souvent les deux à la fois, dans un taxi ? Compteur ou banalisé ou encore communal ? Un recensement montrerait l’étendue de cette criminalité, soutiennent des observateurs. Femmes, enfants et même hommes se comptent parmi les victimes. Et leurs bourreaux ? Des gens peinards, tranquilles et sans visages. Ils agissent de jour ou comme de nuit et sont prêts à recommencer.

Sûr que celui ou ceux de la jeune femme doivent rire du jeu de ping-pong auquel on assiste entre victimes d’un côté et professionnels de la santé de l’autre. Hélas, ce type d’agression ne date pas de maintenant. Nul ne peut dire quand exactement il est né mais le constat est que le phénomène a survécu à tous les gouvernements et aux régimes à la tête du pays. C’est à la fois un problème de sécurité et de transports. Voire plus…

In fine, la mort de la jeune Awa Fadiga n’est pas la conséquence d’une seule négligence, mais de plusieurs négligences de phénomène de notre société. De cette douloureuse mort, devra naître de nouveaux systèmes pour mettre fin à toutes ces négligences fatales. Chacun devra être prêt à s’y soumettre. En ayant notamment le comportement qui va avec.

Honneur et paix éternelle à Awa Fadiga ! Elle dont le sang versé et la douleur endurée peuvent permettre la renaissance d’une nouvelle société. Une société plus digne. Pour vu qu’on le comprenne ainsi. Paix et sécurité à toutes et à tous !


Barthélemy KOUAME

barthelemy.kouame@fratmat.info