Le débrief: Banny a parlé. Il a dit oui, il a dit non

Charles Konan Banny, président de la CDVR
Charles Konan Banny, président de la CDVR
Charles Konan Banny, pru00e9sident de la CDVR

Le débrief: Banny a parlé. Il a dit oui, il a dit non

Le débrief: Banny a parlé. Il a dit oui, il a dit non

Samedi 21 septembre. L’ancien Premier ministre Charles Konan Banny était l’invité principal d’une causerie-débat, au Sud d’Abidjan. Mais ce qui retient notre attention, c’est la tribune qu’il a signée quelques jours plus tôt.

Le mardi 17 septembre, elle était dans toute la presse ou presque. C’est un événement. Non seulement parce que M. Banny ne parle pas tout le temps de politique « politicienne » et du choix des hommes, mais aussi parce que, c’est l’une des rares fois qu’il se prononce publiquement sur un débat très sensible au sein du Pdci-Rda.

Il faut dire que ses occupations professionnelles n’ont pas facilité une telle prise de parole. Gouverneur de la Bceao pendant une quinzaine d’années, Premier ministre de la République de Côte d’Ivoire pendant deux ans, et président de la Commission, dialogue, vérité et réconciliation (Cdvr) depuis deux ans, il se devait de garder une certaine distance…Voire un « devoir de réserve ».

On peut comprendre l’instant. Cette tribune intervient au moment où va se discuter (si ce n’est déjà fait) la poursuite ou non de sa mission à la tête de la Cdvr. Le Président Ouattara disait en août dernier que cette mission était ponctuelle, qu’elle pouvait s’arrêter… Parce qu’il y a le Programme national de cohésion sociale qui, elle, est « permanente ».

Dans cette sorte de transition, M. Banny peut donc parler. Et se prononcer sur la gestion du Pdci. Alors, que dit-il ? D’abord sur la recevabilité de la candidature d’Henri Konan Bédié, l’actuel leader, par rapport aux textes qui, s’ils restent en l’état, éliminent l’ancien Président de la République de la course pour la direction du parti. En d’autres termes, M. Bédié peut-il être candidat à sa propre succession ? A lire M. Banny, on comprend que « oui ».

En effet, il écrit: « le congrès d’une formation politique moderne et mature de la trempe du Pdci-Rda doit aller au-delà du juridisme, d’interminables palabres sur les accessoires bureaucratiques ». « Aller au-delà du juridisme », c’est ne pas lire et appliquer les textes au premier degré, c’est surtout regarder des considérations autres que le droit que disent les textes pour trancher la question qui divise. C’est notre compréhension. Et là, M. Banny prend le contre-pied de ceux qui pensent que M. Bédié ne peut plus être candidat parce que frappé par la limite d’âge.

Mais il n’y a que cette réponse qui ressort de la compréhension du discours de Charles Konan Banny. A la question Bédié peut-il être candidat ?, il répond aussi « Non ». Les propos suivants étayent notre compréhension: « si nous ne respections pas nos textes à un moment où le pays légifère sur des questions essentielles touchant à la propriété de nos terres et à la définition de notre identité, quelle voix crédible pourrions-nous porter » ? Sans commentaires !

Avant tout, M. Banny explique avoir pris la parole parce que, « oui », « les militants pourraient se voir confisquer la parole » au Pdci-Rda. Cependant, dit-il, « non », pas question de parler n’importe comment. Ce qu’il faut, c’est « la parole responsable, la parole qui rassemble », écrit-il. D’ailleurs, ajoute-t-il plus loin: « ceux qui sont entrés sur la scène démocratique (dans les années 1990, Ndlr) n’en ont pas toujours perçu les pièges confondant libre opinion avec licence ».

Bonne semaine à toutes et à tous !


Barthélemy KOUAME

barthelemy.kouame@fratmat.info