Gestion des déchets médicaux, sécurité des injections…: Les dangers qui guettent les populations dans les hôpitaux

Ces déchets sanitaires à haut risque infectieux se retrouvent dans les bacs à poubelle avec les ordures ménagères : danger !
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Gestion des déchets médicaux, sécurité des injections…: Les dangers qui guettent les populations dans les hôpitaux

Lundi 17 juin, il est à peine 11 h, quand notre véhicule franchit l’entrée principale du Chu de Yopougon. Malgré la superette située à la guérite, le personnel soignant que l’on reconnaît au port de la  blouse, les accompagnants de malades, des visiteurs sont juste à l’opposé de la façade du Chu, pour acheter soit de la nourriture, soit de l’eau, soit téléphoner à la cabine. Dans l’enceinte de l’établissement, des femmes en blouse verte attirent notre attention. Il s’agit, en fait, de techniciennes de surface. Elles sont au nombre de trois, assises sous un arbre, en face de l’entrée de la maternité. « La maternité est fermée pour travaux, mais vous pouvez passer par là pour avoir accès à d’autres services », nous informe l’une d’elles. Une autre technicienne de surface que nous rencontrons dans le couloir de la maternité tient un sachet noir en main contenant de la nourriture. « Moi, je m’occupe de l’entretien au service de réanimation. C’est une société qui nous emploie », lance-t-elle, avant de sauter rapidement dans l’ascenseur. Nous revenons sur nos pas, derrière les trois femmes rencontrées plus tôt  qui observent certainement leur pause, un bac à ordures à moitié plein. Un sac poubelle noir est déposé  juste à côté.  Derrière le bac, le bâtiment qui abrite un incinérateur moderne, mais qui ne fonctionne pas. « A défaut d’incinérateur, on brûle quelques fois les déchets  sur le gazon », confie un des gardiens des lieux qui a requis l’anonymat, montrant du doigt des cendres et quelques boîtes de médicaments et perfuseurs qui n’ont pas brûlé.
A quelques différences près, les autres Chu sont confrontés au même problème de gestion des déchets sanitaires.
La formation sanitaire de Marcory devenue hôpital général, n’est pas mieux lotie en matière de gestion des déchets sanitaires (liquides ou solides). Car, sa plus grande difficulté, selon les agents, relève du fait que l’incinérateur n’a pas une grande capacité. Malgré cela, des centres de santé privés environnants la sollicitent régulièrement pour brûler leurs déchets médicaux moins lourds. Dans la mesure où à l’hôpital général de Marcory, seules les aiguilles des seringues et perfuseurs dans des boîtes de sécurité sont incinérés sur place. « Quelques fois, quand nous avons une quantité importante  de tubes ayant servi pour des  prélèvements de sang, on les brûle dans l’incinérateur. On utilise souvent de l’essence pour que l’opération se passe rapidement », dit un des agents de cet établissement sanitaire. La fumée ainsi émise, ainsi que celle issue du brûlage des feuilles mortes après la tonte de l’espace vert gênent les riverains qui s’en plaignent très souvent. L’hôpital étant situé en plein centre d’un quartier résidentiel.
Par ailleurs, l’Hgm étant bâti sur un terrain, à l’origine, marécageux, selon des spécialistes, ses fosses septiques sont très souvent bouchées, surtout en saison pluvieuse. Les fortes odeurs qui s’en dégagent exposent les agents eux-mêmes, les malades et leurs visiteurs à des infections nosocomiales. Les gestionnaires de cet établissement sont donc obligés de faire appel à des structures privées de vidange pour déboucher ces fosses.   Par mesure de précaution, la salle d’accouchement, par exemple, reste fermée pendant et après cette opération. Le temps de désinfecter les lieux.
Concernant les autres déchets solides, les gestionnaires de cet hôpital louent les services d’une société de ramassage d’ordures, ‘’Cleanbor’’, dont les camions passent régulièrement pour récupérer ces déchets déjà ensachées.  En dépit de ces difficultés, Hgm est l’un des premiers établissements sanitaires publics à respecter certaines normes en matière de gestion des déchets médicaux. Le tri à la production (des poubelles avec des sacs-poubelles de couleurs variées), le port des bottes et cache-nez, l’usage de gants, de boîtes de sécurité, de produits de désinfection, de machines à laver les blouses et draps. Un exemple à suivre…
Quant à l’hygiène hospitalière dont une meilleure gestion permet de prévenir les infections en milieu hospitalier, notamment les infections nosocomiales, la situation n’est guère reluisante.

Nécessité d’une bonne hygiène hospitalière
Au Chu de Yopougon, le constat est amer. Les escaliers qui donnent accès à des services ou à des chambres d’hospitalisation réclament des coups de balai.  Dans le couloir du service des urgences en passant par celui de la maternité, des plafonds ont été détruits, des portes fracturées et des carreaux enlevés par endroits. A certains niveaux, des appareils et autre matériel usager stockés attendent d’être enlevés. L’insalubrité en milieu hospitalier est la cause d’infections nosocomiales (In) dont la prévalence, dans les Chu de Cocody et Yopougon, était, respectivement, de 9% et 11% (1999), selon la direction de l’hygiène publique. Au Chu de Treichville, ce chiffre était estimé à 12% en 2002. Pire, en 2006, au service de réanimation du Chu de Yopougon, sur 164 patients dans un état comateux, 132 décès notés sont dus à une surinfection, soit 80,5 %, révèle une étude de la direction susmentionnée. Les bactéries les plus fréquentes, à en croire le Dr Marie-Josèphe Bitty, sont les staphylococcus spp (41,2%) et les entérobactéries (33,8%). Selon l’Oms, 8,7 % des patients hospitalisés dans le monde sont exposés aux infections nosocomiales à tout moment. Plus de 1,4 million en souffrent véritablement. C’est pourquoi les spécialistes considèrent ces infections comme un problème de santé publique, tant en Afrique que dans les pays développés. « En Afrique, les In représentent la 3e cause de mortalité maternelle, la 2e cause de mortalité néonatale précoce et la 1ère cause de morbidité postopératoire », précise un rapport de l’Oms cité par la direction de l’hygiène publique.
L’Hhsigds vise à garantir l’hygiène des établissements sanitaires, la sécurité de l’agent de santé, du patient, de la communauté et la protection de l’environnement.

Germaine Boni