Gestion des déchets : La grande offensive contre l’insalubrité en Côte d’Ivoire

Les ministres Hamed Bakayoko et Rémi Allah Kouadio étaient présents à la cérémonie de remise de lots.
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Gestion des déchets : La grande offensive contre l’insalubrité en Côte d’Ivoire

La nouvelle offensive lancée contre l’insalubrité en Côte d’Ivoire par le ministre de l’Environnement, de la Salubrité urbaine et du Développement durable, Rémi Allah Kouadio, vient d’être renforcée par l’acquisition de près de 5 milliards de Fcfa d’engins, appropriés au ramassage des détritus. Ils sont, notamment, constitués de 8 chargeuses, 42 camions-bennes et 135 tracteurs dotés de remorques. Du matériel performant qui a été mis à la disposition de 169 communes de l’arrière-pays. Un acte fort traduisant tout l’engagement du Président de la République, Alassane Ouattara, à conférer aux villes de l’intérieur, un niveau de propreté relativement acceptable par tous. Passé  la cérémonie de remise officielle de ces équipements à leurs différents bénéficiaires,  Rémi Allah Kouadio a bien voulu revenir, beaucoup plus en détail, sur les grandes articulations actuelles de la stratégie de gestion des  ordures en Côte d’Ivoire que concocte son département.

 L’acquisition de ce matériel par les communes bénéficiaires qui s’inscrit dans le cadre du Programme présidentiel d’urgence (Ppu), révèle-t-il, était une préoccupation de premier ordre du gouvernement. «  Après avoir assaini, pendant un peu plus de six mois, la ville d’Abidjan, au sortir de la crise post-électorale, l’on s’est aperçu qu’en dehors des villes de Yamoussoukro, Bouaké et San Pedro, les autres étaient pratiquement délaissées en matière de gestion des ordures. Voilà pourquoi le Chef de l’Etat a décidé d’initier cette opération ». Désormais donc, les moyens de base existent dans 169 communes, pour des interventions quotidiennes, en vue de les débarrasser de leurs ordures ménagères.

En outre, il a été demandé à l’Agence nationale de la salubrité urbaine ( Anasur ) d’élaborer des plans stratégiques de gestion des ordures pour ces villes. Chacune, en fonction de la taille de sa population et de son niveau d’urbanisation.  De par la convention passée avec le ministère, leurs maires devront aussi assurer l’entretien régulier de ces machines et veiller à ce qu’elles soient en état de marche permanent. « Nous leur demandons de nous saisir pour tout éventuel blocage au fonctionnement quotidien de ces équipements. Par ailleurs, qu’ils sachent que l’utilisation faite de ces machines pourra, de façon impromptue, faire l’objet de contrôle », explique le ministre. Si ses services compétents s’emploient à former les conducteurs et autres utilisateurs de ces machines, il revient  aux mairies de recruter et employer tout le personnel engagé dans leur fonctionnement.

Parvenir à un mode performant et durable de gestion des ordures ménagères : tel est la noble ambition du ministère de l’Environnement, de la Salubrité urbaine et du Développement durable. « C’est d’autant plus indispensable que tous les gouvernements qui se sont, jusqu’ici, succédé à la tête de l’Etat n’ont pu y trouver de solutions adéquates. Il faut donc en finir avec ce perpétuel recommencement, ces difficultés récurrentes de paiement des différents prestataires du domaine. Actuellement, ce sont des centaines de millions de Fcfa que nous devons aux sociétés de ramassage des ordures », indique Rémi Allah Kouadio.  C’est dans cette optique que le Fonds de la salubrité sera réorganisé, afin de faire passer son montant de 14 milliards de Fcfa à 20 ou 25 milliards de Fcfa.  Par ailleurs, une entreprise internationale, bien outillée et disposant d’une bonne surface financière, sera  engagée dans les jours à venir, pour assurer le ramassage des ordures à Abidjan. Et ce, conformément à la procédure légale en la matière. Elle va composer  avec les opérateurs nationaux dont le ministre salue la détermination et les efforts, malgré leurs faibles capacités logistiques.

Les producteurs de déchets que sont les ménages sont aussi pleinement impliqués dans ce processus de gestion durable des ordures ménagères à Abidjan, à travers des séances de sensibilisation et d’information de proximité.

Une tendance à inverser avant fin 2013

Ainsi que nombre d’Abidjanais ont pu le constater, le ramassage des ordures se fait de plus en plus nuitamment. Les ménages s’habituent progressivement aux nouvelles dispositions mises en place par le ministère de l’Environnement, de la Salubrité urbaine et du Développement durable, en s’employant quotidiennement à sortir, en début de soirée, leurs poubelles. Cette nouvelle façon de procéder est assortie d’une campagne de sensibilisation  et d’information de proximité qui va s’étendre à l’ensemble des communes du District d’Abidjan. Afin que les uns et les autres abandonnent cette mauvaise pratique qui consiste à se débarrasser de leurs déchets n’importe où et n’importe comment dans leurs cadres de vie immédiate. Pour l’heure, explique le ministre, « elle est en expérimentation à Attécoubé. Là-bas, nos agents approchent les habitants des différents quartiers pour leur expliquer les ennuis de santé auxquels ils s’exposent. Ils leur apprennent les meilleurs procédés, recensent leurs préoccupations concernant le sujet. Ils mettent du matériel de ramassage des ordures à la disposition des quartiers. Mais, dans le même temps, ils sont prévenus des sanctions qui les attendent au cas où ils continue- raient à déposer leurs ordures là ou il ne le faut pas », explique Rémi Allah Kouadio. Qui, par ailleurs, se réjouit de l’accueil réservé à ses agents par les ménages d’Attécoubé. Toute chose qui le conforte dans l’idée qu’avant « la fin de cette année, la  tendance sera inversée, en passant de la propension à salir à la propension à conserver  son cadre de vie  dans un état de propreté acceptable ».

L’opération « balaie devant ta porte », qui, depuis quelque temps, a lieu tous les samedis à travers les quartiers,  va s’étendre bientôt aux rues. «  Nous allons apprendre aux populations à balayer les rues qui passent devant chez elles aussi. Cela ne peut pas continuellement relever  de la seule responsabilité des mairies », soutient-il.

Autre action importante à mener : le déguerpissement des occupants illégaux des sites publics. Aussi bien ceux installés en bordure des principales artères des grandes villes du pays que sur d’autres espaces et dont les activités sont de réelles sources de pollution et d’insalubrité intenses. Pour autant, il ne leur sera plus donné la chance de revenir se réinstaller par la suite, ainsi que ce fut le cas jusqu’ici. « Nous allons faire en sorte que ces endroits qu’ils occupent soient aménagés pour servir à quelque chose d’autre plus approprié, en tout cas, qui ne favorise pas l’insalubrité. A défaut, tous ces lieux déguerpis seront, dans un premier temps, protégés avec des barbelés, afin d’y empêcher tout accès »,  conclut le ministre de l’Environnement, de la Salubrité urbaine et du Développement durable.

Moussa Touré