Filière oignon: "Ce secteur est une solution à la question d’emploi des jeunes et des femmes"

 Filière oignon: "Ce secteur est une solution à la question d’emploi des jeunes et des femmes"
Filière oignon: "Ce secteur est une solution à la question d’emploi des jeunes et des femmes"

Filière oignon: "Ce secteur est une solution à la question d’emploi des jeunes et des femmes"

 

Vous êtes en train mettre sur pied la filière oignon. Qui en sont les acteurs ?

Les acteurs de la filière oignon sont tous ceux qui interviennent dans le bon déroulement de cette activité. A savoir les producteurs, les transporteurs, les semenciers, les commerçants (importateurs), les institutions de la filière, les structures d’encadrement et les partenaires.


Quels sont les objectifs assignés à cette organisation ?

Il s’agit de donner une structuration appropriée à la filière oignon en Côte d’Ivoire afin de faciliter les activités de production et de commercialisation. Nous voulons d'abord bâtir un secteur fort, intégré et performante capable d’assurer et de stimuler une production de qualité et une commercialisation rentable pour tous les acteurs. Ensuite, encadrer les acteurs, faciliter les échanges et chercher les sources de financement de cette activité. En outre, il faut développer et promouvoir les techniques culturales et commerciales, maîtriser les facteurs de production de cette culture en côte d’Ivoire, insérer le maximum d’opérateurs économiques nationaux dans le secteur. Enfin, développer et promouvoir les infrastructures de la filière.


L’un des maillons essentiels de cette filière est le producteur. Mais, on constate que la culture de l’oignon n’est pas assez développée en Côte d’Ivoire. Comment encourager les paysans à la production de l’oignon ?

Pour le moment c’est la sensibilisation. Nous leur disons qu’en Côte d’ivoire, les conditions naturelles sont favorables à la culture de l’oignon. En effet, beaucoup de nos compatriotes pensent que cette culture ne peut se pratiquer ici. Ce qui n'est pas vrai. Nous avons fait des champs expérimentaux et nous avons constaté que les résultats sont bons. Donc il faut dans un premier temps nos compatriotes que l’oignon pousse bien en côte d’Ivoire.
Par ailleurs,  nous pouvons leur dire que ce produit nourrit son homme. Le prix du kilo varie selon les périodes soit de 300 à 1000F Cfa.  Un paysan dont la production est achetée sur le marché à 1000f le kilo n’est pas loin de sortir de la pauvreté. la récolte intervient seulement 6 mois après la semence.


Effectivement, mais, les producteurs rencontrés ont évoqué les coûts élevés des facteurs de production, notamment les intrants, et le matériel mécanisé. Que préconiser-vous pour réduire tous ces coûts ?

Les vendeurs des intrants sont des commerçants qui exercent leurs activités pour avoir des bénéfices. Nous ne pouvons pas faire pression sur eux pour réduire les prix des intrants ainsi que ceux des matériels agricoles. Cependant, si tous les producteurs ont une organisation crédible, cela va susciter la confiance des banques et bailleurs de fonds qui peuvent évidemment nous appuyer à notre demande. En ce moment nous pouvons faire des achats en gros et cela va réduire les coûts
De plus, c’est parce que nous ne sommes pas encore organisés que l’Etat ne peut pas nous appuyer. Si nous avons une structure efficace je pense que le gouvernement peut subventionner les facteurs de production qui pour le moment ont des coûts élevés. la     réduction de ces coûts pourrait peut être amené,  bon nombre d’Ivoiriens à s’investir dans la culture pour produire en une seule année de grande quantité d’oignon.
C’est pour toutes ces questions que nous sommes entrain de tout faire pour créer la filière. Puisque selon l’adage, l’union fait la force. Plus tous les acteurs se mettent ensemble plus chaque secteur d’activité sera forte pour une filière oignon plus puissante. Nous pensons qu’avec l’interprofession, nous allons faire beaucoup de choses.


Au niveau des transporteurs et importateurs quels sont les difficultés ?

Nous éprouvons des problèmes concernant la commercialisation de l’oignon produit localement. C’est d’abord lié au manque d’organisation. En fait les commerçants ne connaissent pas les zones de production. Si bien que les importateurs préfèrent les produits venus du Niger, du Burkina Faso ou même de l’Europe.
La seconde difficulté est liée au coût élevé de la production de l’oignon au point que pour avoir sa marge, les producteurs sont obligés de vendre chers sur les marchés. Par exemple, actuellement nous achetons à 400 f le kilo l’oignon venu du Niger. Au même moment si on me propose cette même quantité à 700 francs à Boundiali, vous voyez que le choix est déjà fait.
Au nouveau des commerçants, il faut déplorer la lenteur des formalités administratives et  la persistance des tracasseries routières qui font que le trajet Niger- Abidjan par voie routière peut durer plusieurs jours.  A chaque frontière, les transporteurs sont obligés de passer la nuit. Aujourd’hui nous avons reçu un camion qui a passé une semaine sur la route. C’est trop.  Par conséquent nous enregistrons d’énormes pertes puisque notre marchandise est périssable. A cela s’ajoute, parfois le camion de transport et des sacs de conservation de la marchandise peu adaptés. Lorsque que ces camions se renversent comme c’est souvent le cas entre l’autoroute et Bouaké, ce sont des pertes énormes.
L’autre gros problème est le manque de financement. Les banques refusent de nous appuyer  tout simplement, parce que selon elles, l’oignon est une denrée périssable qui court beaucoup de risques dans les transactions.


Pensez-vous que cette filière peut contribuer à juguler le problème d’emploi jeune ?

C’est un secteur très porteurs et surtout pourvoyeur d’emploi pour les jeunes et les femmes.  On peut insérer des nationaux dans tous les secteurs de la filière : producteur, transport, commercialisation. Au niveau de la production, étant donné que c’est une culture à cycle court, une coopérative qui a une superficie d’un hectare peut créer du travail pour 15 à 20 personnes.  Cette activité est donc un moyen de lutte contre la pauvreté surtout en milieu rural
Vous voyez ces jeunes sur ce site (Ndrl : plate forme de commercialisation d’oignon située d’Attecoubé). Ce sont des chargeurs,  des porteurs des transporteurs des revendeurs. Chacun s’en sort avec ce qu’il fait à la fin de journée.


Dans ce sens quel appel voudriez-vous à l’endroit des jeunes et femmes afin qu’ils s’intéressent à cette activité ?

Je voudrais leur dire qu’aujourd’hui ce n’est pas seulement dans les bureaux qu’il y a du travail. Moi-même j’ai été fonctionnaire puis j’ai travaillé dans le privé. Aujourd’hui j’exerce dans le commerce de l’oignon. Ce n’est pas facile. Mais,  avec la foi et le courage on s’en sort. Surtout qu’on arrête de penser que le secteur de l’oignon est la chasse gardée des non nationaux. Nous leur demandons de s’intéresser aux activités de l’oignon.

Et l’Etat ?

Je demande au gouvernement de s’intéresser aussi à cette filière. L’Etat injecte plusieurs milliards par an pour importer ce produit en vue de satisfaire la demande nationale.   Non seulement il doit nous appuyer pour nous organiser, mais, il pourra économiser assez de devises si l’oignon est produit en Côte d’Ivoire. Sans oublier les opportunités d’emploi évoquées toute à l’heure.

Quel message à l’endroit de tous les acteurs de la filière oignon reparti sur toute l’étendue du territoire national ?

Je voudrais profiter par votre canal pour attirer l’attention de tous les acteurs de la filière sur la nécessité de se mettre ensemble pour être plus fort. Aujourd’hui nous sommes en train de faire un travail qui est profitable à tous. C’est-à-dire la mise en place de l’interprofession qui sera un cadre idéal pour tous les opérateurs de la filière oignon en Côte d’Ivoire. Qu’ils viennent afin que nous tracions ensemble les sillons de notre avenir.


Interview réalisée par
ALFRED KOUAME