L’Initiative Ppte et nos poches

L’Initiative Ppte et nos poches

Le vendredi 13 décembre, nous avons organisé notre « Grand rendez-vous » mensuel autour des actions de M. Madani Tall, directeur des opérations de la Banque mondiale qui quitte ses fonctions dans notre pays. Cette rencontre a permis aux participants de mieux comprendre les actions de cette institution tant décriée dans certains milieux intellectuels qui la considèrent, avec le Fmi, comme les bourreaux des pays pauvres à travers leurs programmes d’ajustement structurel.

Ils ont surtout mieux compris l’engagement personnel de M. Madani Tall envers la Côte d’Ivoire et le rôle fondamental qu’il a joué dans notre sortie de crise. Sans cet engagement, notre pays n’aurait pas bénéficié des dons de la Banque mondiale qui se chiffrent en centaines de milliards de nos francs et nous ont permis de faire face aux urgences après notre crise post-électorale. Je voudrais ici dire personnellement « merci » à M. Madani Tall.

Lors de cette rencontre, certaines personnes se sont inquiétées de ne pas sentir dans leurs poches les effets de l’Initiative Ppte qui a abouti à une annulation substantielle d’une partie de notre dette extérieure. Et nous entendons souvent cette complainte autour de nous: « On a annulé notre dette, mais nos salaires n’ont pas augmenté et les prix ne cessent de grimper sur les marchés. » Ceux qui le disent n’ont sans doute pas tort, car ce qui nous importe le plus, à nous autres Ivoiriens, c’est ce que nous avons dans nos poches. Mais il conviendrait peut-être de regarder les choses autrement.

Le Président de la République a achevé, samedi, sa visite dans la région du Bélier et le District autonome de Yamoussoukro. Il était, auparavant, dans les régions de Bouaké, Korhogo, Man, Bondoukou. Ceux qui les ont visitées ont pu voir les routes refaites, les villages électrifiés et desservis en eau potable, les nouvelles écoles, les centres de santé. A chaque visite du Chef de l’État, des véhicules de fonction et des bennes à ordures sont distribués aux autorités administratives, municipales ainsi qu’aux forces de l’ordre.

Depuis quelque temps, la dette intérieure est en cours d’apurement, après avoir été auditée pour que ne soient payées que les vraies dettes. C’est tout cela l’effet de l’Initiative Ppte. Hier, le Premier ministre a lancé les travaux de réfection de la route Agnibilékrou-Abengourou qui, à terme, devraient mettre fin au cauchemar des milliers d’usagers de cette voie stratégique de notre pays. C’est aussi cela l’effet de l’Initiative Ppte. Nous l’avons plusieurs fois écrit dans ces colonnes: nous sommes tous impatients. Et nous avons raison. Mais nous avons tort en ne prenant pas en compte l’état de délabrement dans lequel se trouve notre pays. Dans la folie destructrice qui s’est emparée de nous durant ces dix dernières années, nous avons saccagé toutes nos infrastructures ou les avons simplement laissées se détériorer sans réagir.

Nous avons banni le mot entretien de notre vocabulaire. Souvenons-nous des ordures qui ont fait partie de notre quotidien. Il a fallu la Banque mondiale, grâce à M. Madani Tall, pour nous en débarrasser. Puisque cette institution ne sera pas toujours là pour faire tout le travail à notre place, il faut bien que nous nous y mettions. Quels touristes ou investisseurs espérons-nous voir dans des villes où l’air est irrespirable et où il y a des mouches partout ?

Nous rêvons de voir des usines ou des complexes touristiques s’installer à Tengrela, Abengourou, Bouna, Man, Daloa, an Pedro, Bocanda, donnant ainsi du travail à nos parents, afin de soulager les finances de ceux, qui travaillent déjà. C’est légitime. Mais il faut d’abord que la route arrive dans toutes ces localités, qu’il y ait de l’électricité, de l’eau courante, des écoles, des centres de santé, un environnement sain. Et c’est à tout cela que sert ce que nous avons gagné avec l’annulation d’une partie de notre dette.

Venance KONAN