Mali/D. Dembelé : « Même si j’appelais à voter Soumaïla, les militants allaient tous basculer chez IBK »

Dramane Dembelé, candidat de l’Adema-Pasj à la présidentielle malienne du 28 juillet 2013, est convaincu que le nouveau Président, Ibrahim Boubacar Keïta, a tous les atouts pour réconcilier son peuple.
Dramane Dembelé, candidat de l’Adema-Pasj à la présidentielle malienne du 28 juillet 2013, est convaincu que le nouveau Président, Ibrahim Boubacar Keïta, a tous les atouts pour réconcilier son peuple.
Dramane Dembelu00e9, candidat de lu2019Adema-Pasj u00e0 la pru00e9sidentielle malienne du 28 juillet 2013, est convaincu que le nouveau Pru00e9sident, Ibrahim Boubacar Keu00efta, a tous les atouts pour ru00e9concilier son peuple.

Mali/D. Dembelé : « Même si j’appelais à voter Soumaïla, les militants allaient tous basculer chez IBK »

Dramane Dembelé : « Même si j’appelais à voter Soumaïla, les militants allaient tous basculer chez IBK »

 

Candidat de l’Adema-Pasj (Alliance pour la démocratie au Mali / Parti africain pour la solidarité et la justice) au premier tour, vous avez, contre toute attente et alors qu’on vous croyait du côté de Soumaïla Cissé, lancé un appel à voter au second tour Ibrahim Boubacar Keita du Rassemblement pour le Mali (Rpm). Quelles sont les motivations profondes de cette décision contraire à celle de la direction?

Apparemment, les gens sont surpris, qu’en tant que candidat du Parti africain pour la solidarité et la justice, je sois du côté du président Ibrahim Boubacar Keïta. Certainement, chacun a sa lecture, mais les gens qui connaissent la sociologie politique du pays, devraient, naturellement, s’attendre à ce qu’un candidat membre de l’Internationale socialiste (Is), soutienne un camarade dont le parti est membre de l’Is. Du point de vue idéologique, nous sommes des socialistes, nous ne sommes pas des libéraux. L’homme est au cœur de notre idéologie ; le libéral privilégie le profit, le capital. Parallèlement, il y a la plateforme que l’Adema avait signée dans le cadre du Front de défense pour la démocratie et la République (Fdr). Qui, au début, s’est battue pour un retour à l’ordre constitutionnel, et qui s’est muée en une plateforme dans le cadre du processus électoral. Cependant, force est de constater que dans ce type de processus, c’est le candidat investi qui a compétitionné, qui doit lancer l’appel et qui doit être au centre des discussions. Malheureusement, tel n’a pas été le cas. Il y avait un piège, en son temps, que j’avais relevé.

 

Quel était ce piège ?

Lorsqu’on signait cette plateforme, je ne voulais pas y prendre part, mais la tension était vive et j’ai tout fait pour ramener la cohésion au sein du parti. Et c’était un facteur de cohésion au sein de l’Adema. Pour autant, au sein de cette plateforme, après signature, je me suis rendu compte que tout était fait par rapport à un candidat. La plateforme s’était ‘’aliénée’’ les positions des parties prenantes et mon sentiment était que tout était fait pour isoler le candidat de l’Adema. Certainement avec la complicité de certains camarades du parti. Si tel est le cas, il aurait été judicieux que les candidats membres de la plateforme se retrouvent pour échanger. En son temps, j’avais suggéré qu’il y ait une cohérence au niveau des directions de campagne de sorte qu’à l’avenir, chaque entité se sente valorisée. Cela a manqué, les autres avaient leur schéma et mon agenda à moi, était purement républicain. Je n’avais pas d’agenda personnel.

En outre, à un moment donné, le peuple a fait un choix. Environ 40% des suffrages sont allés à IBK, et nous, membres du Fdr réunis, nous n’atteignions pas 35%. Si honnêtement, nous sommes soucieux de la stabilité du pays, il n’était pas bon de se mettre dans un carcan pour attiser la violence, donner un sentiment de rapports de forces qui n’étaient pas réels. Forcément, j’ai fait la lecture politique en disant que le peuple a fait le choix de la stabilité, il me revient de conforter et de légitimer ce choix. Il ne s’agissait donc pas du choix d’une personnalité ou d’un individu. Je n’ai fait qu’entériner, consolider et valider le choix du peuple qui en a assez de cette crise et veut en sortir. J’ai fait la lecture selon laquelle le peuple a fait un choix, j’ai préféré faire le pas avec le peuple que de faire cent pas sans le peuple, comme dirait l’autre.

 

Pensez-vous avoir été entendu et suivi ?

Effectivement. Le second tour m’a donné raison, vous avez vu le score. C’est un raz-de-marée. En tout cas, je suis conforté dans ma prise de position. Mon appel a été largement suivi. Nous ferons la matrice du premier et du second tours de l’élection présidentielle. Nous ferons la balance entre les résultats obtenus par le président Ibrahim Boubacar Keïta avant et après et verrons si l’appel du candidat de l’Adema a été suivi. Pour l’heure, j’en suis convaincu. Les tendances l’ont déjà démontré et le report a été suivi à 80%.

 

La presse nationale fait état d’une guerre de générations entre vous et le 1er vice-président du parti, Ibrahima Ndiaye. Qu’en est-il au juste, puisque lui avait soutenu Soumaïla Cissé ?

Il ne saurait y avoir une guerre de générations, mais chaque chose en son temps. J’ai beaucoup de respect pour le camarade 1er vice-président du parti, mais je suis au regret de dire qu’il est mal placé pour faire la morale politique à quelqu’un. En 2002, il faisait partie de ceux qui étaient à la base du Groupe des 10 et qui ont voté contre le candidat investi du parti, Soumaïla Cissé. A l’époque, nous n’étions pas d’accord et avions marqué notre différence. Ils ont fait semblant d’être avec quelqu’un le matin et voilà qu’à midi, ils sont de l’autre côté. La politique puritaine ne leur sied pas. Au contraire, nous avons donné une leçon aux gens en disant qu’il existe une éthique en politique. Si les gens veulent jouer collectif, l’un des éléments de base est qu’on ne peut discuter sans les autres. Dans tous les pays du monde, ce n’est pas Ibrahima Ndiaye qui a été classé 3e, faiseur de roi, mais Dramane Dembelé, qui a été le porte-étendard d’un parti. Le minimum, c’est d’échanger avec lui. Je répète donc qu’il ne peut y avoir conflit de générations. Tout simplement, j’ai constaté que certains cadres ont des agendas personnels à défendre et dont la République ne peut plus s’accommoder. L’Adema est un patrimoine commun et on ne saurait ignorer l’avis des militants à la base.

 

Pas de conflit de générations, mais un problème sur votre choix ?

J’ai compris que les gens ne sont jamais sortis des primaires au sein du parti. Pendant lesquelles un camarade a été investi, même s’il est jeune, le groupe parlementaire, les 55 sections de l’intérieur du pays, les 30 de l’extérieur, l’ensemble des conseillers nationaux, les mouvements des femmes et des jeunes. Si malgré cela, ils ont décidé de passer des mots d’ordre contraires, c’est qu’ils ont fait semblant d’être avec mais en réalité, ils n’étaient pas avec. Ils ont pris nos moyens et supports de campagne et fait de la rétention. Dans leur schéma, l’Adema ne devrait même pas être sur le podium. Ces gens rêvaient que l’Adema arrive en 5eposition pour faire porter le poids de l’échec au jeune Dramane Dembelé en l’accusant d’être incapable. Je suis un croyant, et j’en profite pour remercier très sincèrement les militants sincères du parti. On peut faire autrement la politique. C’est un processus qui est en marche. Nous voulons faire autrement la politique, c’est-à-dire qu’il faut changer les méthodes et les pratiques. Vous avez constaté la présence des présidents d’honneur et je ne crois pas que cela soit possible, s’il y avait un conflit de générations. Sur neuf coordinations régionales, sept se sont prononcées en notre faveur. C’est un combat de principes, de légitimité. Lorsqu’on est dans un processus et qu’un candidat a été investi par une conférence d’investiture, il faut le laisser conduire le processus jusqu’au bout.

 

Il y a quand même quelque chose d’incompréhensible. Vous êtes le candidat du principal parti politique du pays. Vous n’avez pas la chance d’arriver au second tour et voilà que votre appel en faveur d’IBK est suivi par les cadres et la base. Comment interprétez-vous cela ?

Les gens en avaient assez. Je crois que des formations politiques se sont irriguées sur les bases de l’Adema. Ce sont ces cadres qui ont des relais au niveau des structures à la base. A un moment donné, ils se sont trouvés coincés, vu qu’ils avaient laissé des mots d’ordre tantôt en faveur de Soumaïla Cissé, tantôt en faveur d’IBK. Honnêtement, ma conviction était faite que même si j’appelais à voter Soumaïla, ils allaient tous basculer chez IBK. Et voilà que mon appel a coincé des personnes. En réalité, j’avais senti depuis longtemps que beaucoup avaient travaillé pour aider le camarade IBK. Si j’avais fait un coup de tête, ils m’auraient lâché et je ne serais pas sur le podium. J’avais senti le coup à trois semaines des élections. A cette date, on ne peut pas tout mettre à plat, au risque de tout casser.

 

En somme, on vous met devant et on soutient IBK ?

Exactement. IBK et même Modibo Sidibé se sont nourris de la base de l’Adema. C’est la raison pour laquelle je dis qu’il y a eu des aberrations que je continue d’interroger. Quelqu’un qui a 3500 conseillers municipaux, 56 députés, donc une base réelle et qui se trouve sur le podium avec 9%.

 

Un élu de ce pays pense que les partis politiques n’existent pas, aujourd’hui, au Mali. Partant des résultats de ces élections, comment allez-vous vous y prendre pour reconstituer votre patri, l’Adema ?

C’est un peu excessif de dire que les partis n’existent pas. Il est vrai qu’à un moment donné, il y a eu un désamour vis-à-vis des hommes politiques. Le citoyen malien Lambda a le sentiment que son vote n’a aucun sens. Désormais, les gens ont compris, et l’enjeu est tel qu’aujourd’hui, ils vont s’investir dans la politique. Je pense que ma candidature a suscité de l’espoir qu’il va maintenant falloir capitaliser. En appelant les jeunes à faire la politique. Nous sommes convaincus que ce n’est pas un métier à vie, mais une affaire de génération. A un moment donné, il y aura la passerelle, l’osmose générationnelle, les  gens seront obligés de passer la main à un moment donné.

 

Est-il envisageable de parvenir à un rapprochement ou une fusion entre l’Adema et le Rpm d’IBK. Etant donné que vous étiez tous ensemble à l’Adema et que vous êtes de l’Internationale socialiste ?

C’est le rêve. Le Rpm qui tisse (le tisserand est son emblème), l’Adema qui se donne la main et l’Urd l’abeille solitaire, tous les trois tirent leur origine de l’Adema. Ibrahim Boubacar Keïta, fondamentalement, fait partie des fondateurs de ce parti, depuis la clandestinité. Après les mouvements estudiantins, nous avons placé leurs affiches. C’est pareil pour l’Urd de Soumaïla Cissé. Il vient de l’Adema. Moi, j’y suis. Le rêve, aujourd’hui, c’est les retrouvailles de la famille, l’Adema originelle.

 

Y compris l’Urd ?

Bien entendu. Je n’ai pas le poids des années 46 ni des années 60. Ce déchirement entre ennemis ne fait plus partie de notre schéma. Nous voulons simplement que le Mali émerge et forcément, le paysage politique va se recomposer. Les valeurs qui convergent vont se retrouver et se donner la main.

 

Le candidat du Rpm, IBK, a déclaré après son vote, le 11 août, qu’aucun marché n’a été conclu avec la vingtaine de candidats du premier tour qui se sont ralliés à lui. N’empêche ! Elu, il va falloir penser au partage du pouvoir, non ?

Honnêtement, il a dit la vérité, à savoir qu’il n’y a jamais eu de marchandage. Les gens se sont retrouvés parce que nous avons le Mali en partage. Le président Ibrahim Boubacar Keïta a trouvé les mots justes : le Mali d’abord. Et je l’ai dit tantôt, pour la stabilité du pays, pour la restauration de la paix et de la sécurité, il serait bon que des synergies se développent entre toutes les compétences et intelligences du pays pour se donner la main. On vient de sortir d’une crise, c’est un pays à rebâtir, un Mali debout, fort et crédible. Donc le pays aura besoin de toutes les compétences. De deux choses l’une soit animer le pouvoir, soit animer l’opposition. Je pense qu’à tous les niveaux, nous sommes prêts à servir le pays. Il n’y a pas eu de marchandage ni de partage de pouvoir. Le président Ibrahim Boubacar Keïta est un homme d’Etat, qui a pris la mesure des choses, qui a géré le pays pendant des années. Il saura mettre en synergie les compétences, les énergies et les intelligences. 

 

Selon vous, qui peut animer l’opposition aujourd’hui ?

Cette configuration va se dessiner, à mon avis, après les élections législatives. En parler aujourd’hui serait hasardeux. L’opposition va se dessiner à partir de l’opposition parlementaire; ça ne se décrète pas. On attend les législatives, il y a aura une majorité et une opposition. Je souhaite vivement que ce soit une opposition constructive.

 

Comment allez-vous aborder les législatives. Comptez-vous faire une nouvelle alliance avec le parti du Président élu?

Il y a cette probabilité. Nous allons conjuguer nos efforts pour qu’il puisse gérer le pays dans la stabilité. Je vais œuvrer pour que nous soyons ensemble pour donner une majorité confortable au Président Ibrahim Boubacar Keita, pour nous sortir de la crise.

 

Alors même que l’administration n’a pas encore publié les résultats officiels provisoires, le candidat Soumaïla Cissé a rendu une visite de courtoisie à son concurrent et reconnu sa défaite. Il l’a  félicité. Quel commentaire ?

J’ai trouvé ce geste magnifique. Ça m’a beaucoup impressionné. Le Mali n’est pas le seul cas, nous l’avons vu à Dakar, au Sénégal. Le président Soumaïla Cissé a montré qu’il est républicain, démocrate. Depuis les QG, chacun savait comment évoluait les tendances. J’ai apprécié ce geste parce que dans nos pays, les gens se nourrissent de la divergence des leaders.

 

Si vous deviez caricaturer les deux hommes, IBK et Soumaïla Cissé, que diriez-vous en termes de forces et faiblesses ?

Tous ces hommes sont des hommes d’Etat. Cependant, IBK, à un moment donné, a su marquer l’histoire, qu’on le veuille ou non. Je note, entre autres, le vote de la loi sur le vérificateur général. A l’époque, il a dit qu’il a voté cette loi par loyauté et qu’il aurait pu ne pas la voter par dignité. C’est-à-dire qu’il n’était pas d’accord, alors que tout le monde était dans un consensus ambiant. Seule sa voix s’était élevée au-dessus de l’accord ambiant. De même pour l’accord d’Alger. Il s’agit donc de faits historiques qui témoignent en sa faveur. En outre, en 1994, lorsqu’il était à la Primature, l’autorité de l’Etat était presque bafouée, et c’est lui qui a ramené cette autorité. Dans l’imaginaire collectif, il incarne la stature d’un homme d’Etat de poigne qui pouvait amener la stabilité, surtout que nous venons de sortir d’une situation d’humiliation. IBK était connu et il avait surtout marqué l’histoire.

 

Est-ce à dire que la population lui a pardonné ses grincements de dents avec les chefs religieux, le monde estudiantin et certains de ses opposants ?

Le peuple malien sait pardonner et à un moment donné de son histoire, sait s’identifier à des hommes. Effectivement, il a eu des prises de bec avec les religieux mais aujourd’hui, les gens tendent à dire, à tort ou à raison, que les religieux sont de son côté. Je pense qu’il a su marquer l’histoire. Comme disait (l’ancien) Président Alpha Oumar Konaré : « Quelqu’un qui veut faire l’histoire ne gère pas les faits divers ». Je pense que IBK n’a pas voulu gérer les faits divers. Il s’est attelé à gérer l’histoire, il veut faire l’histoire, il a marqué l’histoire.

 

Soumaïla Cissé a-t-il des chances d’y arriver dans cinq ans ?

Je suis un croyant et le pouvoir est du domaine du divin. Tout est possible dans la vie, je ne peux prédire l’avenir. Maintenant, c’est en posant des actes que le peuple saura apprécier.

 

Son geste à l’endroit du candidat élu, IBK, est-il suffisant ?

J’ai personnellement beaucoup apprécié ce qu’il a fait. Reste à savoir si ce sera le cas dans son environnement et le commun des Maliens. Ce n’est pas un fait majeur dans l’histoire mais un facteur de stabilisation.

 

En dépit de la qualité de l’organisation des élections, des défaillances ont tout de même été relevées. D’aucuns ont parlé de fraude, de lenteur dans l’organisation et la proclamation des résultats, l’éclairage des salles de classe, le manque d’harmonisation avec quatre structures qui collaborent, etc. Selon vous, comment parfaire le processus ? 

Dans l’avenir, beaucoup de correctifs doivent être apportés. Il faut déjà savoir qu’aucune élection n’est jamais parfaite. Fondamentalement, il y a lieu de revisiter les textes en charge des structures qui organisent les élections. Il y a effectivement beaucoup d’entités qui méritent d’être mises en cohérence. Pourquoi ne pas aller vers la création d’une agence dotée d’une autonomie ou d’une indépendance pour organiser les élections. La Cour constitutionnelle redresse des voix sans qu’on ne sache la méthodologie _on était à 51% de taux de participation (résultats provisoires) et on est descendu à 48,98% (résultats définitifs) au premier tour. Il y a beaucoup d’interrogations. Cependant, cette élection était le prix à payer pour sortir de cette situation d’instabilité, de l’enlisement, pour qu’on retourne à la normale.

 

Quelles sont les chances de parvenir à la réconciliation avec le nord du pays ?

Avec ce scrutin et ce score, le Président Ibrahim Boubacar Keïta a toute la légitimité populaire. Il faut y ajouter la volonté politique. Je l’ai dit dans mon programme, Le rêve d’un Mali nouveau, mon obsession de voir les enfants de ce pays réconciliés avec eux-mêmes. Je pense que le Président IBK a la même vision, c’est un homme d’Etat et surtout de culture. Il saura trouver les mots pour amener les enfants à rentrer par la même porte et à sortir par la même porte.

 

Il avait dénoncé dans les années 1990 l’Accord d’Alger. Aujourd’hui, il doit pactiser ou négocier avec une autre rébellion. Quelles sont ses chances de réussite ?

Je ne pense pas qu’il va pactiser. C’est un homme d’Etat qui saura mettre les choses à leur place. Il veut faire l’histoire, les choses vont se discuter dans les règles de l’art et je reste convaincu qu’il saura trouver les mots, la formule pour réconcilier les enfants de ce pays. Il est vrai qu’il était contre l’Accord d’Alger qui demandait la démilitarisation du territoire malien dans sa partie septentrionale. Ce qui était une aberration, l’autorité de l’Etat était inexistante au nord dans ledit Accord. Aucun Etat ne saurait s’accommoder de cette situation. Il dira que le Mali est indivisible et il a un destin commun.

 

Vous êtes ingénieur des mines et il se raconte que l’une des causes de la crise que le pays traverse résiderait dans l’abondance de ressources pétrolières et gazières au nord du pays. Quelle est la réalité, selon les études ?

Effectivement, en ma qualité d’ingénieur minier, j’ai fait l’inventaire dans la partie nord du pays de 1999 à 2002. En termes d’occurrence géologique, nous avons du potentiel dans la région. Cependant, ramener cette question à cette dimension est un peu simpliste. Il est vrai que l’enjeu, aujourd’hui, est global. Tant l’espace, les ressources naturelles que les eaux souterraines. En un mot, le Mali est devenu un enjeu mondial, régional et local. Il serait donc bon que les gens développent des synergies dans cet espace, d’autant que pris individuellement, nul ne peut faire face à ce qui est en train de s’enraciner dans ce pays : l’industrie de la prise d’otages, des narcotrafiquants. En un mot, une bande de no man’s land que tous ceux qui l’ont en partagent doivent gérer en toute synergie et intelligence.

 

Interview réalisée par

PAULIN N. ZOBO

Envoyé spécial à Bamako (Mali)