Dakar: Pôle d’attraction des candidates ivoiriennes à l’immigration en Europe

Une Plage de l'Ile de Gorée
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Dakar: Pôle d’attraction des candidates ivoiriennes à l’immigration en Europe

Dakar : Nouveau pôle d’attraction des candidates ivoiriennes à l’immigration en Europe

Se trouver un mari européen, de préférence un Français et par la suite obtenir la possibilité de se retrouver en Europe, synonyme d’une vie meilleure et la fin de tous les problèmes existentiels. Voilà le secret que caressent plusieurs jeunes filles ivoiriennes.

Une ambition devenue de plus en plus  difficile à réaliser avec la crise militaro-politique qui a conduit plusieurs Entreprises étrangères et leurs personnels européens à se rélocaliser en majorité au Sénégal. Toutefois, loin de renoncer à leur projet, nombre d’entre elles  poursuivent cette quête jusqu’à Dakar, devenue pour elles, la nouvelle plate forme des rencontres multiraciales.

Rachel D, est une jeune ivoirienne très élancée à la peau d’ébène, qui a presque la trentaine. Elle travaillait dans un célèbre bar climatisé de la Zone4 à Abidjan. Lieu où elle a fait la rencontre de Richard, un jeune cadre Français, représentant une multinationale à Abidjan en 2001. Les deux jeunes vont très vite passer du stade d’amants à une vie de couple.

Ils étaient des fiancés quand  la crise éclata en Côte d’Ivoire en septembre 2002. Richard est sommé par sa société de rejoindre Dakar, lieu où sa société a été relocalisée. Il part seul en ’’ reconnaissance’’ sans sa fiancée à qui il a promis le mariage. « Au début on s’appelait tous les jours. Par la suite c’était des coups de fil une fois par mois », explique Rachel D. C’est alors qu’elle se décide à se rendre à Dakar un an après pour voir ce qui se passe.

Une surprise l’attendait. Une fois à Dakar Rachel découvre que son ‘’bien aimé’’ vit avec une autre,  une sénégalaise à Fann Résidence, un quartier chic de la capitale sénégalaise. Déçue et n’ayant pas assez de moyen pour rentrer à Abidjan, elle va fréquenter les lieux visités par les touristes et résidents Européens. C’est ainsi qu’elle rencontre Gérald D qui deviendra par la suite son mari. Le couple a une belle fillette de 6 mois et vit aujourd’hui entre Marseille et Dakar.

Comme Rachel D, elles sont nombreuses les ivoiriennes qui ont choisi la destination Dakar pour se trouver un « mari » ou « amant » européen qui peut les aider à rejoindre ‘’l’eldorado’’ Européen.  « On enregistre de plus en plus l’arrivée de jeunes filles ivoiriennes à Dakar », indique un officier des services d’immigration de l’aéroport international Léopold Sédar Senghor de Dakar, le Lieutenant Diop.

Il explique que bien que ne disposant pas de statistiques, ils ont observé qu’au début de la crise en Côte d’Ivoire, nombres de jeunes filles sont arrivées à Dakar. « Mais il s’agissait en majorité d’élèves et d’étudiants qui venaient s’inscrire dans les écoles Sénégalaises », indique-t-il. Avant de préciser que depuis début 2004, celles qui viennent ne sont pas des élèves ni des étudiantes. « Lorsqu’on se renseigne sur l’objet de leur voyage elles vous disent en général qu’elles viennent voir un ami ou faire du tourisme ».

Pour arriver au Sénégal, certaines de ces jeunes filles ont dû mettre à contribution toute leur économie. « Il faut payer un billet d’avion et prévoir un peu d’argent pour se nourrir avant d’avoir un boulot. En tous cas,  moi j’ai dû mobiliser la somme de 500000 Fcfa pour venir à Dakar », révèle Mlle Akmel Georgette.

Avant de préciser que sur le terrain cet argent va s’avérer insuffisant pour vivre convenablement. En fait, le billet d’avion allez-retour Abidjan-Dakar se négocie généralement entre 200.000 Fcfa et 300.000 Fcfa en classe économique.

En plus, il faut se trouver un logis et disposer un peu d’argent « le temps de tomber sur l’oiseau rare qui vous prendra en charge par la suite», révèle Mireille Ahoutou. Avant d’expliquer que certaines filles ont plus de chance. En effet, une fois au Sénégal elles arrivent à s’installer sans grande difficulté grâce à des connaissances.

Une fois installées, ces jeunes dames vont sillonner les lieux fréquentés par les européens et autres expatriés. Il s’agit des buvettes huppées de la place de l’indépendance au quartier du « Plateau ». En tout cas, une fois la nuit tombée ces bars reçoivent la plupart des expatriés européens et les touristes ‘’blancs’’.

C’est dans l’un de ces nombreux bars que Céline Digbeu, une Ivoirienne, la vingtaine passée a réussi à se faire une place comme serveuse. « Je ne suis pas venue à Dakar pour être serveuse de bar. Je suis à la quête de mon blanc, afin d’aller vivre avec lui en Europe ».

Elle explique que sa meilleure amie, une compatriote a eu son prince charmant dans le même endroit. « Le couple est rentré en Belgique début Octobre. Je suis sur une bonne piste », indique-t-elle le sourire aux lèvres.

L’autre endroit très prisé par ses ‘’chercheuses’’ de mari ‘’Blanc’’ sont les nombreux sites balnéaires de Dakar et de ses environs. En tout cas, selon plusieurs travailleurs des hôtels de la ‘’Petite Côte’’ dont la localité touristique de Saly fait partie, chaque Week End ou jour ferier, elles sont nombreuses, les jeunes filles à venir se baigner. « Histoire de se faire remarquer », commente Malick Fall, un employé d’un grand Hôtel de Saly.

Il explique que certaines jeunes dames, dont des Ivoiriennes n’hésitent pas à faire le premier pas. « Si tu vois que tu lui plais et qu’il n’ose pas se décider, il faut l’aider », soutien Céline Digbeu.

Le hic, c’est que la majorité n’arrive pas à avoir le prince charmant. En tout cas, passé le temps des vacances, nombre de touristes européens ne poussent pas leur relation avec ces filles  jusqu’au mariage.

De sorte que chaque année, c’est le perpétuel recommencement avec un autre expatrié touriste européen. Ainsi elles finissent par être ‘’fichées’. Nombre de jeunes dames ont ainsi « échoué » sur les plages de Dakar et des cités balnéaires de la  cité de la Téranga.

« Cela fait 5 ans que je suis là mais je n’arrive pas à avoir mon blanc qui est prêt à aller jusqu’au mariage », explique Ghislaine Audrey. Elle indique qu’elle ne peut pas non plus se retourner en Côte d’Ivoire sans avoir atteint son objectif. « La honte fait qu’il est difficile de rentrer au pays dans cette condition. Je n’ai plus rien comme biens là-bas. Il va falloir tout reprendre », commente-t-elle. En attendant, cette  dame qui approche la quarantaine change de partenaires à chaque saison  touristique.

Mais, comment vivre à Dakar en attendant la saison touristique ?  En tout cas, selon plusieurs observateurs, certaines font de petits commerces, travaillent dans des bars de nuits ou se livrent carrément au plus vieux métier du monde, la prostitution.

Plusieurs responsables des organisations de lutte contre les violences faites aux femmes  et la prostitution expliquent que ces femmes courent des risques une fois en Europe.

« Certains proxénètes utilisent eux aussi cette stratégie pour recruter des femmes qui seront transformées en esclave sexuelle ou utilisées malgré elles dans la production des films pornographiques », soutien S. Fall, un membre d’une ONG de lutte contre l’esclavage sexuelle.

 

Théodore Kouadio

theodore.kouadio@fratmat.info

Envoyé Spécial à Dakar


De la nationalité par le mariage

Le moins que l’on puisse dire c’est que le code civil sur l’acquisition de la nationalité est très clair. En tout cas, d’après les dispositions des articles 21-1 à 21-6, le mariage n'exerce pas d'effet automatique sur la nationalité.

En clair, une personne étrangère qui épouse un(e) français(e) ne peut acquérir la nationalité française que si elle remplit certaines conditions. Le document indique que la procédure est celle de la déclaration.

Le conjoint étranger ou apatride d'un Français peut, après un délai de 4 ans à compter du mariage, acquérir la nationalité française par déclaration. Et ce, à condition qu'à la date de cette déclaration la communauté de vie entre le couple n'ait pas cessé entre les époux depuis le mariage, et que le conjoint français ait conservé sa nationalité.

Toutefois, le délai de communauté de vie est porté à 5 ans lorsque le conjoint étranger, au moment de la déclaration: soit ne justifie pas avoir résidé de manière ininterrompue et régulière pendant au moins 3 ans en France à compter du mariage, soit n'apporte pas la preuve que son conjoint français a été inscrit pendant la durée de leur communauté de vie à l'étranger au registre des Français établis hors de France.


Le mariage célébré à l'étranger doit avoir fait l'objet d'une transcription préalable sur les registres de l'état civil français. Le conjoint étranger doit également justifier d'une connaissance suffisante, selon sa condition, de la langue française.

T K