Charles Koffi Diby: "Les relations avec la Corée du Sud vont prendre un nouvel essor"

Charles Diby Koffi, ministre d'État, ministre des Affaires étrangères de Côte d'Ivoire
Charles Diby Koffi, ministre d'État, ministre des Affaires étrangères de Côte d'Ivoire
Charles Diby Koffi, ministre d'u00c9tat, ministre des Affaires u00e9trangu00e8res de Cu00f4te d'Ivoire

Charles Koffi Diby: "Les relations avec la Corée du Sud vont prendre un nouvel essor"

Charles Koffi Diby : ‘’Les relations avec la Corée du Sud vont prendre un nouvel essor’’

Le gouvernement ivoirien a signé, le mardi 7 octobre, quatre Accords de coopération avec la Corée du Sud, à la faveur de la visite officielle du Président de la République, Alassane Ouattara. Le ministre d’État, ministre des Affaires étrangères, Charles Diby, explique ici, la portée de ces accords qui vont "booster les relations bilatérales entre les deux pays".

M. le ministre d’État, que retenir des Accords que viennent de signer la Côte d'Ivoire et la Corée du Sud ?

La visite dans ce beau pays était très attendue par les autorités coréennes, parce qu’on se rappelle que la Côte d’Ivoire a été l’un des premiers pays africains à nouer des relations diplomatiques avec  la Corée. C'était en juillet 1961. Rappelons aussi qu’à cette époque, ce pays avait le même niveau de développement que le nôtre. A moins d’un demi-siècle, la Corée du sud fait partie des 12 économies les plus dynamiques du monde, avec un niveau de croissance qui se situe autour de 3%, un niveau d’inflation à 1,4% et un taux de chômage de 3,1%. Ce sont des indicateurs macroéconomiques très parleurs. Ce qui m’a impressionné au cours de cette visite, c’est le fait que nous sommes en train de capitaliser sur le passé du Président de la République. Ce sont les autorités coréennes, elles-mêmes qui l’ont dit, le Président de la République a occupé, à un moment donné, la fonction de directeur général adjoint du Fonds monétaire international (Fmi) - fonction qu’après lui, aucun Africain n’a occupé- la Corée a connu, en ces temps-là, une crise monétaire et financière qui s’est muée en crise économique grave. Elle se rappelle que le Président ivoirien l'a aidée à surmonter cette crise et à capitaliser sur les erreurs qui ont été commises et à faire en sorte que l’économie devienne encore plus vigoureuse. Le Président Ouattara appelle de tous ses vœux afin que la Côte d’Ivoire devienne un pays émergent. Si nous devons l’être, il faut alors approcher ceux qui sont en train d’émerger et voir les enseignements qu’on peut tirer de cette dynamique créée par ce pays.

Oui, mais M. le ministre d’État, que gagne concrètement la Côte d’Ivoire ?

Avec Koika (Agence gouvernementale de coopération de la Corée du sud: Ndlr), par exemple, le montant s’élève à près de 100 millions de dollars d’engagements en si peu de temps pour la Côte d’Ivoire. Lesquels touchent les secteurs comme l’eau, la santé, les routes, l’e.gouv,  un grand complexe sportif, l’amélioration de la capacité de nos administrations.

Quant à Eximbank, elle est en train de faire en sorte qu’on ait un niveau d’engagement de près de 70 millions de dollars, à taux concessionnel. Lequel permettra d’améliorer les conditions sanitaires dans notre pays.

Je voudrais vous signaler que les autorités coréennes ont beaucoup de respect pour le Président Alassane Ouattara. Quand un Chef d’État dit à son homologue, en très bon français: "la Côte d’Ivoire et la Corée, c’est ton pied mon pied", cela a une signification profonde.

La visite officielle du Président de la République est marquée du sceau de la consolidation des relations bilatérales qui existent déjà mais surtout sur les nouvelles perspectives de coopération. C’est vrai que la balance commerciale est déficitaire et en notre défaveur. C’est pourquoi, vous avez remarqué que le ministre du Commerce, de l’Artisanat et de la Promotion des Pme ivoirien, Jean-Louis Billon, a signé une convention avec son homologue coréen. Il est question d’accroître nos engagements vis-à-vis du marché coréen qui est d’ailleurs très preneur. N’oubliez pas que nous sommes le premier producteur mondial de cacao et que les Coréens sont de grands consommateurs de chocolat. C’est donc un débouché important. D’ailleurs, le Chef de l'État ivoirien fait en sorte que tous les cadeaux que nous avons remis, au cours de ce voyage, aux autorités, soient du chocolat ivoirien. La Côte d’Ivoire est aussi capable d’avoir un produit fini très intéressant.

On peut donc affirmer que l’avenir des relations bilatérales Côte d’Ivoire-Corée est prometteur ?

C’est une visite très importante. Les relations avec la Corée vont prendre un nouvel essor, surtout qu’il y a eu un forum économique avec les grandes entreprises qui ne demandent qu’à venir en Côte d’Ivoire. A partir du moment où, selon les autorités coréennes, l’économie ivoirienne est en plein essor, qu’il y a une stabilité socio-économique et politique, et qu’on peut bâtir sur la durée, si nous tenons le cap et que nous nous mettons au travail, à l’instar du peuple coréen, il n’y a pas de raison que nous ne soyons pas un pays émergent à l’horizon 2020. Le potentiel est là, les capitaux vont venir par le secteur privé. C’est donc aux Ivoiriens de se mettre au travail, surtout que les Coréens veulent participer au renforcement des capitaux par l’octroi de bourses à nos étudiants et à faire en sorte qu’il y ait des jumelages entre les Universités. Vous avez été témoin, ce matin (mercredi: Ndlr), quand le Chef de l’Etat a été fait Docteur honoris Causas par l’université féminine Sookmyung.

Je voudrais d’ailleurs ajouter que la politique du genre menée par le gouvernement ivoirien, est vraiment plus  impressionnante que ce qui se fait ici. Les Coréens ont beaucoup apprécié. Vous savez bien que la Corée est dirigée par une femme et la politique du genre est une politique à laquelle ils tiennent énormément. Et les avancées positives de la Côte d’Ivoire attirent du respect. Je pense que cette visite, il fallait la faire. C’est un pays qui nous a ressemblé à un moment donné et qui ne nous ressemble plus aujourd'hui. Nous devons faire en sorte de pouvoir lui ressembler à notre tour d’ici quelques années.

Quels sont les secteurs qui intéressent les investisseurs coréens ? Et puis investissent-ils déjà dans l’économie ivoirienne ?

Ils sont déjà dans la production de l’énergie, dans l’électricité (dans la nouvelle composition de Ciprel). Les Coréens sont très intéressés par le train urbain. Le ministre du Transport, Gaoussou Touré, vient de signer une convention pour le financement des études du 2e axe de ce train urbain qui ralliera Adjamé-Cocody-Bingerville. Ils sont également dans l’agro-industrie. En clair, les trois secteurs de l’économie ivoirienne (primaire, secondaire et tertiaire) les intéressent. Nous avons donc tout à gagner en composant avec ces opérateurs qui ont un savoir-faire et disposent d’importants capitaux.

INTERVIEW RÉALISÉE EN CORÉE DU SUD
PAR SYLVAIN NAMOYA