Alassane Ouattara: ‘‘Il y aura une autre personne à la tête de l’État en 2020’’

Alassane Ouattara: ‘‘Il y aura une autre personne à la tête de l’État en 2020’’

Alassane Ouattara: ‘‘Il y aura une autre personne à la tête de l’État en 2020’’

Comme d’habitude, à la fin des visites d’État, le Président de la République Alassane Ouattara a animé une conférence de presse au cours de laquelle il a répondu aux questions des journalistes sur l’actualité.

Propos liminaires
Messieurs les présidents de conseils d’administration, directeurs généraux, mesdames et messieurs, je pense qu’aujourd’hui, je n’ai pas besoin de faire un discours liminaire. Vous voyez la luminosité sur mon visage, cela veut tout dire. Mais ceci étant, je voudrais  avant toute chose, saluer et remercier le Président Bédié pour son hospitalité et toutes les bonnes attentions dont nous avons fait l’objet non seulement, Mme Ouattara et moi-même et toute la délégation. Saluer les responsables et cadres de la région de l’Iffou qui se sont fortement mobilisés pour que cette visite soit un grand succès.  J’étais sûr que cela devrait être un succès mais un succès exceptionnel. Nous avons passé des moments formidables ici pendant quatre jours. Si nous n’avions pas de contraintes à Abidjan, nous serions restés encore quelques jours. Les populations nous ont accueilli dans la ferveur, la fraternité, l’amitié et nous avons également pu dire ce que nous avons pu faire à mi-mandat. Nous avons déjà fait la moitié des investissements. La première année a été une année perdue, si je peux m’exprimer ainsi. Cela veut dire que nous avons la possibilité d’atteindre les objectifs que nous nous sommes fixés. Je suis personnellement heureux de la position d’orientation prise par le Président Bédié de notre action commune pour que le Rhdp me présente comme le seul candidat qui permettra donc  au gouvernement de continuer son travail sans interruption. Et de donner encore des résultats plus palpables à nos concitoyens au cours des prochains mois. Ce sont ces mots que je voudrais vous dire en vous remerciant d’être venus aussi nombreux.
 
Loukeman Coulibaly (Reuters): Nous sommes à environ trois mois et demi de l’année civile, comment va l’économie ivoirienne ? Est-ce que vous pensez que le taux de croissance de 9.1% projeté pour cette année est réalisable ? Quels sont les secteurs de l’activité économique qui vous ont satisfait et quels sont ceux qui doivent redoubler d’effort pour booster l’économie en 2015 ?
La croissance de l’économie est toujours très bonne. Je pense aux 10% en 2012  et aux environs de 9% en 2011 et un peu plus de 9 % en 2013. Je pense que nous serons dans les mêmes zones en 2014. Bien évidemment, nous sommes préoccupés par la question du virus de l’Ebola et des difficultés des pays voisins qui sont des partenaires commerciaux et économiques. Quel sera l’impact de la maladie à virus Ebola dans les pays voisins sur l’économie ivoirienne ? Je ne saurai vous le dire aujourd’hui.  Mais nous travaillons à revoir nos estimations et nous assurer que nous maintiendrons un fort taux de croissance au cours des prochaines années. En réalité, cette croissance continuera d’être forte parce que les investissements sont à un niveau élevé par rapport au produit intérieur brut. Parce que ces investissements sont financés non seulement par l’extérieur mais l’épargne intérieur. En deuxième lieu, la consommation est boostée par la politique du gouvernement avec bien sûr le fait que nous ayons débloqué les salaires en partie. Cela augmente le pouvoir d’achat des fonctionnaires. Nous avons quasiment doublé le Smig, ce qui aide le secteur privé. Nous avons augmenté les prix des produits agricoles, notamment le café et le cacao. Quand vous êtes dans une telle situation où vous avez une augmentation des investissements et  de la consommation,  bien évidemment ceci conduit à une augmentation des exportations. Nous sommes confiants que le taux de croissance continuera en Côte d’Ivoire, non seulement en 2014, mais aussi sur les années à venir. Nous serons conformes à nos prévisions. Dès maintenant, nous allons commencer à travailler sur le programme 2016-2020 parce qu’il faut bien assurer cette croissance pour aboutir à l’émergence. Donc je peux résumer en disant que nous sommes confiants de l’aboutissement de nos efforts et surtout que tout cela profite aux Ivoiriens, améliore le quotidien  de nos concitoyens en matière de pouvoir d’achat des fonctionnaires, des paysans et du secteur privé.  Que nous puissions avant la fin de l’année affiner les mesures pour réduire le coût de la vie et faire en sorte que nous puissions nous attaquer de manière forte à la question du chômage  des jeunes.
 
Loukeman Coulibaly (Reuters): Dans le courant du mois de juillet, vous avez levé 750 millions de dollars avec l’Eurobond. Après ce succès,  est-ce que vous envisagez à nouveau de solliciter ce marché?  A quel moment et  pour quel montant ?
Le taux est assez faible sur les 750 millions de dollars qui ont été empruntés. 5,625%, c’est seulement  un demi point au-dessus du taux comme le Portugal ces derniers mois. Il est évident que nous avons encore de la marge. Tout dépendra des propositions du Premier ministre, ministre de l’Economie, des Finances et du Budget. S’il estime que la trésorerie demande un nouvel appel au marché extérieur, nous le ferons parce que nous avons encore la capacité  de le faire. Les notations de Moodys et Fich nous permettre encore d’aller sur les marchés internationaux avant la fin de l’année. Nous pouvons  emprunter plus mais tout cela dépendra des nécessités d’emprunter ou pas. Aussi, j’encourage  les banques commerciales installées en Côte d’Ivoire à faire un effort sur leur taux, pas seulement pour le gouvernement mais aussi pour les entreprises et les particuliers. Si nous pouvons emprunter à l’extérieur à 5,625% pourquoi pas ici. J’aurais d’ailleurs l’occasion de m’adresser au patronat le 18 septembre. Je vais insister sur la nécessité de baisser les taux pour  aider les petites et moyennes entreprises et accélérer les crédits pour les entreprises nationales. Nous avons donc la marge, le taux d’endettement est faible, moins de 40%. Nous avons un taux de déficit qui est faible, à peu près 2%, le taux d’inflation qui est à 1,5%. La Côte d’Ivoire a donc la capacité d’emprunter plus. Mais nous veillons aussi à maintenir un taux d’endettement modéré qui ne doit pas atteindre 50% sur les  années à venir. La question de l’emprunt dépendra des circonstances, mais nous avons la possibilité d’emprunter à nouveau sur les marchés internationaux ou sur les marchés intérieurs, si nous le souhaitons.
 
Félix Bony (L’Inter): Le Président Bédié vient d’emboucher la même trompette que le président Mabri par rapport à votre candidature unique au sein du RHDP, il y a que le MFA, ne se sentant pas concerné par la gestion du pouvoir d’Etat, est-ce que des réglages se feront et comment comptez-vous  ramener le MFA à la candidature unique ?
Je fais remarquer que l’Udpci a déjà pris position il y a quelques mois. Je me réjouis de cette décision.  Le Pdci aujourd’hui par la voix du Président Henri Konan Bédié se propose de réunir d’ailleurs une convention. Et je n’ai aucun doute que le Mfa et l’Upci se joindront à cette décision pour que je sois effectivement le candidat donc du Rhdp, à l'élection présidentielle de 2015.
 
Dingui Dingui (Radio Côte d’Ivoire): Le Président Bédié a parlé d’alternance en 2020. Quel commentaire vous en  faites ?
Dans sa déclaration, il parle de l’alternance. Il est clair qu’il faut l’alternance puisque moi je ne serai plus candidat en 2015. Donc ce sera un parti unifié. L’alternance, il faut que ce soit une autre personne et je respecterai bien sûr la constitution. Par conséquent, il n’y aura de Pdci, de Rdr ou d’Udpci à partir du moment où il y a un parti unifié. Il y aura naturellement une alternance à cette occasion avec quelqu’un qui prendra notre place à cette période là et bien sûr nous serons là, je souhaite, le Président Bédié et moi pour aider cette personne où cette équipe à essayer de bien gouverner la Côte d’Ivoire.
 
Abiba Dembélé (RTI1): M. le Président, le PPU que vous avez mis en place au Golf avec un budget de 45 milliards FCFA est passé à 150 milliards. Quel est l’avenir du PPU ?
Nous continuerons avec le Ppu. C’est un  programme que nous avons mis en place quand nous étions à l’Hôtel du Golf avec le soutien de la communauté internationale puisque nous n’avions pas la capacité de faire actionner le Trésor. Mais depuis nous avons augmenté, nous continuerons d’augmenter. Nous avons dit Programme présidentiel d’urgence pour régler les problèmes d’urgence. Cette visite a été décidée il y a six à sept mois et voyez ce qui a été fait. Cela n’aurait pas été possible sans le Ppu. C’est ce qui va se poursuivre et si nécessaire on augmentera au-delà des 150 milliards Fcfa le Ppu. Je pense que nous avons des urgences dans notre pays parce qu'il a vécu une très grande pauvreté pendant plus de dix ans. Alors, il faut réparer tout cela, notamment les problèmes d’eau, d’électricité, de santé, d’école. Mais les grands projets d’infrastructures se feront dans le cadre du programme d’investissement normal. Il n’y a pas de contradiction. L’essentiel est d’augmenter la part de l’investissement dans le Pib. C’est ce qui est en train d’être fait. Je voudrais féliciter le Premier ministre et le Secrétaire général de la Présidence pour le suivi très rigoureux qui est fait concernant le Ppu. 
 
Abdoul Razak (Onuci-fm): Je voudrais revenir sur la question de la Cei en rapport avec le retrait des partis membres de l’Alliance démocratique de Côte d’Ivoire (Afd-ci). Vous en avez parlé lors de la rencontre avec les cadres et chefs traditionnels de la région de  l’Iffou le lundi dernier, au domicile du Président Henri Konan Bédié. Est-ce à dire que le débat est définitivement clos sur la participation de ces partis aux activités de la Cei ou qu’est-ce qui sera fait dans le sens de la conciliation ?
Pour nous, il n’y a plus de débat au niveau de la Cei. Certains disaient qu’ils voulaient un consensus. C’était très bien. Il n’y avait pas  d’engagements. Mais c'était une bonne chose de souhaiter un consensus. Le Fpi, lui-même, a voulu un consensus sur la Cei. Ils n’ont pas pu le faire. Ils ont voté. Je pense que c’est ce qui s’est passé à la Commission. Les 2/3 des membres ont élu le  bureau. Il doit se mettre au travail. Ce bureau doit continuer à travailler, être ouvert, tendre la main à ceux qui estiment qu'ils peuvent participer aux activités du bureau. D’ailleurs, je note que tous les responsables ont prêté serment devant le Conseil constitutionnel. Il faut donc qu’on voit au niveau du droit ce qui est possible. On ne peut pas avoir prêté serment et ne pas l’exécuter. En droit, cela veut dire qu’il y a parjure. Donc, je souhaite que les responsables du Fpi reviennent. Ce ne sont pas eux tous qui sont partis car il y a deux membres de l’opposition qui font partie du bureau de la Cei. Je crois que ce sont des choses qui vont se normaliser. Le vote au sein du Fpi a été très limite. Puisque 119 personnes ont voté pour son entrée à la Cei et 130 ont dit non. C’est pratiquement à 10% près. Je note que le Fpi a voté et la Cei en a fait de même.  Donc, nous sommes en démocratie et je respecte les décisions démocratiques. J’appelle donc le Fpi à siéger à la Cei. C’est dans son intérêt et de celui de la Nation. Ma vision de la Côte d’Ivoire, c’est que tout le monde participe au processus. Ce système des quatre quarts recommandés par le National democratic institute (Ndi) qui dit que tous les acteurs soient présents pour se contrebalancer. Leur absence voulait dire que leur point de vue ne sera malheureusement pas pris en compte en totalité. Du moment que les autres partis de  l’opposition sont présents, ils peuvent porter leur point de vue. Ce n’est pas un drame. J’aurais souhaité que tout cela se normalise rapidement. Vous savez qu’on a perdu beaucoup de temps. La Cei devait être en place fin juillet, nous avons tout fait pour que cela évolue dans un climat apaisé. Pour que les choses puissent se faire dans un moment où nous sommes sûrs de respecter la date de l'élection présidentielle en octobre 2015. Là, nous sommes pris par le délai et il n’y a plus question de retarder le processus. J'appelle donc ceux qui ne siègent pas encore à la Cei de le faire dans l’intérêt de tous.
 
Max Domi (L’Arc-en-ciel): Le gouvernement a demandé aux Ivoiriens de plus se serrer la main, virus Ebola oblige. Et ils voient à la télé, leur Président serrer des mains. Est-ce que le Président serait doté d’un anti-Ebola ?
Il faut continuer de respecter ces mesures. Se serrer les mains le moins possible, éviter les accolades également. Mais avant d’aller au meeting, vous voyez qu’il y a des dispositifs pour que les gens se nettoient les mains, se lavent les mains. Et moi, je fais la même chose avant de quitter ma résidence. Quand j’arrive, je suis aseptisé. Ceux à qui je serre les mains sont également aseptisées. Donc, il n’y a pas d’incompatibilité. Nous sommes totalement conformes aux directives de Mme la ministre de la Santé. C’est d'ailleurs pourquoi, nous évitons de serrer la main dans la foule. Peut-être que toutes les personnes n’ont pas été soumises à ce traitement, mais il faut continuer, c’est important. Nous avons évité l’introduction de la maladie à virus Ebola en Côte d’Ivoire et nous devons tout faire pour nous protéger.
 
Emmanuel Kouassi (Frat-Mat): Depuis le décès du Président Félix Houphouët-Boigny, la Côte d’Ivoire n’arrive plus à organiser des élections sans violence. Peut-on dire que le Président Houphouët est parti avec la paix qu’il considérait comme sa seconde religion ?
Je signale que la boîte de pandore a été ouverte avec le coup d’État qu’il faut condamner à nouveau. Il faut condamner la violence et rentrer de manière définitive dans un processus démocratique et qu’à présent l’alternance se fasse (…). Il faut être positif et dire que la paix est maintenant retrouvée. Elle ne doit plus jamais nous échapper parce que nous allons bannir la violence de la politique. Nous sommes en train de construire un Etat de droit et nous ferons en sorte que tous les citoyens aient les mêmes droits et les mêmes obligations.
 
Destrait (Notre voie): Vous avez toujours affirmé votre détermination à lutter contre l’impunité.
En matière d’impunité, tout le monde connaît mon point de vue. Il est clair que les enquêtes sont en cours. Elles doivent se poursuivre et elles doivent aboutir. Mais je signale quelque chose. Vous même qui êtes confrère de la Voie, c’est que les procédures concernant l’ancien Président ont commencé il y a 3 ans et ce n’est que la semaine dernière qu’il a été décidé que le procès allait commencer sans que la date ne soit fixée, vous voyez ? Cela veut dire qu’il faut au moins 3, 4 à 5 ans  avant même d’arriver au procès. Donc il n’y a pas de raison pour qu’en Côte d’Ivoire, on aille plus vite que les autres.
 
Destrait (Notre voie): Nous sommes tentés de vous demander où en sommes nous avec les enquêtes sur le massacre du camp de Nahibly à Duékoué ?
Les enquêtes sont en cours et elles seront donc menées par une justice impartiale. Tous ceux qui ont commis des crimes devront répondre devant la justice. Et je n’ai aucun état d’âme sur cette question là. On peut continuer de me faire confiance. Donc on ne peut pas sanctionner des gens qui n’ont pas été jugés. C’est cela.
 
Destrait (Notre voie): Lorsque vous avez fait l’enquête sur la crise post-électorale, il y a eu près de 750 personnes qui ont été tués dans votre camp et jusque-là, il n’y a pas de sanction. Concernant la réconciliation nationale, il y a des dignitaires de l’ancien régime qui sont au Ghana et qui ne peuvent pas rentrer. Qu’est-ce qui va se passer aujourd’hui pour que cette réconciliation se réalise effectivement ?
La question de la justice doit être également l’équité dans la justice. En dehors des cas de fragrants délits. Vous savez bien qu’il y a eu des cas de fragrants délits qui ont été jugés. Et par conséquent, nous devons continuer. Mais ce que nous essayons de faire, c’est de dire que tout ce qui n’est pas crime de sang doit pouvoir faire l’objet de liberté provisoire. Et ce travail est en cours. Le procureur et le ministre de la Justice travaillent et je pense que le nombre de personnes concernées par les détentions à fortement diminuer. Et ce sont les crimes de sang sur lesquels il faut mettre l’accent et faire en sorte que les libertés ne puissent pas être immédiatement provisoires. Pour la question des mandats d’arrêt, vous observerez que des personnes soupçonnées de crimes économiques sont rentrées en Côte d’Ivoire, bien qu’il ait eu des mandats d’arrêt contre elles. Nous ne sommes pas là pour emprisonner les gens. Je pense que les gens doivent avoir la liberté de rentrer. Ils sont les bienvenus. Donc pas d’impunité, mais l'équité dans la justice. Concernant la réconciliation, nous sommes très engagés. Mais la réconciliation ne veut pas dire qu’il faut laisser de côté la justice.
 
Koné Yassime (Vox Africa): Concernant le virus Ebola, est-ce que c’est le choix du gouvernement ivoirien de ne pas vouloir communiquer sur ce virus qui a attaqué les pays frontaliers quand on sait la porosité de nos frontières avec la Guinée et les autres pays. Parce que selon certaines sources, il y aurait eu des cas signalés à Port-Bouët ?
Ce n’est pas vrai. Nous sommes transparents. Ce serait même irresponsable de cacher un cas. Il n’en ait pas question et nous devons vérifier tout et nous devons prendre toutes les précautions, ce que nous sommes en train de faire. Je peux vous assurer qu’à l’heure où je vous parle, il n’y a pas un seul cas d’Ebola en Côte d’Ivoire. Et notre objectif c’est que cela soit zéro cas jusqu’à ce que cela finisse également dans les pays voisins.  Bien évidemment, je suis d’accord qu’il y a la porosité de nos frontières. C’est pour cela qu’au lieu de l’interdiction totale, nous avons créé des couloirs humanitaires pour que ceux qui passaient par les pistes viennent par les couloirs humanitaires et puissent être contrôlés avant d’entrer en Côte d’Ivoire. Donc nous sommes soucieux de ne pas bloquer le déplacement des populations de manière totale. Mais nous voulons être sûrs que ceux qui viennent, n’apportent pas de virus Ebola.    
 
Fabrice Tété (Le Temps): Est-ce que vous ne pensez pas que la candidature unique est un recul de la démocratie ?
Je ne sais pas  en quoi la candidature unique est un recul de la démocratie. Si le Pdci, le Rdr, l’Udpci et les autres partis du Rhdp estiment avoir la possibilité d’avoir un seul candidat parce que nous gouvernions ensemble, moi je pense que c’est une très bonne chose. N’empêche qu’il y aura d’autres candidats j’imagine. D’ailleurs, j’ai lu dans la presse qu’il y a des candidatures déclarées. Je ne vais pas faire la publicité de mes concurrents. Mais, il y en a déjà. Donc, il n’y a pas de recul. Évidemment c’est une bonne chose qu’il y ait le maximum de candidatures possibles.
 
Fabrice Tété (Le temps): M. le Président de la République, la Cour pénale internationale met la pression pour le transfèrement de Simone Gbagbo à La Haye. Sera-t-elle transférée ou pas ?
Nous avons indiqué à la Cpi que nous sommes en mesure de juger Simone Gbagbo. Les interrogatoires sont en cours et le processus se déroule normalement. Il n’y a pas de raison que nous ne puissions pas la juger en Côte d’Ivoire. Sur cette question, je pense qu’au 10 octobre, la Cpi fera le constat que nous avons déroulé les procédures comme il se doit par rapport au jugement de Mme Simone Gbagbo. Et par conséquent nous avons toutes les capacités de la retenir  en Côte d’Ivoire pour la juger. 
 
Traoré Mamadou (AIP): M. Le Président, nous constatons depuis votre arrivée au pouvoir de la nomination de cadres ivoiriens de la diaspora ayant servi dans des entreprises et institutions internationales, qui ont d’ailleurs fait leurs preuves à ce niveau. Nous assistons également à des cessions de recrutement dans l’enseignement supérieur de cadres ivoiriens de la diaspora. Je voudrais comprendre cette option de recourir à l’élite ivoirienne de la diaspora.
 Les nominations au niveau de la diaspora sur un certain nombre de postes, d’ailleurs que vous connaissez, c’est-à-dire la Rti, le Cepici et je crois qu'il y a deux ou trois autres encore, sont des appels à candidatures. Ce sont des nationaux qui résident aussi bien en Côte d’Ivoire qu’à l’étranger. Nous prenons les meilleurs. Dans certains cas, c’étaient des frères et sœurs de la diaspora, dans d’autres, ceux qui résident en Côte d’Ivoire. Il n’y a pas de discrimination particulière. Nous voulons trouver les meilleurs quand il s’agit de recruter à ces différents postes.
 
Koné Yassime (Vox Africa): Sur quoi doit reposer, selon vous, le nouveau pacte de confiance que vous demandez aux Ivoiriens ?
Vous savez pour qu’une nation avance rapidement, il faut véritablement un pacte de confiance entre les citoyens. Et que l’on soit persuadé qu’on est dans un pays où il y a l’égalité des chances, l’État de droit. Et que les citoyens sentent que les possibilités sont les mêmes pour tous quant à leur avenir. Ce qui veut d’abord dire qu’il faut commencer par donner les infrastructures de base, que ce soit l’eau, l’électricité, les écoles, les centres de santé. C’est cela sans doute qui permet de rassembler et d’asseoir la confiance entre les concitoyens. Une fois que cela est fait en matière d’éducation supérieure et autres, maintenant la compétition ainsi dans l’administration. La concurrence permet aux uns et aux autres de monter et d’apporter une contribution à un autre niveau. Donc moi, j’en appelle à la confiance entre tous les concitoyens. Ce n’est pas une question de parti politique. Je trouve que cela est totalement immatériel. Le pacte de confiance ne concerne pas juste le Rhdp mais c’est tous nos concitoyens qui doivent se dire que s’ils ont la capacité, bien évidemment, qu’ils pourront exercer des fonctions dans l’administration et ils auront les mêmes chances que tout le monde. Je pense que d’ailleurs après les élections de 2015, nous devons trouver des voies et moyens pour toutes les personnes qui ont fait l’objet d’arrestation provisoire et qui ont été remis dans l’administration que ces personnes voient le déroulement de leurs carrières de manière normale, sans aucune restriction. Une fois que les jugements seront rendus et qu’ils ne sont pas coupables, ils doivent pouvoir retrouver le travail qu’ils avaient avant. (…) Donc il n’y aura pas de discrimination en ce qui concerne notre gestion. Nous considérons que c’est cela le pacte de confiance. Que tous les Ivoiriens se disent que nous devons être ensemble pour construire cette nouvelle Côte d’Ivoire. Et ce pays doit donner les mêmes chances à tous les citoyens. Et que se faisant, nous irons plus vite et nous pourrons obtenir les résultats que certains pays comme la Corée du Sud, que je vais visiter la semaine prochaine, ont pu obtenir. Parce qu’à un moment donné, ils se sont dits qu’il y a une seule Corée. Cette Corée du Sud parce que l’autre Corée ne faisait pas partir de leur territoire et de leur philosophie. Nous avons une seule Côte d’Ivoire qui appartient à tous les Ivoiriens. Nous devons nous mettre au travail, nous faire confiance. Nous devons voir qu’au fil des mois que la justice est équitable, l’État de droit est respecté et que les conditions de vie des citoyens sont améliorées partout sur le territoire national. Et qu’en définitive cette volonté de vivre ensemble qui a caractérisé la Côte d’Ivoire pendant des décennies revienne, se renforce et se solidifie les années à venir. En tout cas moi, j’ai cette ambition de reconstruire la confiance entre nos concitoyens et j’en appelle à tous de m’aider dans ce travail.

Ouattara Ouakaltio
envoyé spécial dans la région de l’Iffou