Alassane Ouattara: "Notre appartenance à la Cpi ne peut pas être remise en cause"

Le président Alassane Ouattara, à son arrivée à Addis-Abeba
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Alassane Ouattara: "Notre appartenance à la Cpi ne peut pas être remise en cause"

Alassane Ouattara: "Notre appartenance à la Cpi ne peut pas être remise en cause"

 

Le Président de la République, SEM. Alassane Ouattara participe, ce samedi 12 octobre, à la 15e session extraordinaire des Chefs d’Etat et de gouvernement de l’organisation panafricaine. 

« Nous sommes à Addis-Abeba pour le sommet extraordinaire concerné à la Cour pénale internationale. Comme vous le savez, la Côte d’Ivoire a signé le traité de Rome, il y a quelques mois. Par conséquent nous considérons que notre appartenance à cette institution ne peut pas être remise en cause. Mais nous sommes également décidés à indiquer qu’en ce qui concerne le Kenya, nous estimons que l’immunité des responsables doit être respectée pendant la durée de leur mandat. Bien évidemment, il ne faut pas donner une prime à l’impunité, il faut penser aux victimes de ces crises. Mais il faut faire une lecture juste de ce qui est bon pour les Africains, mais pas seulement pour les leaders ». 

C’est ce qu’a déclaré, vendredi, le Président de la République, SEM. Alassane Ouattara à son arrivée à Addis-Abeba, capitale de l’Ethiopie, siège de l’Union africaine. Le Chef de l’Etat y est dans le cadre de la 15e session extraordinaire de l’organisation panafricaine. Au cours de cette rencontre, les Chefs d’Etat et de gouvernement échangeront sur ‘’la relation de l’Afrique avec la Cour pénale internationale (Cpi)’’, thème de ce sommet. 

Depuis quelques temps, un débat est ouvert en Afrique sur la Cour pénale internationale. Cette dernière est taxée de partialité dans les poursuites engagées contre les personnalités. On parle de deux poids deux mesures. 

Le 24 septembre, lors de la 68ème Assemblée générale des Nations unies, le Président de l’Ouganda a déclaré concernant la Cpi : « De nombreux pays africains ont soutenu l’établissement de la Cour, parce que nous avons l’impunité en horreur. Néanmoins, de façon partiale, la Cpi a continué à malmener les complexes questions africaines. Ce n’est pas acceptable. La Cpi, doit s’arrêter ». 

Autre déclaration celle du Chef de l’Etat Rwandais, Paul Kagamé. Pour lui, la Cpi a « sapé les efforts de réconciliation et cherché à humilier les Africains et leurs dirigeants ». 

Avant ces deux discours, il y a eu celui, du Premier ministre éthiopien, président en exercice de l’Union africaine.  Hailemariam Desalegn  avait  indiqué, en mai, que la Cpi se livrer à une « chasse raciale ». 

Certains leaders n’hésitent plus à demander un retrait en masse des pays africains de la justice internationale. Où à défaut de saisir le Conseil de sécurité de sécurité des Nations unies pour que soient gelés pendant au moins douze mois les travaux de la Cour en vertu de l'article 16 du statut de Rome. 

« Aucune enquête ni aucune poursuite ne peuvent être engagées ni menées en vertu du présent Statut pendant les douze mois qui suivent la date à laquelle le Conseil de sécurité a fait une demande en ce sens à la Cour dans une résolution adoptée en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies ; la demande peut être renouvelée par le Conseil dans les mêmes les conditions », lit-on dans les textes fondateurs de la Cpi. 

Dans une lettre adressée au président en exercice de l’Union africaine, et à la présidente de la Commission de cette organisation,  Nkosazana Dlamini-Zuma, la présidente de l’Assemblée des Etats Parties au Statut de Rome, Tiina Intelman a souligné que le dialogue était ouvert. Une rencontre devrait en principe se tenir en novembre. 

Pour des observateurs, les critiques de ces dirigeants africains visent à sortir le nouveau Président du Kenya Uhuru Kenyatta des « griffes de la justice internationale ». Le Chef de l’Etat du Kenya, élu en mars est poursuivi, entre autres, pour meurtre, viol et persécution pour avoir organisé les violences postélectorales de 2007, qui avaient fait plus de 1500 morts et plus de 300.000 déplacés. Avec lui, il y a son vice-Président, William Ruto. 

Doit-on faire fi de son immunité et le traduire devant la justice ? Dans le débat qui s’ouvre ce samedi, des Chefs d’Etat et de gouvernement pensent que l’on peut demeurer dans le traité de Rome et défendre le cas Kenya. Avec ces Chefs d’Etat, il y a des personnalités influentes du continent africain. 

En début de semaine, le président des Elders, ancien Secrétaire général de l’Onu, le Ghanéen Kofi Annan a donné de la voix pour battre en brèche les accusations de racisme portées contre la Cpi. « Ce sont la culture de l’impunité et les individus qui sont jugés par la Cpi, pas l’Afrique (…) Si des dirigeants combattent la Cpi, retirent leurs affaires, chacun d’eux et chacun de leur pays porteront la marque de la honte ». 

Le prix Nobel de la paix, le sud-africain Desmond Tutu a embouché la même trompette. Pour lui, ce retrait ferait du monde « un endroit plus dangereux ». 

Outre la question de la Cour pénale, les Chefs d’Etat et de gouvernement procéderont à la nomination d’un nouveau Commissaire à la paix et à la sécurité de l’Union africaine. 

L’Algérien Ramtane Lamamra a été nommé ministre des Affaires étrangères de la République Algérienne Démocratique et Populaire.

 

Etienne ABOUA

Envoyé spécial à Addis-Abeba