Yopougon: Des marchés "poussent" à tous les coins de rue

Une vue du marché du Sable à Yopougon.
Une vue du marché du Sable à Yopougon.
Une vue du marchu00e9 du Sable u00e0 Yopougon.

Yopougon: Des marchés "poussent" à tous les coins de rue

Yopougon: Des marchés "poussent" à tous les coins de rue

Transformer tous les espaces et surtout les trottoirs en marché, c’est sans doute le défi que veulent relever les habitants de Yopougon. Sinon, comment expliquer la prolifération des marchés sur tous les petits espaces de la commune. Petit à petit, de jour comme de nuit, à tous les coins de rue, les vendeurs s’installent. Ce qui a commencé autour des marchés officiels, a fini par prendre de l’ampleur et est devenu une gangrène au vu et au su de tous.

Tous les jours, dès 16 heures, l’espace libre de la gare de "sable" de Yopougon se transforme en un véritable marché. Ce mardi, aux environs de 18 heures, le marché est bondé de monde et bat son plein lorsqu’un cri se fit entendre: « ils arrivent ». C'était la débandade. Marchands, clients et même les passants courent dans tous les sens sans tenir compte des automobilistes qui circulent à toute vitesse sur la voix express juste à côté.

« Nous fuyons pour éviter les agents de la salubrité urbaine qui nous traquent à longueur de journée. Nous ne sommes pas autorisés à vendre ici au risque de voir nos bagages être confisqués par ces agents », indique Alidou. G, un ressortissant nigérien.

Pour vendre son piment et son gombo sec communément appelé « Djoumgblé », Mme Kla Yvonne n’a pas trouvé meilleur endroit que le carrefour de l’institut des aveugles. Ayant du mal à justifier le choix de cette place, elle se défend. « L'on vend tout ici. Notamment des habits, des chaussures, des fruits, alors pourquoi pas du piment? ».

Le jeune Salifou Dabo a, pour sa part, choisi le carrefour des sapeurs-pompiers. Ce choix, selon lui, est fonction de ses activités.

« J’ai choisi de vendre mes chaussures le soir parce que je travaille pour une société de nettoyage le jour. A cette heure, tous les marchés sont fermés et je n’ai qu’ici pour proposer ma marchandise ». Il reconnaît, toutefois, qu’il court d’énormes risques mais il insiste. « Ce n’est pas de gaieté de cœur, mais je n’ai pas le choix », souligne-t-il.

Quant aux marchés de la Sicogi et de Niangon sud, ils ont dépassé le cadre autorisé. Ils s’installent jusqu’aux abords des domiciles environnants.

Marie-Noëlle Attangba habite l’un des immeubles « rattrapés » par le marché de Niangon. Bien qu’elle apprécie la proximité de ce lieu, elle souhaite son déguerpissement. « L’insalubrité et l’insécurité sont à nos portes et c’est gênant d’enfermer des visiteurs pour éviter les mauvaises odeurs », confit-elle.

Au départ, ce désordre était mis sur le compte du manque de marché dans la commune. Aujourd’hui, tous les sous-quartiers de Yopougon possèdent un lieu d’échanges en bonne et due forme. Mais cela n’a pas résolu le problème de l’occupation anarchique des espaces publics.

Quand et comment ces marchés se sont créés? Nul ne peut répondre. Une chose est sûre, les commerçants continuent de s’installer l’un après l’autre.

Surtout qu’ils se sentent dans leur droit. "Nous payons des taxes à la mairie et pourtant nous sommes pourchassés jour et nuit", tranche Simon, un jeune commerçant de friperie installé au carrefour Akadjoba de la Sideci.

L'on ne sait pas à quel moment ces petits marchés ont pris forme puisqu’ils n’ont aucune existence légale. Un commerçant s’installe puis un autre, ainsi de suite jusqu’à obtenir un marché.

Un effet de mode ou simple problème économique, chacun expliquera à sa manière. Mais le phénomène est réel, des marchés se créent partout à Yopougon.

A tous les carrefours, les commerçants s’installent au nez et à la barbe de tous.

Nadevie Bosson-Achy