Reportage : À la découverte du cimetière des martyrs de Dimbokro

Reportage : À la découverte du cimetière des martyrs de Dimbokro
Reportage : À la découverte du cimetière des martyrs de Dimbokro
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Reportage : À la découverte du cimetière des martyrs de Dimbokro

Des monuments aux morts ou aux martyrs, on en trouve dans plusieurs pays y compris la Côte d’Ivoire. Ce sont des monuments qui immortalisent des événements tragiques ayant entraîné la mort brutale de citoyens d’un pays. Ces personnes décédées ne sont pas forcément inhumées là où se trouve le monument qui leur est dédié.

Mais ce que nous avons visité le 22 août dans la ville verdoyante de Dimbokro, chef-lieu de la région du N’Zi, située à 240 km d’Abidjan, n’est pas seulement un monument. Il s’agit bien du cimetière de treize martyrs tombés sous les balles du colon et de ses sympathisants, le 30 janvier 1950, pour la libération des peuples opprimés tel que cela est mentionné sur la stèle.

Exiger la libération de Koné Samba

Les témoignages font état de ce que dans la nuit du 28 au 29 janvier 1950, Ambroise Koné Samba, alors secrétaire général de la sous-section Pdci-Rda de Dimbokro, est arrêté ainsi que sept autres membres du parti, sous-prétexte de recel d’un mètre de tissu percale.

En fait, Koné Samba n’avait fait qu’appliquer les consignes de la grève des achats qui stipulait qu’il ne fallait pas acheter les produits importés. Koné Samba est enfermé dans un cachot et maltraité. Il échappe de peu à une exécution sommaire, selon les témoignages.

Quarante-huit heures plus tôt, on avait appris que le président du Pdci-Rda était menacé d’arrestation. Aussitôt, les populations venues de tous les villages environnants se dirigent vers Yamoussoukro.

Mais rassurées de ce qu’il n’en était rien, elles allaient rentrer chez elles lorsqu’elles apprirent l’arrestation de Koné Samba, alors très populaire dans cette région.

Tous affluent vers Dimbokro et campent sur la place du marché de même que partout où cela était possible. Le 30 janvier 1950, ce sont quelque quatre mille âmes qui se retrouvent sur cette place.

Un véritable lieu de pèlerinage

Ces personnes, pour la plupart des paysans, attendent les nouvelles de Koné Samba dont elles exigent la libération immédiate. L’ordre est alors donné aux agents de l’ordre d’évacuer la place. Les populations se dirigent vers le quartier africain.

Elles ont à peine atteint ledit quartier que des tirs se font entendre. Treize manifestants sont mortellement atteints. On dénombre de nombreux blessés.

Les treize personnes tuées sont inhumées ensemble au quartier Siétho où un monument a été érigé en leur mémoire. Ce lieu est appelé le cimetière des martyrs. On y trouve naturellement les tombes des treize personnes tuées ainsi que leurs noms gravés sur le mur.

Un véritable lieu de pèlerinage qui gagnerait à être valorisé au coeur de cette ville qui n’est pas à une histoire près. malheureusement, le cimetière est couvert d’herbes dans l’indifférence des populations.

Et singulièrement des militants du Pdci-Rda. Ce qui y frappe, c’est cet alignement de tombes construites en dalle avec la même architecture. Au pied du mur, quelques couronnes sont déposées dont l’une de la part du président du Pdci Rda, Henri Konan Bédié.

Sur ce même mur, une stèle indique aux visiteurs la nature de ceux qui reposent dans ce cimetière. On peut lire : “ Ici reposent les militants du Pdci-Rda, tombés pour la libération des peuples opprimés le 30 janvier 1950 ”.

A côté de la stèle, de haut en bas, sont alignées de petites plaques sur lesquelles sont inscrits les noms des martyrs et leurs villages d’origine.

Tout autour de la clôture, une épaisse broussaille permet à peine aux passants sur la grande voie jouxtant le cimetière de voir les tombes.

Rendre hommage aux martyrs

Pourtant, rendre hommage à la mémoire des martyrs, ne sera jamais un acte de trop. Bien au contraire, il faut le faire sans cesse. C’est pourquoi, l’on ne peut que marquer sa surprise de voir l’état dans lequel se trouve le cimetière des martyrs de Dimbokro. Où l’on constate très peu de traces d’hommes.

C’est sur les tombes des treize martyrs et de leur leader Ambroise Koné Samba que l’ancien ministre Gnamien Yao, conseiller technique du ministre des Affaires étrangères, est allé se recueillir le 22 août.

«Le 30 janvier de chaque année, les Ivoiriens, et plus précisément les militants du Pdci-Rda, devaient déferler sur ce lieu pour saluer la mémoire de ceux des leurs tombés pendant la lutte pour l’indépendance de la Côte d’Ivoire. En ma qualité d’inspecteur du parti, j’en ferai la proposition à nos responsables », disait-il. Gnamien Yao a également déposé des gerbes de fleurs sur les tombes de ses parents; question de rendre hommage à leur mémoire.

ABEL DOUALY