Pénurie: Le ciment se fait rare, les prix grimpent

Le ciment se fait rare, les prix grimpent
Le ciment se fait rare, les prix grimpent
Le ciment se fait rare, les prix grimpent

Pénurie: Le ciment se fait rare, les prix grimpent

Pénurie:  Le ciment se fait rare, les prix grimpent

Samuel Kitia, maçon et chef d’un chantier et son équipe ne savent plus à quel saint se vouer. Depuis deux jours ils sont privés de ciment pour poursuivre leurs travaux.  Ce mercredi 25 mars 2015, un rendez-vous ferme leur avait été donné pour être approvisionné sur un chantier situé à N’Dotré à la lisière des communes d’Abobo et Anyama.

« C’est difficile, le fournisseur nous a rassuré que nous aurons du ciment aujourd’hui pour poursuivre les travaux. Il est déjà 8 heures trente minutes et rien à l’horizon. Nos activités sont au ralenti. Les travaux sur certains chantiers sont aux arrêts »,  commente le chef maçon.

Comme cette équipe, plusieurs entrepreneurs en bâtiments  sont privés de ciment dans beaucoup de quartiers que nous avons visités. Quand ils doivent être approvisionnés, les commandes sont irrégulières si bien qu’il leur est difficile de faire des programmations de travail. Une situation qui oblige les jeunes manœuvres et aides- maçons  au chômage, étant donné que ce sont des journaliers. C’est-à-dire qu’ils sont payés à la fin de chaque  journée de travail. Or sans ciment tout est bloqué.

Dans ces quartiers, les magasins des revendeurs de ciments ne sont plus achalandés. Boubakar Traoré, spécialisé dans la commercialisation de ce matériau en détail explique. « Je traite directement avec l’usine de Yopougon. Le vendredi 20 mars dernier, j’ai passé la commande de 16 tonnes de ciment. Je constate malheureusement que 5 jours après, je ne suis pas encore servi. Lorsque je vais aux nouvelles, la direction de cette usine me demande de patienter et que la marchandise arrive d’un moment à l’autre. Le problème c’est que j’ai déjà payé cette commande. Donc je ne plus aller ailleurs ».

Ce détaillant est donc obligé de répercuter ces informations à sa clientèle qui attend également sa commande.

C’est le même constat  chez certains grossistes. En effet,  dans un magasin  situé au grand carrefour N’Dotré où se ravitaillent presque tous les détaillants de la zone, le ciment manque. « Face à la pénurie, et par mesure de précaution nous demandons à notre clientèle de payer leur commande pour être livré quelques  jours après », révèle un employé de cette maison.

Le surcoût du sac de ciment

La conséquence de cette situation est que certains détaillants ont profité de cette pénurie pour augmenter les prix du ciment. En détail, le sac de ciment de 50 kg dosé à 42,5% qui se vendait à 4500F cfa se négocie actuellement à 6000F. Celui dosé à 32,5% qui coûtait 4250F est maintenant vendu à 5500F. Il y a également une hausse du prix chez quelques grossistes ou la tonne est maintenant vendue respectivement à 100000F et 92000F contre 90000F et 84000F par le passé.

« Dans ces conditions il est difficile pour les petits revendeurs de s’approvisionner. A l’usine la priorité est donnée aux partenaires grossistes. Mes activités sont au ralenti depuis le mois de février », fait remarquer Konaté Djibril, revendeur de ciment et qui tire l’essentiel de ses revenus de cette vente.

La pénurie est accentuée à l’intérieur du pays.  Selon les témoignages  en prévenance de Daloa, Bouaké, Adzopé, Bouaflé, San Pedro, Issia…. le sac de 50 kg est vendu entre 6500F. A Toumodi par exemple, seul un seul  un opérateur économique  parvient à se faire approvisionner à Abidjan. Les autres qui se ravitaillent chez ce grossiste revendent, alors,  le sac à 7000F.

Dans tout le département de Daloa, la tonne de ciment s’achète à 120.000 F. « l’autre conséquence de cette pénurie qu’il faut signaler concerne l’augmentation des frais de transport. Parce qu’on est obligé d’immobiliser pendant plusieurs jours les camions qui nous desservent », ajoute Koffi Sylvain, un grossiste.

A la Société des ciments d’Afrique (Sca), la Société ivoirienne de ciments et matériaux (Socimat), la société marocaine du ciment d’Afrique (Cimaf) où nous nous sommes rendus pour comprendre  cette crise, les sources nous ont fait comprendre que les producteurs de ciment ne sont pas à l’origine de cette pénurie.

« Nous constatons simplement que la demande est en hausse. Cela pourrait s’expliquer par les réalisations des projets immobiliers à la demande du gouvernement, ainsi que la réalisation de certaines infrastructures routières auxquelles s’ajoutent  les consommations domestiques », explique un cadre de la société de production de ciment. 

Joint par téléphone, Oulai François, directeur général du commerce au ministère du Commerce, de l’Artisanat et de la Promotion des Pme a indiqué, tout en regrettant cette inflation,  que le ciment ne fait pas partie des produits protégés comme les produits pétroliers et les denrées de grande consommation. C’est-à-dire  que la fixation du prix du ciment est libre.

ALFRED KOUAME
CORRESPONDANT