L’agro-arnaque

L’agro-arnaque

L’agro-arnaque

L’un des produits censés rendre riches ceux qui ont foncé droit dans le miroir aux alouettes des ‘’patrons’’ de l’agro-business s’appelait piment de bénéné. Fidèle à sa réputation, le piment a transformé les sommes astronomiques des souscripteurs en coulée de chaux dans leurs estomacs. Mais le drame est ailleurs: la qualité de certains souscripteurs et ce qu’ils devraient symboliser dans la société.

En effet, il n’y a pas que les petits brouteurs, adeptes de l’argent en vitesse qui ont misé leur magot. Des journalistes, juristes, religieux, enseignants, forces de l’ordre, malades, etc., ont aussi cru à la magie de l’argent en vitesse; de l’argent qui travaille tout seul dans les ‘’champs’’ et qui revient ensuite gentiment remplir les poches de ceux qui n’ont pas labouré les hectares de terre aride.

Une femme malade et en attente d’une opération qui devrait avoir lieu dans un trimestre a misé la cagnotte de l’intervention sur le piment de bénéné. Les renards de l’agro-arnaque ont réussi à la faire rêver de guérison et de richesse. Un instituteur a spéculé tout le pactole laborieusement épargné durant une vingtaine d’années pour sa maison de retraite sur le piment de bénéné.

Il se voyait dans une grosse villa dans un quartier chic où l’on est épargné des klaxons matinaux et intempestifs des wôrô-wôrô. Un journaliste, fort en thèmes, pourfendeur des assistés et spécialiste de la traque aux magouilles devant l’Éternel, n’a pas résisté aux espèces trébuchantes promises. Un ‘’homme de dieu’’ a donné au-delà de la dime pour recevoir la manne de l’agro-arnaque. Tous pleurent aujourd’hui et remettant en cause moins leur cupidité que la responsabilité de l’État.

Le constat c’est qu’aujourd’hui l’hyper-aisance des uns, parfois acquise sans peine, attire comme la fleur à butiner allèche l’abeille. À vrai dire, sur l’agro-arnaque, nul n’ignorait vraiment qu’il y aurait au bout du compte des larmes pour certains. Mais personne n’a cru faire partie de ce groupe de malchanceux. Tout simplement parce que l’on s’est laissé convaincre que sont tolérées les pires magouilles à l’échelle du « pas vu, pas pris, pas coupable».

Pour les gagne-petit et les sans-grades, il faut sortir de la simple débrouille de survie pour la quête à tout prix de l’argent en abondance et en vitesse. Les nombreux doigts pris dans le pot de confiture sont une preuve supplémentaire que les vertus ont besoin d’être irriguées par des modèles. On pourra rétorquer qu’il est de la nature du modèle de se démoder.

Admettons. Mais que nous reste-t-il si ce n’est donner de la visibilité, de la bonne visibilité, à nos bâtisseurs. Ces bâtisseurs qui érigent des choses plus grandes que les gratte-ciel narguant les voûtes célestes ou des ponts larges comme ceux supposés conduire au paradis.

Les bâtisseurs sont ceux qui, par leur détermination et l’amour pour le métier qu’ils ont choisi, marquent notre vécu du sceau de leur originalité. Et ces hommes et femmes existent bien dans ce pays. Reste maintenant à nos médias de faire ce travail de repérage. Pour notre bien à tous.

PAR OUMOU D.