Kabakrou : Un savon de fabrication artisanale prisé

Kabakrou : Un savon de fabrication artisanale prisé

De nombreuses femmes, à Sikensi,  par  petits groupes, font de sa confection leur activité principale.

 Koné Aminata, en pleine préparation de savon, explique que le processus de  fabrication du « Kabakrou » respecte  différentes étapes.   L’huile rouge achetée sur le marché est chauffée à blanc toute la journée dans des barriques. La nuit, on la laisse refroidir.

Traoré Fatoumata, une productrice de savon, indique que le deuxième jour est consacré à la phase de liquéfaction de la soude caustique.  Une quantité de ce produit est déversée dans une autre barrique contenant de l’eau.  « Pour un sac de 25Kg de soude, nous mesurons trois seaux d’eau d’une capacité de 6 litres chacun équivalant à 18 litres au total», précise-t-elle. A l’en croire, l’acide se dissout  dans l’eau qui entre en ébullition. Selon cette jeune dame, la solution de potasse obtenue se refroidit après  deux  jours

Traoré Abiba, une  autre femme, ajoute que le 4e jour,  les deux substances sont mélangées dans une grande cuvette. Malaxé  à l’aide d’un bâton, ce mélange se transforme en une pâte.  Avec les mains bien protégées et imbibées d’eau, les productrices forment des boules destinées, surtout, à la commercialisation. Ces boules durcissent au contact de l’air. Il y en a de différentes formes( des grosses et de petites).

Pour fabriquer ce savon, il faut 200 litres d’huile pour 100kg de soude caustique, 400 litres d’huile pour 200kg de soude, etc.  

La coloration du savon dépend du chauffage de l’huile

Ouattara Karidja qui exerce cette activité depuis de nombreuses années, explique que les savons fabriqués sont de trois couleurs : blanc, jaune poussin et jaune clair. La coloration  varie en fonction du degré et des techniques de chauffage de l’huile rouge. Plus l’huile est chauffée, plus le savon obtenu est blanc. Lorsque l’huile n’est pas portée longtemps à ébullition, le savon tire sur le jaune poussin.

Malgré cette différence de coloration, ce type de  savon est très prisé. Il est vendu, en gros et en détail, dans plusieurs villes de la Côte d’Ivoire notamment à Abidjan, et hors de nos frontières (Mali et Burkina Faso). Le prix de la grosse boule est de 200Fcfa et trois petites boules à 250Fcfa. Selon Ouattara Karidja, ce savon sert principalement à faire la vaisselle, la lessive. « Nous réalisons des bénéfices qui permettent de nous prendre en charge et nos familles », a-t-elle dit. Avant de souligner qu’il est produit en quantité suffisante aux mois de février, mars et avril en raison de l’abondance de l’huile de palme. Un bidon de 20 litres d’huile coûte 9 mille Fcfa contrairement à la période de rupture où il coûte plus cher  (12 mille Fcfa).

Des conditions de travail inappropriées

Les femmes productrices de savon Kabakrou travaillent sans véritables tenues de protection. Elles ne portent ni gant, ni masque. Toutes se servent de plastique et de longs foulards pour  protéger leur corps et leurs cheveux, lors de la préparation du produit.

Aussi, ces dernières affirment-t-elles ressentir des brûlures, au niveau du corps et des yeux, provoquées par la toxicité des intrants. Sans compter les mauvaises odeurs  pouvant leur causer des problèmes respiratoires.

Bellarmin Yao Kan

Correspondant Régional