Grève des fonctionnaires: revendications syndicales ou luttes politiciennes ?

Grève des fonctionnaires: revendications syndicales ou luttes politiciennes ?

Grève des fonctionnaires: revendications syndicales ou luttes politiciennes ?

Le 9 janvier dernier, la Plateforme nationale des organisations professionnelles du secteur public de Côte d’Ivoire et l’intersyndicale des fonctionnaires de Côte d’Ivoire, deux collectifs de syndicats ont entamé un vaste mouvement de grève, largement suivi à travers le pays. Lancé pour d’abord pour une durée de cinq (du lundi 9 au vendredi 13 janvier), le mot d’ordre d’arrêt de travail a été reconduit pour la période du 16 au 20 janvier.

En effet, dès le lancement de la deuxième semaine de grève, le gouvernement ivoirien a organisé plusieurs rencontres avec les syndicats grévistes en vue de trouver une issue favorable à la crise. D’abord, dès le premier jour de grève (lundi 16 janvier), le ministre de la Fonction publique et de la Modernisation de l’administration, Pascal Abinan Kouakou, entouré de ses collègues Kandia Camara de l’Éducation nationale et de la Formation professionnelle, Adama Koné (de l’économie et des finances), Abdourahmane Cissé (du Budget et du Portefeuille de l’État) et du Secrétaire d’état au Président de la République chargé de l’Enseignement technique et professionnel). Ensuite, la question a été discutée en Conseil de gouvernement le lendemain (mardi 17 janvier) avant d’être examinée en Conseil des ministres sous la direction du Président de la République, le mercredi 18 janvier 2017.


Au titre des revendications

Les deux confédérations de syndicats entrées en grève revendiquent:

- le retrait de certaines dispositions de l’ordonnance N°2012-303 du 04 avril 2012 portant organisation du régime des pensions de retraite géré par la Caisse générale de retraite des agents de l’État (Cgrae),

- le paiement du stock des arriérés liés aux mesures actées par le gouvernement en 2009 estimé à 249,600 milliards de Fcfa,

- la revalorisation indiciaire de 150 points pour les emplois ne bénéficiant pas d’une grille particulière estimée à 21 milliards de Fcfa,

- l’intégration des agents journaliers du secteur public à la fonction publique,

- le respect de la liberté syndicale demande le prélèvement à la source des cotisations pour le compte des syndicats et la mutation des responsables syndicaux,

- la suppression de l’impôt sur les traitements et salaires, et la contribution nationale.

Il faut noter que d’autres organisations syndicales notamment la coordination des syndicats de la Fonction publique (Cosifop), le Syndicat nationale des enseignants du primaire public de Côte d’ivoire (Synepp Ci) et la Coordination des syndicats du ministère du Budget et du ministère de l’économie et des Finances (Cosimef Ci) ont aussi saisie le gouvernement sur des préoccupations similaires.


Au titre des actions entreprises par le gouvernement

- l’organisation d’un pré-atelier les 21 et 22 décembre 2016, pour recueillir les propositions et recommandations des syndicats avec la participation du ministère de la Fonction publique, l’Ips Cgrae et les différentes organisations syndicales,

- Une rencontre de conciliation organisée par le ministre de la Fonction publique et de la Modernisation de l’administration avec les principaux responsables syndicaux, le 5 janvier 2017,

- Une seconde rencontre de négociations entre le gouvernement représenté par quatre ministres et les responsables syndicaux, le 16 janvier 2017,

- des échanges en Conseil de gouvernement puis en Conseil des ministres, au cours desquelles les propositions adoptées ont été améliorées lors des séances de travail des jeudi 19 et vendredi 20 janvier présidées respectivement par le ministre de la Fonction publique et le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly.

Les mesures arrêtées de commun accord les parties se sont accordées sur la modification du régime de pension géré par la Cgrae à travers :

- le rétablissement du capital décès correspondant à 12 mois de salaires payés aux

ayants droit,

- le rétablissement des allocations familiales,

- le rétablissement de la majoration pour familles nombreuses avec la prise en compte d’un nombre maximal d’enfants de 16 à 21 ans,

- la jouissance immédiate de la pension de réversion pour le conjoint survivant, sans condition. L’intégration des agents journaliers du secteur public à la Fonction publique.

Cette intégration avait déjà été décidée et mise en œuvre par l’état avec 1000 agents recrutés par voie de concours extraordinaires. En ce qui concerne les 1800 journaliers restants, ils seront intégrés en 2017 et 2018. Le respect des libertés syndicales. Sur ce point, le gouvernement a marqué son accord pour le précompte à la source des cotisations en faveur des organisations syndicales.


(À suivre dans notre édition du 26 janvier)

SAMOU KALILOU
JOURNALISTE BLOGGEUR, SOCIAL MANAGER
samoukalilou@gmail.com