Émergence, industrialisation et développement durable

Émergence, industrialisation et développement durable

Émergence, industrialisation et développement durable

Selon la croyance conventionnelle partagée par de nombreux économistes, la prospérité a persisté dans les économies qui ont connu une industrialisation précoce. En l’occurrence, le développement industriel est un catalyseur pour la croissance économique, dans la mesure où il aurait un effet persistant sur la prospérité économique. On assiste actuellement dans les pays en voie de développement à un passage de politiques statiques d'industrialisation à des politiques dynamiques, flexibles et compétitives, basées sur les sciences et les technologies.

Ces nouvelles politiques, via leurs instruments, ont un rôle à jouer afin d'amorcer un processus de convergence économique vers les pays développés. Elles diffèrent d'un pays à un autre et les instruments utilisés se doivent de prendre en compte plusieurs facteurs tels que le multilatéralisme, la globalisation financière et l'émergence des chaînes de valeurs.

Actuellement l'un des défis essentiels pour les pays en voie de développement est l'émancipation d'une industrie compétitive basée sur le transfert de technologies via l'implantation d'un système national d'innovation performant. Les pays en voie de développement (Pvd) ont appliqué depuis les années soixante des politiques industrielles dont l'objectif initial était le développement via l'industrialisation.

Dans le contexte actuel, où les économies industrialisées s'efforcent de conserver leur avance en termes de technologie et d'innovation, et où les économies émergentes cherchent à rattraper leur retard, les économies moins développées ont donc initié des politiques visant à promouvoir l'industrialisation. Ainsi, compte tenu de ces mutations, il est très vite apparu comme nécessaire de se demander si ces politiques d'innovations s'appuyant sur les technologies, les sciences et l'industrie pouvaient engendrer des perspectives de développement pour les Pvd ?

Jamais les appels en faveur de l’industrialisation de l’Afrique ne se sont faits aussi pressants qu’aujourd’hui. C’est sans nul doute le sujet le plus débattu du continent. Pourquoi aucune initiative n’est jusqu’alors parvenue à faire bouger les lignes de cet indicateur important du développement ?

Reconnue pour créer de la prospérité, des emplois et une augmentation des revenus, l’industrialisation est une promesse de campagne qui s’étend à tout le continent africain. Pourtant, l’Afrique est aujourd’hui moins industrialisée qu’elle ne l’était il y a 40 ans. La contribution du secteur manufacturier à la croissance du Pib a en fait reculé, passant de 12% en 1980 à 11% en 2013, et stagne depuis, selon la Commission économique pour l’Afrique des Nations Unies (Cea).

Le groupe de recherche britannique ‘’The Economist Intelligence Unit ‘’, estime que l’Afrique représentait plus de 3% de l’industrie manufacturière mondiale dans les années 1970. Depuis, ce pourcentage a diminué de moitié et cette tendance risque de se poursuivre tout au long de la décennie. Les prix élevés des matières premières dus à l’appétit apparemment insatiable de la Chine pour les ressources naturelles, ont alimenté une croissance économique rapide en Afrique depuis les années 1990.

Nombreux sont ceux qui croyaient que cet élan allait relancer une industrie manufacturière sur le déclin. Pourtant, au grand dam des analystes, ce n’est pas ce qui se produisit. Au lieu de capitaliser sur cette croissance pour stimuler ou bâtir leurs industries, les pays africains, à quelques exceptions près, ont dilapidé leurs revenus dans des dépenses improductives. C’est ainsi que le Ghana et la Zambie ont résolu leurs problèmes à court terme notamment en augmentant le salaire des fonctionnaires.

Aujourd'hui, le défi pour les pays en voie développement est donc de mettre sur pied une industrie compétitive nécessitant des actions étatiques appropriées, favorisant un meilleur transfert des technologies, basées sur l'implantation d'un système national d'innovation performant, permettant le passage d'un système de suivi et d'imitation à un système d'innovation.

Lors d’un discours au débat général de l’Assemblée générale des Nations Unies prononcé en septembre 2016, le Président de l’Afrique du Sud, Jacob Zuma, a plaidé pour l’industrialisation du continent africain, estimant que c’était la clé du développement, selon un communiqué de l’Onu. Pour lui, les flux financiers illicites privent les pays en développement des ressources économiques nécessaires pour dynamiser leurs économies afin de fournir des services de base, construire des infrastructures, fournir des soins de santé et un accès à une éducation et des services sociaux abordables et de qualité.

Ces flux financiers illicites sont estimés à environ 50 milliards de dollars par an, a précisé le Président sud-africain. Ainsi, l’Afrique et les Pays les moins avancés (Pma), qui ont été laissés de côté lors des précédents processus d’industrialisation, ne doivent pas être exclus de la nouvelle révolution industrielle.

En somme, l’industrialisation est la clé du développement et de la prospérité de l’Afrique. L’industrialisation de l’Afrique contribuera à l’éradication de la pauvreté, à la réduction des inégalités et du chômage, et contribuera aussi de manière positive à la croissance et à la prospérité mondiales.

PAR MORY BAMBA DE KARAMOKO
JOURNALISTE À RADIO ALBAYANE