Attaque Terroriste: Le Niger dans la tourmente

Le site d'Areva au Niger
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Attaque Terroriste: Le Niger dans la tourmente

Attaque Terroriste: Le Niger dans la tourmente


D'où venaient-ils ? Qui sont-ils ? Que veulent-ils ? Et quand tout cela prendra-t-il fin ? Telles sont les redoutables et angoissantes questions auxquelles, chaque citoyen nigérien tente, depuis deux jours, d'apporter des réponses rationnelles.

Une fois de plus, dans la nuit du 11 juin, des terroristes, bien renseignés et déterminés ont attaqué à Niamey, un camp de gendarmerie. Et, selon les autorités nigériennes, on ne déplore aucune victime, ni du côté des forces de la gendarmerie, ni du côté des terroristes. Au moment où les attaques terroristes d'Agadez et d'Arlit continuent de hanter la conscience du peuple nigérien, l'Etat nigérien découvre, à l'instar d'autres Etats de l'Afrique subsaharienne, qu'il n'est décidément pas bien préparé pour affronter, avec une efficacité totale, ces modes opératoires des groupes terroristes. Car le terrorisme auquel le Niger fait face, se fonde sur une exploitation subversive des vulnérabilités de l'adversaire. Il ne sert à rien de le nier, les groupes terroristes ont réussi à infiltrer les sociétés africaines depuis belle lurette, à travers des groupes dits religieux, culturels, ethniques ou à vocation économique. A cela, il faut ajouter le fait que, dans la plupart de nos sociétés, les processus de contrôle humain sont extrêmement faibles. On appelle tout cela, « le vide stratégique », que Philippe Baumard pose en ces termes : « un vide stratégique est une situation où les modèles et les idéologies sont incapables d'expliquer, de prédire et de comprendre une situation ». Or, nous le savons bien, l'absence d'explication d'un phénomène, de surcroît social et violent, engendre souvent dans l'opinion, la frustration, puis la colère et le dépit.

Des nihilistes barbares

Cela dit, si d'un point de vue intellectuel, réflexif, l'on peut tenter de « comprendre » le terrorisme, d'un point de vue moral et ethnique, il ne faut jamais le justifier, encore moins l'excuser. Car l'attitude des terroristes elle-même, n'est ni morale, ni ethnique, mais totalement délirante. Leur doctrine et leurs actes sont démoniaques. C'est pourquoi tous ceux qui tentent de donner une explication rationnelle à ce phénomène inédit, ont très vite affaire à un véritable casse-tête. Certes, réfléchir sur le terrorisme reste une mesure de précaution contre la paresse morale.

Mais il se trouve que nous nous trouvons face à des nihilistes barbares qui refusent tout sentiment, toute notion d'humanité partagée. En d'autres termes, des gens qui ignorent toute moralité humaine, laquelle se fonde sur le fait de traiter les humains comme des humains. C'est pourquoi la guerre contre le terrorisme, n'est pas une guerre normale. C'est une guerre contre une nouvelle forme de mal radical. Cela dit, à la différence de l'hitlérisme, une victoire totale sur le terrorisme djihadiste, est presque impossible. Pour autant, nos Etats doivent-ils capituler ? Evidemment non. Sinon, il s'agirait d'un pacte avec le mal radical et une offense ouverte à la dignité humaine. Le vide sécuritaire que semble vivre l'Etat nigérien, face au terrorisme, n'est pas une fatalité ; au contraire, c'est un élément stimulant et agissant.

Victime d'une sorte de malédiction géographique

En matière stratégique, les experts indiquent que le vide est souvent synonyme de reprise en main. Et la meilleure stratégie reste avant tout un acte de détermination. Au Niger, les terroristes veulent empêcher le président Issoufou de gouverner un Etat démocratique, de le rendre stable, ce qui ferait fuir tous les investisseurs étrangers actuels, potentiels et futurs du pays. On ne le rappellera jamais assez, le Niger est victime d'une sorte de malédiction géographique. Le pays est vaste, entouré de voisins tels que le Mali, le Nigeria et la Libye, trois Etats en proie à des situations d'anarchie et de chaos internes. Or, le terrorisme djihadiste ignore toute notion de frontières. Quand un Etat s'effondre, ses frontières suivent. Pourtant, le but de tout Etat est de préserver sa sécurité nationale, et seule la puissance étatique garantit l'ordre social. Cela dit, en matière sécuritaire, l'invulnérabilité totale est difficile à atteindre. Mais pour le Niger, pour le président Issoufou, la défense du territoire commence déjà à la maison. Les terroristes veulent, et renverser l'Etat, et renverser la société. C'est pourquoi, face à cette nouvelle donne, Issoufou doit faire de la politique sérieusement, surtout que la démocratie impose la définition d'une communauté politique. Au fil des attaques terroristes, les Nigériens ont appris à vivre avec ce risque démoniaque. Un des enjeux majeurs de ce combat reste la paix civile intérieure du pays.

Modes opératoires prisés par le MUJAO et Boko Haram

Mais les autorités nigériennes doivent prendre très rapidement des mesures sécuritaires pour renforcer la protection de tous les sites sensibles du pays, à commencer par les bâtiments et édifices publics. Même si elles n'ont pas encore été revendiquées, ces attaques terroristes nous renvoient aux modes opératoires prisés par le MUJAO, et surtout par la secte islamiste Boko Haram. Désormais, il ne s'agit plus pour ces groupes de s'en prendre exclusivement aux intérêts vitaux des Occidentaux. Ce qui est sûr et certain, cette attaque ne sera pas la dernière. Le Niger vit donc en pleine tourmente terroriste, et il faut l'aider à arrêter une telle descente aux enfers. En attendant, ce serait une erreur fatale de jugement politique et une faute morale de la part des autorités nigériennes, face à l'exigence de solidarité, de penser qu'elles peuvent exploiter ici, les failles et faiblesses de tel ou tel Etat voisin. Car dans ce combat contre le terrorisme djihadiste, il faut penser et agir dialectiquement, en combinant avec efficacité, l'interne et l'externe. La victoire est à ce prix.

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